La philosophie est la science qui met fin au règne des certitudes ?
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Analyse du sujet :
Philosophie : Vient du grec philos qui veut dire ami, et sophia, qui signifie sagesse.
La philosophie est donc la
discipline de celui qui est « ami de la sagesse », mais la notion antique de « sagesse » est ambiguë.
Elle renvoie à la
fois à une connaissance de la vérité ainsi qu'à l'idée d'une pratique morale.
Il en découle deux interprétations qui
peuvent être concurrentes ou bien se retrouver : la première considère que la philosophie est la science suprême qui
doit couronner les autres sciences ; la deuxième pense la philosophie sur le mode de la recherche morale, comme un
apprentissage de la vertu, comme une interrogation éthique questionnant notre destination véritable.
Toutefois,
dans les deux cas, la philosophie prend appui sur la raison et cette faculté constitue l'outil privilégié de la démarche
philosophique.
Il n'existe en effet pas de philosophie en dehors du discours rationnel.
Sciences : On utilise généralement le terme « science » pour désigner un certain type de savoir.
Science vient
d'ailleurs du latin scientia, qui est lui-même un dérivé de scire, « savoir ».
Pour les anciens Grecs, la science
constitue un savoir supérieur, une connaissance éminente qui a deux caractéristiques principales : elle porte sur
l'universel car elle s'oppose aux opinions particulières et elle est purement théorique car elle diffère du savoir-faire
pratique.
Ils considéraient par ailleurs que la philosophie était la science suprême.
Depuis l'époque moderne
cependant, le modèle exemplaire de la science est plutôt celui d'une connaissance scientifique positive, basée sur la
méthodologie de la science expérimentale.
C'est-à-dire une science qui repose sur des critères précis de vérification
permettant une objectivité des résultats.
Certitude : La certitude, dans un premier sens, renvoie au caractère de ce qui est certain.
Dans une telle
acception, avoir la certitude de quelque chose, c'est en avoir une connaissance certaine, en appréhender la vérité
même.
Dans un second sens, la certitude consiste dans la conviction d'avoir la vérité de quelque chose.
Il s'agit
alors plus d'un sentiment que d'un rapport à l'objet concerné.
Dès lors, avoir la certitude de quelque chose, c'est en
être persuadé.
Mais ce second sens admet l'hypothèse de l'erreur, car on peut être persuadé à tort.
Dans un tel
cas, la certitude renvoie plutôt à quelque chose de négatif : est certain celui qui croit de manière butée que son
opinion est la bonne, sans accepter de la discuter.
Problématisation :
Imaginer que la philosophie n'ait pour tâche que de mettre fin au règne des certitudes n'impliquerait-il pas
d'accepter l'hypothèse selon laquelle le rôle de la philosophie ne serait que négatif ? La philosophie ne ferait alors
rien d'autre que défaire ce que d'autres sciences s'évertuent à faire.
Or, la philosophie n'a-t-elle pas plus important
à faire que de « gêner » le progrès de ses comparses ? On pourrait concevoir que le rôle de la philosophie soit
justement de fournir des certitudes, d'apporter des postulats véraces sur lesquels les autres sciences pourraient
s'appuyer.
D'un autre côté, on pourrait penser que « mettre fin au règne des certitudes » est le réquisit
indispensable à l'avancée des sciences.
Ne risque-t-on pas effectivement de perdre la sagesse en restant campé
sur ses certitudes ?
Proposition de plan :
1.
La philosophie est la science suprême.
a) Il ne faut pas omettre de souligner le lien étroit qui existe entre science et philosophie.
En effet, jusqu'au XVIIIe
siècle, « philosophie » est synonyme de « science » et « philosophe » de « savant ».
Ainsi les Grecs considéraientils que la philosophie était la science suprême, celle qui pouvait atteindre la connaissance de l'absolu.
b) Par ailleurs, une science se caractérise par le fait qu'elle se meut dans la sphère de l'universel, qu'elle est
démonstrative et qu'elle renvoie à la certitude logique de la nécessité, contrairement à l'expérience et à la
perception.
Aristote écrit ainsi que « la science et son objet diffèrent de l'opinion et de son objet, en ce que la
science est universelle et procède par des propositions nécessaires, et que le nécessaire ne peut pas être
autrement qu'il n'est » (Seconds analytiques, I, 33, 88b30-32).
Aussi, on peut affirmer que la science procure à
l'homme des connaissances certaines et indubitables.
c) Si donc, science et philosophie sont synonymes, si la philosophie est la science suprême et que la science nous
fournit des certitudes, on pourrait en déduire que la philosophie, plutôt que de « mettre fin au règne des
certitudes » serait la science qui, plus que toute autre, fournirait les certitudes fondamentales aux autres sciences.
Aristote dit de la métaphysique, cette science qu'il appelle « la philosophie première » qu'elle est « la science la plus
élevée, et qui est supérieure à toute science subordonnée » (Métaphysique A 2, 982b5).
Cette description de la
philosophie première nous incline à penser que son objectif est de fournir des certitudes sur lesquelles fonder les
autres sciences.
Transition : Toutefois, cette définition de la philosophie repose sur un postulat : celui de la toute-puissance de la
raison.
Ce postulat n'est-il pas régulièrement mis en question par les philosophes eux-mêmes ?
2.
La philosophie constate la faiblesse de la raison.
a) Le philosophe Pascal nous rappelle en effet que le pari de la raison semble un pari bien risqué.
La raison dispose
bien de nombreuses nécessités qu'elle peut parcourir, mais même en faisant cela, elle reste formelle et vide, comme
les mathématiques.
La raison ne peut même pas se fournir ses propres principes, qui viennent du « cœur » (de.
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