La paresse et la lâcheté - KANT, Réponse à la question: Qu'est-ce que les Lumières?
Publié le 05/02/2023
Extrait du document
«
un sujet traité
La paresse et la lâcheté sont les causes qui expliquent qu'un
grand nombre d'hommes, après que la nature les a affranchis
d'une direction étrangère, restent cependant volontiers, leur
vie durant, mineurs, et qu'il soit si facile à d'autres de se poser
en tuteurs des premiers.
II est aisé d'être mineur! Si j'ai un
livre qui me tient lieu d'entendement, un directeur qui me
tient lieu de consèience (1), un médecin qui me aïcte mon
régime••.
, je_n'ai vraiment pas besoin de me donner de peine
moi-même.
Je n'ai pas besoin de penser, pourvu que je puisse
payer.
Que la grande majorité des hommes tienne aussi pour
dangereux ce pas en avant vers la majorité, outre que �est
une chose pénible, c'est ce à quoi s'emploient les tuteurs qui,
très aimablèment, ont pris sur eux d'exercer une haute
direction sur l'humanité.
Après avoir rendu sot leur bétail, ils
lui montrent 1� danger qui le menace, s'il s'aventure seul.
Or,
ce danger n'est pas si grand.;-Ies hommes apprendraient bien,
après quelques chutes, à marcher.
..
KANT,Réponse
à la question: Qu'est�ce que les JJumières?
-,.., = "'
(1) Un • dir�cteur de conscience» est quelqu'un auquel on.
a recours pour..,.qu'il vous dicte
votre conduite morale et religieuse.
QUESTIONS
1) Dégagez l'idie principale du texte à partir de l'étude de ses
articulations.�
?) Expliquez ies termes« mineur» et·« majorité».
A quelles
conditions selon 'Kant un individu· devient-il majeur?
3).
La sécurité est-elle liée à la dépendance, et la liberté au
�
r�que?
Réponses rédigées
1) Dégagez l'idée principale du texte à partir de l'étude de ��s
articulations.
Vanalyse de..
Kant s'appuie sur un constat initial, une
observation : beaucoup d'hommes restent mineurs toute leur
vie, c'est-à7dire obéissent à d'autres hommes, des tuteurs.
Cette situation s'explique en premier lieu par des causes qui
ne sont pas extérieures aux mineurs eux-mêmes : ceux-ci
choisissent précisément de rester dépendants, par goût de la
facilité, par manque de courage.
Trois exemples illustrent cett� dernière idée : les mineurs se
donnent des tuteurs :
- sur· le plan intellectuel (les livres);
- sur le plan moral (le directeur· de éonscience);_
- sur le plan de la santé (le inédecin).
Cette même situation s'explique en second lieu par des causes·
extérieures aux mineurs" : les.
tuteurs les découragent, les· dissuadent de quitter leur état de dépendance, en les abêtis
sant et en leur exposant- les dangers de l'accès à l'indépendance.
Enfin, Kant conteste ce dernier point : selon lui, les hommes
peuvent parfaitement devenir majeurs.
L'idée principale du texte : s'il existe un si grruid no�bre de
mineurs, c'est essenti�llement parce que beaucoup d'hommes ...
,
n'ont pas le courage de devenir responsables· de leurs actes;
et certains hommes, les maîtres, ne font rien pour changer
cette situation.
.
2) Expliquez lei, termes « mineur » et « majorité ».
A quelles
conditions, selon Kant, un individu devient-il majeur?
Le mot « mineur » ne désigne pas ici celui qui n'c! pas e;core
atteint l'âge légal de la « majorité » civile ou-pénale, âge à
partir duquel une personne devient pleinement responsable
- d'un point de vue juridique.
Dans ce texte., ce mot a un sens
plus général.
Il désigne celui.
qui, comme un enfant, mais
toute sa vie, demeure soumis à une «direction étrangère », à
la volonté et aux jugements, d'autrui.
Ce mineur est donc
l'être dépendant d'autrui, « aliéné », mais volontairement,
puisqu'il est, en dernière analyse, responsable de son état.
En
prolongeant une indication de Kaµt, on peut dire que cet �tre
n'est pas un homme pleinement accompli (cf.
l'allusion au
«bétail»).
,.
__,
La « majorité », au contraire, désigne l'autonomie, la capa
cité de se diriger soi-mêine sur tous.
les plans sans soumettre
ses actes aux,:directives d'autres hommes.
Si les tuteurs sont
18
k
Conseils:·
éventuellement majeurs en ce sens, les majeurs ne sont pas
nécessairement tuteurs de leurs semblables.
(On peut noter
que, dans la même· phrase, le mot « majorité » est pris dans
son sens quantitatif (la« majorité des hommes», c'est-à-dire
le plus grand nombre), puis dans le sens particulier qu~ Kant
lui donne ici (« le pas en avant vers la majorité »), sens
dérivé du sens politico-juridique.
Mais le contexte exclut ici
toute ambiguïté.)
A que(les conditions un homme devient-il majeur, selon Kant?
dn voit que, pour passer de la minorité ,à la majorité, l'être
humain doit nécessairement :
--' d'abord prendre conscience de son état de mineur, de son
« infantilisme », de sa sottise (son intelligence personnelle
n'est pas- développée, elle est paralysée par celle des tuteurs)
et aussi de sa responsabilité : sa situation n'est pas déterminée par quelque conditionnement incontournable;
- ensuite, opposer un refùs aux tuteurs qui le prennent en
charge « 'très aimablement », comme dit ironiquement l'auteur;
- enfin,et cela est le plus important, l'individu doit décider
librement de devenir vraiment autonome.
Cette décision
demande .du courage, de la persévérance, le développement
de.
toutes les ressources morales et intellectuelles .qui conduisent vers_ l'indépendance, puis vers l'autonomie, la maîtrise
consciente de sa propre existence.
3) La sécurité est-elle liée à la dépendance, et la liberté au
risque?
Les hommes qui, « très aimablement, ont pris sur eux
d'exercer une haute direction sur l'humanité » ont tout
intérêt à souligner.
qu'il_ est difficile et dangereux de s'aventurer seul, autrement dit de se libérer de leur autorité.
Mais
qu'en est-il en réalité?_ La sécurité est-elle liée à la- dépendance et la liberté au risque ?
La réponse de Kant à cette question est claire, mai~ ne doit
pas être simplifiée.
Une lecture hâtive du texte peut faire
croire qu'il lie la liberté au risque, puisque entreprendre de se
libérer, c'est s'exposer à « quelques chutes », et- qu'il lie au
contraire la sécurité à la.
dépendance, dans la mesure où,.I~
.« mineur » cherche la tranquillité en s?abritant derrière des
responsables.
On a alors l'impression que Kant invite ses
lecteurs à devenir libres, mais, du même coup, à prendre des
risques, à perdre à....
»
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