La physique mathématique appartient-elle à la philosophie de la nature?
Publié le 29/03/2022
Extrait du document
«
Partons d’un point commun que tout le monde s’accorde à reconnaître entre physique mathématique et
philosophie de la nature : elles cherchent à définir le réel.
Mais La physique mathématique en perpétuel progrès
et si avancée dans sa technique et ses recherches pourrait-elle n’être qu’une partie de la philosophie de la nature,
lui appartenant et de ce fait en dépendant ?
Saint Thomas nous explique que “quaecumque scientiae considerant eadem subjecta, vel sunt eadem, vel una est
pars alterius.” Si elles ont le même sujet, ces deux sciences ont-elles le même mode de définition ? Car Saint
Thomas dit encore « necesse est secundum diversum definitionis modum scientias diversificari ».
Il faut donc,
tout au début, signaler la matière et le sujet de chacune de ces sciences.
La question « la physique mathématique appartient-elle à la philosophie de la nature ? », apparemment complexe,
soulève des enjeux très concrets.
Si jamais, en effet, la physique mathématique et la philosophie de la nature ne
sont pas unies, la première « tombe, s’arrête ou vogue à l’aventure » et l’autre « monte à perte de vue et s’égare
dans les nuages » nous prévient Claude Bernard.
Il en va de la légitimité même de l’étude philosophique de la
nature et du sens de la physique mathématique.
Autrement dit, selon le texte de Claude Bernard, la tension semblerait être la suivante : La philosophie, tendant
sans cesse à s’élever, fait remonter la science vers la cause ou la source des choses.
Et ainsi montre aussi à la
science ses limites.
Cette union solide de la science et de la philosophie est utile aux deux, elle élève l’une et
contient l’autre.
Mais il semblerait que la science peut se passer de la philosophie pour faire ses découvertes
alors que la philosophie ne peut pas se passer des découvertes de la science.
Et la philosophie pourrait même
empêcher la science si elle la précédait.
Ignorer la philosophie est essentiel pour commencer la science dans les
laboratoires semble montrer Claude Bernard.
Il faut attendre une parfaite maîtrise de la science et une certaine
maturité pour enfin pouvoir philosopher et résoudre les problèmes de la nature.
Nous traiterons cette question en montrant dans un premier temps l’ambiguïté du sujet commun de nos deux
sciences par rapport à leurs objets et comment ce sujet est lié à l’idée de nature ; puis nous verrons que l’étude du
mode d’abstraction de l’intellect permet de distinguer clairement l’objet respectif de chaque science et la
pertinence de leur appartenance.
Il paraît évident aujourd’hui que la physique est mathématique.
Que ce soit en physique newtonienne, en
physique quantique ou à propos de la relativité, l’usage des mathématiques paraît essentiel à la définition de toute
loi physique.
Il n’y a qu’à regarder le programme des prépas de nos futurs ingénieurs et physiciens : les
mathématiques sont omniprésentes.
Les mathématiques peuvent paraître à premier abord comme un simple outil
de la physique, ou comme dirait Einstein un « appareil » qui permet de voir et comprendre le mouvement des
êtres sensibles.
Le sujet de la physique mathématique n’est pas celui des mathématiques pures, mais la physique
utilise les principes mathématiques pour comprendre le mouvement des objets naturels.
On repère aisément ce
sujet dans le texte d’Einstein sur la notion de temps : il s’agit bien d’étudier « que la foudre ait frappé la voie de
notre chemin de fer en deux points ».
La physique mathématique est avant tout une science expérimentale, elle
part de l’expérience et cherche à définir le réel grâce à l’outil que lui donne les mathématiques.
« Omnis scientia
1.
»
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