La philosophie prémunit-elle contre l'illusion ?

« Termes du sujet: PHILOSOPHIE La philosophie, selon Pythagore, auquel remonte le mot, ce n'est pas la sophia elle-même, science et sagesse à la fois, c'est seulement le désir, la recherche, l'amour (philo) de cette sophia.

Seul le fanatique ou l'ignorance se veut propriétaire d'une certitude.

Le philosophe est seulement le pèlerin de la vérité.

Aujourd'hui, où la science constitue tout notre savoir et la technique, tout notre pouvoir, la philosophie apparaît comme une discipline réflexive.

A partir du savoir scientifique, la visée philosophique se révèle comme réflexion critique sur les fondements de ce savoir.

A partir du pouvoir technique, la sagesse, au sens moderne se présente comme une réflexion critique sur les conditions de ce pouvoir. ILLUSION: 1) Toute erreur provenant de l'apparence trompeuse des choses (illusions perceptives). 2) Croyance ou opinion fausse abusant l'esprit par son caractère séduisant et le plus souvent fondée sur la réalisation d'un désir (Cf.

l'analyse de Freud concernant la religion).

Contrairement à l'erreur, qui peut être corrigée, l'illusion survit à sa réfutation. A une époque où la mécanisation devient de plus en plus poussée, où la violence se multiplie chaque jour davantage, où la division du travail prend de plus en plus d'importance, où la publicité devient de plus en plus agressive, sommes-nous encore à l'abri de tous ces charlatans, de tous ces gens qui nous prédisent le bonheur, la fortune, la paix, pouvons-nous vraiment nous libérer de cet enfer, de cette dégradation permanente de notre intelligence? La philosophie permet-elle de nous protéger, est-elle un remède contre les dangers de notre société, devient-elle indispensable à notre époque, nous permet-elle de porter un regard neuf sur la société? Autant de questions qui demandent une réflexion approfondie car « le jeu en vaut la chandelle ». Une question telle que « la philosophie prémunit-elle contre l'illusion? » n'obtient pas une réponse en quelques mots. Il est bon de savoir quel rôle joue aujourd'hui la philosophie dans une société et quels sont les avantages qui en découlent.

Le philosophe n'est pas plus penseur qu'un autre homme, tous les êtres pensent et leurs pensées accompagnent sans cesse leur acte, leur recherche.

Mais la philosophie a ceci de différent : c'est une pensée au second degré, c'est la pensée des pensées humaines.

La philosophie n'est pas créatrice, il lui faut un donné, une matière sur laquelle réfléchir.

La philosophie est une réflexion et la sagesse est la conséquence de cette réflexion. La philosophie aura donc pour but d'atteindre la sagesse.

Au départ de la réflexion nous pouvons poser l'étonnement : le philosophe sera celui qui se donnera le ridicule de s'étonner des choses concrètes et habituelles, d'où la citation de Jankélévitch : «philosopher c'est se comporter vis-à-vis de l'univers comme si rien n'allait de soi ».

Le philosophe se sert du doute (le doute n'implique-t-il pas l'existence de la pensée?) pour arriver à une certitude.

La philosophie est un retour de l'esprit sur lui-même mettant en cause les connaissances qu'il possède. Le doute, l'étonnement, toutes expériences permettant d'arriver à une réflexion philosophique. Nous arrivons maintenant au coeur du problème : nous permet-elle de nous prémunir contre l'illusion? La philosophie est l'occasion d'aborder en profondeur une réflexion sur les problèmes humains, sur la nature, sur les sciences.

En cultivant un certain doute, une certaine ironie et un minimum d'humour, la philosophie permet aux jeunes qui s'y adonnent de ne pas être dupes de tous les marchands d'illusions sécrétés par notre société.

Elle nous permet de ne pas être le mouton de Panurge qui suit aveuglément tous les mots d'ordre et toutes les modes.

La philosophie nous permet de porter un regard neuf sur la société, de prendre du recul pour observer les choses quotidiennes de la vie, de se maîtriser soi-même et de gagner une certaine autonomie intellectuelle.

Si tout à l'heure on avait les moyens d'arriver à une réflexion philosophique, il fallait arriver à la réflexion proprement dite.

Qu'est-ce que réfléchir : c'est s'entraîner à apprendre et c'est au contact de ceux qui réfléchissent et de ceux qui ont réfléchi (la philosophie n'est-elle pas le laboratoire de l'histoire?) que l'on parviendra à réfléchir.

Ou, pour citer Bachelard, nous pourrions ajouter : « réfléchir c'est comprendre que l'on n'avait pas compris ».

En réfléchissant, on atteindra du même coup la liberté, une certaine autonomie intellectuelle.

La liberté ne s'acquerra que si l'on parvient à réfléchir tout en restant maître de soi.

Pour terminer ce chapitre sur les moyens d'arriver à une réflexion et sur les avantages de la philosophie, je citerai Hegel qui disait au sujet de la philosophie : « C'est la culture d'une époque prenant conscience d'elle-même.

». »