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La paix est-elle un idéal ?

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« Analyse du sujet : Ø la question semble de prime abord paradoxale : comment pourrions-nous soutenir, face au caractère sanglant, destructeur que comporte toute guerre, que la paix n'est pas un idéal, qu'elle ne représente pas un modèle de vivre ensemble ? Ø Toutefois, ce constat doit être dépassé ; pour donner sens au sujet, il convient de remarquer que la paix peut tout aussi bien désigner un état suspect qui ne se maintient que par absence de pluralisme : les régimes totalitaires sont ainsi des gouvernements où nul conflit n'est possible puisque nulle contestation n'est admise : la totalité des membres de la société se conforme aux ordres d'un seul dans la plus stricte obéissance. Ø La paix pourrait ne pas être un idéal au sens où elle serait négation des antagonismes, signes de la liberté des individus. Ø Enjeux est double : 1- enjeu politique :qu'est-ce que le bien commun ? la paix est-il l'idéal, l'archétype de ce bien ? 2- enjeu éthique et existentiel : comment puis-je être heureux ? L'ataraxie (absence de trouble) est-il l'idéal ou le degré suprême du bonheur ? Problématique : D'un côté, la guerre est, comme le montre Hobbes dans sa description de l'état de nature, la pire condition qui soit, et il faut impérativement lui opposer la paix comme idéal, perfection du vivre ensemble d'où dépends la survie de l'homme.

De l'autre, on ne saurait tirer argument de cette dernière détermination pour dresser l'apologie d'une société sans conflit et faire de la paix un idéal car ce serait aussi une société où toute diversité serait exclue.

La paix est-elle un idéal, une perfection, ou bien au contraire doit-elle être redoutée tant sur le plan collectif qu'individuel ? 1- LA PAIX : IDÉAL DE LA FAIBLESSE a) qu'est-ce qu'un idéal ? Spontanément un idéal désigne quelque chose de souhaitable parce que par fait.

Ainsi la femme idéale est la femme qui est telle que rien ne lui fait défaut.

Ainsi à supposer que la paix soit une situation idéale, il faut que celleci soit supposée parfaite.

Or, y a-t-il une perfection propre à une société d'où toute conflictualité (ne serait-ce que l'expression de divergences d'opinions irréconciliables) serait exclue ? Tel est le premier problème à résoudre. b) Il faut s'opposer pour se poser On peut désigner la paix comme un état de repos ou pure identité à soi.

Cela implique donc l'annulation de toute forme de résistance, de toute altérité (car il n'y a a contrario guerre que dans l'opposition de forces contraires).

Ainsi le problème qui se pose est de savoir s'il ne faut pas, comme le pense Hegel, que l'esprit rencontre des résistances et se confronte avec son autre pour prendre conscience de lui-même, ou pour le dire dans des termes non hegeliens, qu'il sache qui il est et même qu'il est effectivement ? Ce qui est parfaitement en accord avec moi, ce avec quoi je suis en paix, ne donne pas lieu à une telle expérience de l'altérité.

Or si je peux prendre conscience de moi, n'est-ce pas d'abord parce que peux me distinguer de ce qui n'est pas moi ? On peut dire que le forme de l'identité à soi est « léthargie » ; au contraire, l'existence est temporelle, et en cela, elle est constituée par le passage, par une suite de disparition et d'apparitions, de générations et de corruption, de pertes et de gains.

Soutenir que la paix est un idéal semble en ce cas manifester une inaptitude à supporter le devenir, incapacité que Nietzsche diagnostique comme état de faiblesse ou de maladie. c) la paix : l'idéal du dernier homme Il n'y a rien d'idéal à vivre en paix : « hors de la guerre, l'homme « croupit dans le marécage du bonheur » (Ainsi parlait Zarathoustra ) : il est avachi et préfère jouir mesquinement plutôt que de combattre en héros.

Son bonheur consiste à éliminer tout ce qui pourrait provoquer conflit, luttes ou tension en tout genre et ce faisant, refuse les moyens de se dépasser.

Pour Nietzsche, il est « le dernier homme », le bas du genre humain.

La paix comme situation sans lutte ou combats, est réduite à une somnolence jouisseuse et ininterrompue, au divertissement irresponsable. Transition : § Parce que les oppositions, les conflits, les rapports de forces et toute forme de contradictions, non seulement caractérisent la vie, mais surtout, permettent à celle-ci d'être vraiment éprouvée, on ne peut tenir la paix comme étant un idéal [1]. § Cependant, n'y a-t-il pas un effet pervers à refuser à la paix le statut d'idéal ? L'effort pour donner sens au devenir et à la contradiction en générale ressemble fort à une justification de la guerre.

Or la guerre est destructrice et il est douteux de la poser comme ne devant faire l'objet d'aucune critique. § Difficulté : adopter une attitude qui ne tombe pas dans un moralisme naïf sans pour autant dresser un éloge de la violence et de la bestialité (= le fascisme outrancier ou nietzschéisme caricatural). 2- EFFET PERVERS DU RENONCEMENT À L'IDÉAL. »

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