La philosophie doit-elle aller contre le sens commun ?
Extrait du document
«
Comment le sens commun définit-il la philosophie? Ce serait une façon de ne pas trop s'en faire, d'accepter la vie
comme elle vient sans s'interroger à propos de ce qu'elle véhicule, ou encore une manière d'échapper aux aspects
pénibles de l'existence, puisqu'on admet communément que le clochard «a sa petite philosophie» (comme tout un
chacun — pourquoi pas?).
Entre cette acception floue du concept de philosophie et ce qu'en disent les philosophes
eux-mêmes, il y a un monde.
Cet écart a-t-il valeur de symptôme? La philosophie doit-elle dans tous les cas aller
contre le sens commun?
[La philosophie est est un questionnement sans concession du sens commun et des préjugés.
Elle exige
une remise en cause de ce qui paraît aller de soi, de ce qui semble évident.]
La philosophie est une interrogation radicale
Platon, dans La République, distingue les différents niveaux de connaissance.
Tout en bas de l'échelle, il y a les
simples impressions sensibles.
Ensuite viennent les opinions établies.
Puis la pensée déductive, qui procède par
déduction logique.
Enfin, la pensée intuitive, qui permet de contempler directement la vérité.
Le refus de l'absolu
Comment définir la vérité ? N'est-elle pas profondément relative et subjective ? C'est ce que pensent les adversaires
de Socrate, comme les sophistes, qui font remarquer que si l'on considère que le vrai est ce qui correspond à ce que
les hommes vivent, force est de constater que la vérité est profondément relative.
Les hommes ayant des
sensibilités différentes, ce qui est vrai pour les uns ne l'est pas forcément pour les autres.
Il faut donc dans ces
conditions non pas parler de la vérité mais des vérités, en laissant celles-ci s'exprimer.
La vérité concernant la
vérité, c'est qu'il n'existe que des vérités humaines.
La vérité absolue est une dangereuse illusion.
Il n'y a que les
hommes et leur diversité.
Tout est relatif ?
Face au relativisme des sophistes, Platon choisit une autre voie.
Est-ce la bonne méthode, demande-t-il, que de
partir du vécu des hommes afin de penser la vérité? Non! homme n'est pas la mesure de toutes choses comme le
soutient Protagoras.
L'idée de la relativité humaine de la vérité relève de la flatterie.
Dire que chacun a sa vérité,
c'est flatter l'amour-propre de tout un chacun en faisant de celui-ci le détenteur du vrai, du simple fait qu'il est.
Savoir, c'est se ressouvenir
La vérité, c'est justement que tout n'est pas affaire d'opinion et de vécu personnel; que le vrai n'est pas simplement
ce qui est «vrai pour moi» et que si on ne disposait pas de l'idée de l'homme en général, on ne pourrait même pas
parler de l'homme en particulier.
Je me connais parce que je me reconnais dans une chose qui est autre que moi et
par laquelle, me comparant à elle, j'en viens à pouvoir me penser.
Cette autre chose, c'est l'idée de ce que je
devrais être.
Un idéal du parfait présent en nous, nous permettant de progresser et de nous transformer.
"Socrate : Prends donc une ligne coupée en deux
segments inégaux, l'un représentant le genre visible, l'autre le genre intelligible, et coupe de nouveau.
»
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