La personne peut-elle se concevoir comme détachée de son milieu et de ses relations avec les autres ?
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La personne peut-elle se concevoir comme détachée de son milieu et de ses relations avec les autres ?
Le thème de l'isolement de la personne a été en littérature assez fréquemment traité.
Pourquoi ni Robinson et ses
émules, ni Mowgli, ni même les ermites du désert ou les reclus du Moyen Age dont l'hagiographie a retracé les
prouesses ascétiques ne sauraient donner une réponse valable à la question posée : « La personne peut-elle se
concevoir comme détachée de son milieu et de ses relations avec les autres ? »
En effet, tous ces héros ne sont pas réellement des personnes isolées : Robinson a son Vendredi et toute la
civilisation qui l'a formé avec lui dans son île déserte.
Mowgli, dans la jungle, jouit d'une société calquée sur la
société humaine et qui, même, lui apprend son métier d'homme.
L'histoire des ermites et des reclus nous montre en
eux des hommes qui, si isolés soient-ils du monde des vivants, s'y reliaient pourtant par le lien de la communion à
une Église visible, société humaine dont ils reconnaissaient la hiérarchie {il suffira d'une sommation du Concile pour
que SIMÉON le Stylite consente à abandonner son genre de vie).
Surtout, la vie retirée que menaient ces hommes
nie les empêchait pas de prier pour leurs frères, de ressentir, peut-être plus intensément que ceux qui vivaient dans
le monde, la solidarité foncière qui unit tous les hommes entre eux.
La vie du Père DE FOUCAULT, ermite du Sahara,
illustrerait cette vérité.
II ne semble donc pas que les faits rapportés par la légende ou l'histoire puissent donner à notre question une
réponse affirmative.
Suit-il de là que la négation s'impose ? Ce serait aller un peu vite en besogne.
Tout au plus
pouvons-nous prendre acte de ce fait : il ne semble pas que, dans le concret, aucune personne ait jamais réalisé
l'isolement absolu.
Mais le problème posé se situe dans l'abstrait : peut-on abstraitement concevoir la personne comme isolée du reste
du monde ? Autrement dit : le concept de « personne isolée » est-il contradictoire ? La question se situant ainsi sur
le plan logique, il importe de déterminer avec précision la notion de personne.
***
Si nous nous en tenons à la définition scolastique : Persona proprie dicitur naturae rationalis individua substantia (le
terme de personne désigne proprement la substance individuée d'une nature raisonnable), nous ne pourrons,
semble-t-il, rien tirer de là qui puisse nous aider à conclure.
On ne voit pas, en effet, de quel droit nous, interdirions
à cette substance individuelle de se passer d'autres substances de même sorte.
Pour être elle-même, elle n'a,
semble-t-il, qu'à demeurer dans l'individualité qui la constitue.
Remarquons cependant combien cette définition abstraite de la personne est pauvre.
En vérité, ce n'est qu'une
description toute extérieure d'une réalité que nous devinons infiniment plus riche.
La personne, étant ainsi
considérée comme un objet de spéculation, ne découvre pas son mystère intérieur.
Elle n'est ainsi désignée que par
référence à tout ce qui n'est pas elle.
Malgré l'apparence, cette définition ne nous donne guère qu'une notion
négative de la « personne », tout à fait insuffisante en tout cas pour poser les problèmes moraux qui jaillissent de la
coprésence des personnes dans l'univers.
D'ailleurs, est-il possible de définir la personne ? M.
NÉDONCELLE, dans son livre, La réciprocité des consciences, le
nie explicitement : « II y a une notion de personne, déclare-t-il, mais il n'y a pas d'idée générale de personne.
»
***.
»
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