La philosophie peut-elle se passer de la vérité ?
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«
Doit-on voir la philosophie comme une recherche de la vérité ? Si oui, peut-on imaginer qu'elle y parviendra, si non, doit-on
alors expulser toute idée de vérité de la pratique de la philosophie ? Comment comprendre l'idée de vérité traitée en
philosophie ? Est-ce La Vérité en tant que Connaissance absolue, éternelle ou des vérités relatives à une époque ou à
une façon de considérer les choses ? Afin de déterminer si oui ou non la philosophie peut se passer de cette idée, il faut
tout d'abord savoir en quoi consiste cette idée puis ce qu'elle apporte à la philosophie.
En est-elle un simple élément ou
une fin en soi ?
I)
A)
L'idée de vérité en philosophie
Platon décrit deux mondes différents : celui des choses sensibles, dans lequel nous vivons et celui de l'intelligible
ou des Idées, lieu du Vrai en soi.
La Vérité n'est donc pas accessible dans notre monde sensible, mais notre âme,
au moment de la mort peut saisir les Idées du monde intelligible.
La philosophie permet, selon Platon, d'approcher
cette vérité, puisqu'il décrit le philosophe comme celui qui est sorti de la caverne et a eu un contact avec le vrai.
[Cf.
« Allégorie de la Caverne » in La République, Platon.]
À travers une scène de fiction, Platon décrit par métaphore la réalité.
Il s'agit de
dire que les hommes ordinaires vivent dans un monde d'illusions (comme les
personnages du film Matrix): cette illusion c'est celle des sens qui nous
donnent une fausse image du réel, laquelle débouche sur des opinions qui
sont à la fois mal fondées et changeantes.
De là des croyances qui
engendrent en nous des sentiments de peur ou de désir qui nous
empêchent d'atteindre la sérénité.
À ce monde sensible fait d'illusions et de
passions, Platon oppose un monde intelligible, le monde des Idées, qui est
éternel et immuable, et qui est le monde véritable.
Le monde des Idées est
au monde sensible comme le monde extérieur est au monde intérieur à la
caverne.
La philosophie, c'est-à-dire l'effort de réflexion rationnelle pour
percevoir la réalité à travers les apparences changeantes, est le chemin qui
permet de sortir de la caverne et de découvrir le monde vrai.
B)
Le philosophe, retourne ensuite dans la caverne et tente d'expliquer aux
autres ce qu'il a vu, ce qui est le vrai.
Or les autres ne le croient pas.
Pour
eux, ce qu'ils voient est le monde réel.
Doit-on en déduire qu'il est difficile de
croire en La Vérité et que chacun aurait alors sa vérité ? Ceci nous
conduirait au relativisme, c'est-à-dire à cette doctrine pour laquelle chacun
est détenteur de sa propre vérité, chacun croit en ce qu'il veut croire.
Or, comment alors penser la science, la loi, la
morale ?
C)
Pour Descartes, l'idée de vérité n'est pas celle d'un absolu qui existerait et qu'il s'agirait d'atteindre.
Pour lui, il
s'agit de se questionner sur la réalité du monde qui nous entoure ainsi que sur son adéquation avec ce que nous
en ressentons.
Le monde sensible a-t-il une réalité ? Ce que j'en connais est-il vrai ? Selon lui, ce que nous en
connaissons est vrai, puisque Dieu n'est pas un malin génie et ne nous trompe donc pas en nous montrant le
monde.
[Descartes, Méditations métaphysiques]
II)
La vérité comme fin de la philosophie ?
A)
Doit-on penser la philosophie comme une quête de la vérité ? La vérité serait alors la fin de cette discipline et lui
serait par conséquent indispensable.
Chacun des dialogues de Platon pose pour fin la Vérité.
Les interlocuteurs, en
effet, cherchent à parvenir à un accord sur une question en abandonnant petit à petit leurs préjugés.
Les opinions
de chacun se frottent, se mêlent, pour parvenir au moins à se rapprocher du vrai.
Or comme nous l'avons vu
précédemment, seule l'âme peut parvenir à La Vérité.
Ne doit-on pas alors penser que celle-ci est inaccessible et la
rejeter alors de la philosophie ?
B)
Pour les sceptiques, la vérité est inaccessible à l'homme, qu'elle existe ou non.
Il est d'ailleurs impossible de se
prononcer sur ce problème, puisque dire qu'il n'y a pas de vérité reviendrait à vouloir en énoncer une.
Les
sceptiques ne rejette pas la recherche philosophique mais refuse de l'interrompre sous prétexte que l'on aurait
atteint la Vérité.
L'idée de vérité, bien que semblant absente de leur philosophie permet en fait de lui donner tout
son sens.
En effet, c'est sur le rejet de cette idée qu'est construit le courant sceptique.
III)
A)
L'Idée de vérité comme idéal régulateur ?
Pour les sceptiques, la recherche philosophique ne peut consister en la seule recherche de la vérité, puisque nous
ne savons pas si celle-ci est effective ou non.
Or ne peut-on pas voir l'idée de Vérité comme quelque chose qui
dirige les investigations philosophiques, un horizon de connaissance que nous n'atteindrons peut-être jamais ?
Dans ce cas, alors, l'idée de vérité est indispensable à la philosophie, puisqu'elle en est l'idéal régulateur, ce à quoi
elle doit tendre.
B)
Nous pouvons ici comparer la philosophie à toute science.
En effet, dans chaque discipline scientifique, la
découverte de la vérité est fixée comme un but à atteindre.
Ce qui compte, ce n'est pas d'atteindre ce but, mais de
faire des hypothèses et des expériences qui aillent toujours dans son sens.
L'idée de vérité doit donc être
présence dans le sens où elle oriente la recherche.
Il semblerait qu'il en soit de même en philosophie..
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