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La philosophie a-t-elle une place dans la société moderne ?

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« ANALYSE ET PROBLÉMATISATION DU SUJET. § La philosophie se définit comme un travail critique de la pensée sur elle-même, comme l'exercice d'une liberté de mettre son jugement en pratique.

Elle apparaît originairement comme un étonnement face aux choses, qui permet par la suite de trouver un moyen d'investigation efficace à la connaissance de ces choses.

Comme étonnement originaire, la philosophie peut alors apparaître comme une discipline visant à s'abolir dans les recherches qu'elle met en œuvre. N'est-elle alors utile que provisoirement afin de mettre en place tous les champs de problèmes et de questionnement ? § La société moderne apparaît fondamentalement comme une société gouvernée par le règne de la science, de l'expérimentation, des recherches scientifiques, tous les problèmes apparaissant alors devoir être résolus par cette voie. § C'est semble t-il dans ce contexte d'un monde gouverné par la toute puissance de la science que peut se poser la question de la nécessité de la philosophie : a quoi sert encore de réfléchir philosophiquement sur des questions alors que l'urgence de la société moderne nous invite au contraire à agir.

La philosophie n'est-elle pas alors proprement inefficace dans ce contexte ? § Néanmoins, peut-on réellement se passer de la philosophie ? N'est-elle pas la discipline par laquelle tout est systématiquement réfléchi et remis en question ? N'est-elle pas ce qui permet à l'homme d'exercer sa liberté, celui-ci se trouvant alors prisonnier lorsqu'il est privé de philosophie ? Dans ce contexte elle apparaît alors nécessaire à la conservation d'un monde « humain » malgré l'essor toujours plus important de la science et de la technologie. § La philosophie est-elle ce travail critique, porté par l'étonnement primitif, provisoire et visant à s'abolir au profit de la science, maîtresse dans la société moderne ou la philosophie peut-elle toujours jouer un rôle dans la société moderne, comme appui de la science voire comme nécessité vitale venant freiner la dangereuse toute puissance de la science ? PROPOSITION DE PLAN. I) La philosophie comme propédeutique théorique à la science. § § § § § On pourrait, en suivant le sens commun, définir la philosophie, ou en tout cas l'attitude caractéristique de la philosophie, comme cet étonnement permanent face aux choses.

Elle est donc cette discipline critique par laquelle on peut prendre du recul et, a fortiori, fonder ses comportements en raison.

Pourtant, au-delà de cette interrogation, d'ordre moral ou politique par exemple, la philosophie ne livre ni consignes ni modèles : pas même l'indication d'un chemin à suivre.

La recherche philosophique, en effet, si elle n'exclut pas l'action, l'éclaire néanmoins sous un jour particulier.

Etant une activité de réflexion, elle nous rend étrangers à notre propre cité. Elle semble alors en outre étrangère à la société en général. La philosophie peut nous éloigner des réalités pratiques et concrètes de notre propre société.

Elle est capable de nous emmener bien loin, en dehors de ce qu'on juge être de vraies nécessités pratiques ou encore politiques.

Elle apparaît alors comme étrangère à la société. Et en effet, on se souvient des figures des philosophes tels Socrate ou encore Descartes, marqués par la solitude et le retrait, tant nécessaire que volontaire, de la société, afin de se mettre dans les meilleurs conditions d'une pensée ayant un retour réflexif sur elle-même. De plus, la philosophie est apparue comme un étonnement premier sur les choses, comme une méthode d'investigation et de recherche première comme le marque la notion d'étonnement.

Elle permet en effet d'exprimer le renversement d'attitude face au monde qui se produit lorsque, délaissant l'opinion, on se tourne vers la philosophie.

Cette conversion consiste à poser, à propos de quelque chose que le monde connaît et a toujours connu la fameuse question socratique : « qu'est ce que c'est ? » De même, l'idée que la philosophie commence par une mise en doute radicale de toutes nos connaissances implique pour Descartes un travail sur soi qu'il faut sans cesse renouveler.

La démonstration ne suffit pas, il faut parvenir à une transformation du moi pensant.

La volonté de douter se heurte constamment à la menace d'un retour à nos habitudes de pensée.

La philosophie est alors bien cette discipline première qui nous pousse à connaître les choses. Or, si la philosophie a pu paraître utile dans sa méthode comme dans son objet afin de mettre en place une science première, ou encore un arbre des sciences comme chez Descartes, il apparaît alors qu'elle ne permet pas pratiquement de jeter des fondements dans la société.

C'est donc au niveau pratique que la philosophie apparaît en décalage avec la société et d'autant plus avec la société moderne, au sens où elle apparaît comme une propédeutique nécessaire à la recherche des connaissances et à leur découverte, mais vouée à s'abolir au profit de méthodes efficientes de découvertes.. »

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