La pensée moderne est-elle hostile à la religion ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet :
Pensée moderne : Ce terme est très floue, ici il semble qu'il s'agisse du couple rationnel laïcité/tolérance.
La laïcité fut en un premier
temps pensée pour libérer l'état de la tutelle du clergé chrétien (en France loi de 1905 de séparation des pouvoirs).
En ce sens elle est
bien souvent apparue hostile à la religion et intolérante mais seulement parce qu'elle tentait d'établir l'indépendance de l'état à son
l'égard.
Pour se faire elle dût dessaisir l'église, contre son gré, de son pouvoir politique qui lui assurait les moyens de la conservation
de sa suprématie.
On comprend donc pourquoi elle a pu « contrarier » les religieux qui la vécurent comme profondément intolérante.
Mais pour nous (modernes), la laïcité c'est la neutralité de l'état en matière de religion, parce que l'état doit prendre soin de tous et
tous les tolérer, c'est-à-dire même ceux qui ne croient pas.
La religion : La religion se définit en deux sens : elle est un ensemble de croyances et de pratiques qui lie, premièrement, chaque
croyant à Dieu (monothéisme), et deuxièmement, lie les croyants entre eux au sein d'une communauté (Ex.
: religion Grecque).
On
distingue deux modalités de la religion : la foi est la superstition.
La première repose sur un pari existentiel et pragmatique sur
l'existence de dieu, la seconde tient pour vrai (sur le mode de l'opinion), l'association d'une pratique et d'un « effet », sans que pour
autant la vérité de cette association soit démontrée.
Problématisation :
Nous nous interrogeons sur la possible opposition de la pensée moderne à la religion.
La pensée moderne est-elle hostile à la religion ?
Comment envisager que la penser moderne puisse être hostile à la religion, alors même que toutes les confessions sont dans leur
totalité tolérée au sein des sociétés modernes ? C ependant, la pensée moderne repose également sur le principe de laïcité qui a put, ou
peut parfois encore, entrer en conflit avec les religions.
Dans cette optique, la pensée moderne, c'est-à-dire la séparation du politique
et du religieux, ne peut-elle apparaître hostile aux religions ou en tout cas à leurs prétentions politiques ? Sans aucun doute.
Dès lors, il
faudrait se demander si la religion a par essence une prétention religieuse ? S'il s'avérait que oui, la laïcité lui serait hostile, sinon, elle
ne pourrait être ainsi déterminée.
Proposition de plan :
1) La pensée moderne est fondée sur le principe de tolérance.
Elle semble donc ne pouvoir être considérée comme
hostile à la religion.
a) Les grandes avancées de la modernité démocratique sont la liberté de culte, la liberté d'opinion, et la liberté d'expression.
b) Il va sans dire que donc, en tout cas sur le principe, la pensée moderne est des plus tolérante à l'égard de la religion et de toutes les
religions pour être plus précis.
c) La pensée moderne tente de donner une solution du problème que pose le gouvernement d'une société multiculturelle.
Il s'agit
d'organiser les rapports entre une infinité de conceptions du bonheur sans que la société ne se transforme en chaos.
Transition : Pour autant, n'y a-t-il pas un autre fondement de la pensée moderne qui puisse sembler hostile à la religion ?
2) La pensée moderne repose sur le principe de laïcité ce qui a pu, ou peut, la faire paraître hostile aux religions en
tant qu'elles ont des prétentions politiques (églises).
a) En 1905, il s'est agi pour le gouvernement français de priver la religion ou plutôt le clergé, l'église, de ses pouvoirs politiques, de
rendre indépendant l'état à son égard.
Pour se faire il fallait donc lui reprendre ses « privilèges », lui reprendre la mission éducative, et
couper tous liens, notamment des liens économiques, entre l'église et l'état.
b) Dans cette mesure la pensée moderne pouvait apparaître hostile à la religion quand elle n'avait comme but que d'assurer
l'indépendance de l'église et de l'Etat.
Problème : Si la religion a par essence vocation à « prendre le pouvoir » politique, si religion et état libre sont contradictoire, ne
faudrait-il alors reconnaître que la pensée moderne est hostile à la religion ?
Transition : Il semble donc capital pour décider la question qui nous occupe d'interroger la nature de la relation entre religion et
politique.
3) La religion n'a, par essence, pas de prétentions politiques, l'église par contre peut en avoir, la pensée moderne
n'est pas hostile à la religion mais seulement aux prétentions politiques des clercs.
a) Chacun peut avoir les opinions ou les croyances qu'il veut la pensée moderne ne peut s'y opposer sans en même temps
compromettre les libertés individuelles.
En échange elle exige que ces opinions et croyances ne soient pas contradictoires avec le bien
publique, la république.
b) Toutes croyances ou opinions énoncées sur la « place publique » ne doit pas compromettre la concorde, la bonne entente entre les
citoyens.
Toutes opinions ou croyances qui la menacent (appel à la haine, diffamations etc.) doivent être punie pour éviter leur
prolifération.
Mais cette nécessité n'est pas en soi contradictoire avec la vérité révélée des monothéisme, et encore moins des
polythéismes, qui appellent à la moralité, la paix, l'amour du prochain, la justice, et jamais à la guerre sainte, à la mort, la violence etc.
c) La république moderne est donc fondée sur le tronc commun, l'exigence minimum qui permet à toutes les sociétés de fonctionner, le
principe de non-violence et de non humiliation du semblable.
Par ce biais, elle laisse donc chacun libre de sa conception du bonheur
tant que cette conception n'est pas contradictoire avec celle des autres citoyens.
Toute conception du bonheur qui passerait par la
violence faite à l'autre, la conversion forcée à une religion etc.
, doit être surveillée et punie en cas de passage à l'acte.
d) La pensée moderne n'est donc pas hostile à la religion, mais si certains groupuscules, certaines « sectes », voyant en elle une
absence réelle de valeur morale, cherchent à la renverser, à lui reprendre le pouvoir, elle ne peut renoncer à son devoir de se
défendre, sans en même temps trahir ses principes..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- La religion, une réaction contre la pensée de la mort ?
- Henri BERGSON (1859-1941) La Pensée et le Mouvant, chap. V (commentaire)
- Corrigés des 3 sujets: Diriez-vous avec Albert EINSTEIN que : « la pensée pure est compétente pour comprendre le réel » ?
- Le langage est-il l'instrument idéal de la pensée ?
- LE JEUNE HEGEL ET LA NAISSANCE DE LA RÉCONCILIATION MODERNE TUBIEGEN: PAGES 2-4