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La philosophie doit-elle être populaire ?

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« Faites varier le sens du mot " populaire " puis demandez-vous ce que cela implique par rapport au sujet.

Populaire peut avoir un sens péjoratif.

Ce qui est populaire correspond généralement à ce qui séduit le plus grand nombre. C'est ainsi qu'un roman dit populaire est un roman qui a un grand succès mais qui généralement n'est pas considéré comme ayant nécessairement une très grande valeur intellectuelle.

Or, la philosophie semble avant tout s'adresser à une certaine classe sociale qui peut se permettre d'avoir ces préoccupations.

Pensez simplement au fait que des philosophes comme Platon ou Aristote appartenaient à l'aristocratie de leur cité.

Vous pouvez d'ailleurs penser à la manière dont le philosophe est reçu par la foule.

Le texte de l'allégorie de la caverne au livre 7 de la République de Platon peut vous fournir de bons éléments ici.

Lorsque le philosophe redescend au fond de la caverne, on veut le tuer.

Vous pouvez également penser à l'anecdote racontée par Platon dans un dialogue intitulé le Théétète lorsqu'il parle du rire de la servante de Thrace face à Thalès.

Ce rire de la servante qui voit Thalès tomber dans un puits peut offrir une bonne image de ce rapport que le peuple peut avoir avec la philosophie: le philosophe paraît déconnecté de la réalité, perdu la tête dans les nuages.

Pourtant, si la philosophie parle de la vie, de l'existence, du monde…ne concerne-t-elle pas tout le monde ? Vous pouvez penser au personnage d'Epictète, grand philosophe stoïcien qui était esclave.

Il ne s'agirait peut-être plus de se demander quelle vision le peuple a de la philosophie mais de la manière dont la philosophie peut être l'affaire de tous.

Montrez alors que le terme populaire prend un autre sens ici. Le philosophe doit s'engager politiquement Le savoir et l'acuité intellectuelle qui découlent de l'étude philosophique font obligation à ceux qui les ont acquis de se consacrer à la direction des affaires publiques.

Par exemple, le philosophe de la République de Platon a pour devoir de « redescendre dans la caverne » (livre VII) pour éclairer ses concitoyens.

De lui-même, il serait plutôt enclin à éviter les charges politiques pour se consacrer à ses réflexions théoriques, mais cette obligation est comme la rançon de sa science. On peut même considérer, à l'instar de Jean-Paul Sartre dans l'Existentialisme est un humanisme, que l'engagement politique est moins un impératif contraignant qu'une véritable vocation.

La confrontation de ses pensées avec la réalité sociale est, pour le philosophe, une étape indispensable à la construction de sa pensée : elle le rappelle à la réalité et à ses responsabilités. Pour Sartre, quoi qu'il fasse, l'homme est engagé.

Non qu'il comprenne tout ce qu'il fait et se projette en connaissance de cause, mais parce qu'il existe, d'abord tourné vers un monde qu'il doit sans cesse interpréter, vers un futur qu'il doit sans cesse déterminer.

L'engagement dont parle Sartre n'est donc pas un recrutement, mais bien plutôt la nécessité incontournable de donner du sens à ce qui nous entoure, c'est-à-dire le monde et nos rapports à Autrui. Le problème moral de l'existentialisme est qu'il est impossible de savoir, a priori, le contenu des meilleures actions possibles.

S'il faut éviter de jouer un rôle, d'être de mauvaise foi, s'il faut assumer la contingence essentielle de l'existence, la justification de ce devoir être est elle-même problématique : la sincérité n'est-elle pas dans ce cas un modèle, une garantie injustifiable ? D'une part, l'ontologie nous dit ce que l'homme est, non ce qu'il devrait faire. D'autre part, le devoir d'authenticité de Sartre n'est pas un impératif en droit supérieur aux autres.

L'exigence éthique se profile donc comme un problème dans l'horizon existentialiste. La philosophie concerne chacun d'entre nous Il faut que la philosophie réponde aux questions que se pose l'homme de la rue, qu'elle suscite des débats.

Le plus pure des philosophes est celui qui s'adresse à tous.

Par exemple, Socrate s'entretenait avec les citoyens et même les esclave d'Athènes.

Socrate se comparait volontiers à sa mère qui était sage-femme.

Il n'enseignait rien mais se contentait d'« accoucher» les esprits, de les aider à mettre au jour les problèmes et les difficultés qu'ils portaient en eux-mêmes.

Socrate est le philosophe par excellence en ceci précisément qu'il n'enseigne rien mais nous fait réfléchir.

Confier la philosophie aux spécialistes serait le meilleur moyen de causer sa perte, car elle finirait par n'être plus qu'une querelle de mots.. »

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