La philosophie est-elle libératrice ?
Extrait du document
«
Introduction :
La philosophie est une discipline de la raison, ou plus exactement l'exercice de la raison.
Elle est l'usage en
acte de notre entendement.
La liberté quant à elle exprime l'autonomie de la volonté et son indépendance, ainsi que
l'usage pour soi et proprement de son entendement.
Mais autonomie et indépendance par rapport à quoi ? Il semble
bien que ce soit là l'un des topoï de la philosophie c'est-à-dire d'une lutte contre la servitude notamment des
passions, de l'illusion, du corps etc.
bref de la puissance du désir et de l'erreur.
La servitude est une soumission, une
dépendance à quelque chose ou quelqu'un.
L'objet de la servitude a sur nous la fonction d'un dominant tandis que le
philosophe serait alors dominé par cet objet.
Or la philosophie peut se définir comme la recherche de la sagesse, de
la vérité et réclame alors une indépendance de la pensée : une autonomie de la volonté.
Le problème est donc celui
de la valeur opératoire de la philosophie à l'aune d'une libération du sujet face aux servitudes.
Ainsi si la philosophe
essaie de se libérer de la servitude du corps donc des affects et des désirs, la philosophie serait donc un
pharmacon : un remède à la servitude, un moyen de nous libérer, mais comme l'indique le terme même de
pharmacon, ne serait-ce pas alors développer une servitude encore plus profonde et plus tenace ; une servitude du
corps faible sur le fort, de la volonté de néant sur la vie.
Nous aurions alors encore de nouveaux objets de servitude
.
Dès lors se posera la question de la possibilité même d'une libération de la servitude par la philosophie ; et c'est
pourquoi se pose la question : « la philosophie est-elle libératrice ? »
Ainsi, c'est en considérant la philosophie comme un exercice ascétique, dont la méditation serait le
paradigme, qu'elle pourrait être libératrice (1ère partie), mais cet ascétisme ne serait-il pas à son tour objet de
servitude au lieu d'être une libération (2nd partie) ? Dès lors il faudra s'interroger sur la valeur et la fécondité
cognitive et libératrice de la philosophie (3ème partie).
I – L'ascèse philosophique
a) La philosophie notamment en tant que discipline critique semble avoir la
capacité de nous libérer de nos croyances comme le remarque Kant dans la
Critique de la raison pure, dans la “Discipline”.
La philosophie par sa pratique
nous enseigne à nous défaire de l'illusion, de l'erreur et de la croyance qui
sont des causes de servitude ; et c'est en ce sens que la philosophie est une
lutte contre l'ignorance.
En effet, la philosophie nous permet de nous éloigner
de ce que Kant appelle dans la Logique « l'ignorance vulgaire », c'est-à-dire
l'ignorance vulgaire est de celle : « celui qui est ignorant sans apercevoir les
raisons des limites de l'ignorance et sans s'en inquiéter, est ignorant de façon
non-savante ».
Ainsi en tant que recherche des causes et mouvement
critique, la philosophie nous éloigne aussi du dogmatisme, ou des méandres de
la métaphysique, qui sont sources de servitudes.
b) Mais bien plus, si la philosophie peut apparaître libératrice au sens le plus
courant, c'est bien parce qu'en temps que méditation elle est libératrice de la
puissance du désirs, des passions et des affects.
C'est-à-dire que la
philosophie en tant que pratique ascétique opère la libération de la volonté,
c'est-à-dire lui accorde son autonomie et son indépendance, contrairement à
l'hétéronomie source de servitude comme on peut le voir dans la Fondation de
la Métaphysique des Mœurs de Kant.
La philosophie nous libère donc aussi de
la servitude du corps c'est-à-dire procède à la libération de l'esprit.
c) Néanmoins, si l'ascèse philosophique nous libère, il n'en reste pas moins
que cette libération est limitée et jamais infinie : une libération totale simple impossible et c'est pour cela que la
figure du sage est une Idée de la raison, c'est-à-dire d'un usage régulateur pour l'entendement, comme idéal à
atteindre, signe de perfection.
Et c'est bien ce sens aussi que la philosophie doit reconnaître sa limite puisqu'elle ne
peut libérer l'esprit humain de toutes ses erreurs ou servitudes et c'est bien en ce sens qu'existe une ignorance
scientifique comme le développe Kant dans sa Logique, c'est-à-dire une ignorance savante qui sait qu'elle ne sait
pas reprenant ainsi l'aveu d'ignorance socratique du : « je sais que je sais rien ».
Dire le contraire, ou croire que la
philosophie pourrait produire une libération complète, c'est-à-dire nous amener à un stade divin de connaissance
serait une nouvelle servitude.
Et il faut ailleurs remarquer comme le fait Kant dans la Critique de la raison pure que
la production d'illusion est naturelle à la raison et c'est pour cela qu'il faut sans cesse faire acte de philosophe pour
accéder à la vérité.
Transition :
Ainsi la philosophie notamment dans sa pratique ascétique semble nous assurer une libération des passions, de la
puissance du désir, de l'erreur et de l'illusion, bref de nos servitudes c'est-à-dire produit l'autonomie et
l'indépendance de la volonté et de l'entendement.
Cependant, cet acte de libération n'est pas en soi définitif mais
sans cesse à refaire pour accéder à la vérité.
Mais cette quête de vérité et le mouvement ascétique de la pensée
ne sont-ils pas plutôt servitude que liberté ?
II – Philosophie & servitude
a) En effet, si la philosophie peut apparaître comme libératrice c'est notamment en passant par le primat de la.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Platon: La philosophie est-elle libératrice ?
- MÉTHODOLOGIE DU COMMENTAIRE DE PHILOSOPHIE
- [Affinités de l'art et de la philosophie] Bergson
- La philosophie contemporaine (cours)
- METHODOLOGIE DISSERTATION EN PHILOSOPHIE