la philosophie est-elle inutile ?
Extrait du document
«
POUR DÉMARRER
Est-il légitime de faire grief à la philosophie ( recherche de la sagesse ) de ne servir à rien ? La question
s'autodétruit d'elle-même, car la philosophie apprend à vivre et à mourir.
Conseils pratiques
La philosophie est d'abord exercice spirituel et sagesse.
Montrez bien, en vous appuyant sur des exemples
(stoïcisme, épicurisme, etc.) qu'elle n'est pas d'abord spéculative.
Par conséquent, comment lui reprocher d'être
inutile ?
[La philosophie n'a aucune influence sur la réalité.
Elle pose plus de questions qu'elle n'apporte de
réponses.]
Philosophie et ignorance
Dans le Théétète, Socrate déclare avoir été appelé par les dieux pour «accoucher» les âmes.
Son art est de
poser des questions.
Ainsi conduit-il celui qui y répond à savoir si les idées qui sont en lui sont des illusions ou
des vérités.
Là s'arrête son talent.
Lui-même n'est sûr que d'une chose: il sait qu'il ne sait rien.
Le plus pur et
le plus grand des philosophes confesse donc son ignorance.
La philosophie poserait des questions sans pouvoir
leurs assigner de réponses.
Cette phrase est attribuée à Socrate par son disciple Platon.
On en trouve la source dans l' « Apologie de
Socrate » qui narre le procès intenté à Socrate par la ville d'Athènes alors que notre homme était âgé de 70
ans.
Dans ce beau texte, Platon fait le récit de la vocation philosophique de son maître et des raisons
véritables de son procès.
On y voit Socrate enquêtant auprès de ses concitoyens pour savoir pourquoi
l'oracle de Delphes l'avait déclaré le plus sage des hommes.
Il s'attire ainsi des inimitiés qui amènent sa
condamnation à mort.
Socrate est en quelque sorte le patron des philosophes, au point que l'on appelle
« présocratiques » les penseurs antérieurs, comme si Socrate était l'origine de notre calendrier
philosophique, à la façon dont Jésus-Christ l'est de notre ère.
O r , Socrate, que l'on considère encore aujourd'hui comme « le plus pur penseur de l'Occident »
(Heidegger), est un personnage qui n'a rien écrit, dot toute l'activité s'est concentrée sur le dialogue avec
ses concitoyens.
Les renseignements que nous avons concernant sa vie et sa pensée proviennent donc
essentiellement de ses deux principaux disciples, Xénophon et surtout Platon.
La déclaration de Socrate : « Je sais que je ne sais rien » est une pièce centrale de son procès.
Ce procès, qui allait voir la condamnation à mort de l'homme « le plus sage et le plus juste », n'est pas
seulement resté comme un exemple du courage de l'homme face à la mort, comme un exemple du juste
injustement persécuté.
Il n'a pas seulement alimenté les parallèles avec la fin de Jésus ; il a signé le divorce
entre la philosophie et la politique.
Qu'une cité comme Athènes, démocratique et respectueuse des lois, ait pu
commettre un pareil crime, une telle injustice, cela allait détourner Platon de la politique, et plus
fondamentalement entraîner la conviction que :
-
les affaires humaines et notamment la politique sont indignes et de peu de prix.
Puisqu'antagonisme il y a entre le philosophe et la cité, et que la dernière persécute le premier, il n'y
aurait de cité bien organisée et de philosophie possible dans la paix « que quand les philosophes seront
rois et les rois philosophes ».
On trouve la phrase étudiée dans le contexte suivant : Socrate explique que l'un de ses amis était allé à
Delphes demander à l'oracle s'il y avait un homme plus sage que Socrate, et la réponse fut non.
Socrate se trouve alors confronté au sens des paroles du dieu, car, s'il ne se croit pas lui-même sage, il ne peut remettre en cause les
paroles d'Apollon.
Il décide alors de se livrer à une enquête auprès de tous les hommes sages ou prétendument tels de sa ville : les
hommes d'Etat, puis les poètes, puis les artisans.
Dans tous les cas, la conclusion de Socrate peut se résumer ainsi :
« Je suis plus sage que cet homme-là.
Il se peut qu'aucun de nous deux ne sache rien de beau ni de
bon ; mais lui croit savoir quelque chose, alors qu'il ne sait rien, tandis que moi, si je ne sais pas, je ne crois.
»
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