La notion d'inconscient est-elle dangereuse ?
Extrait du document
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Analyse du sujet
·
Eléments de définition
® Inconscient = Concept fondateur de la psychanalyse dont Freud a construit deux interprétations
successives :
Dans la première Topique : instance de la vie psychique, distinguée du
Préconscient/Conscient, constitué à partir du refoulement de certaines représentations.
® Freud, Métapsychologie, L'inconscient
Dans la deuxième Topique (1920) : qualifie les trois nouvelles instances de l'appareil
psychique : le Ca (énergie pulsionnelle), le Moi et le Surmoi (intériorisation des interdits).
® Freud, Essais de psychanalyse / Abrégé de psychanalyse
Pour Lacan : « le discours de l'Autre », c'est-à-dire l'ordre symbolique auquel l'individu
accède dès sa naissance par le langage.
® Lacan, Ecrits, Positions de l'inconscient.
® Danger = Situation dans laquelle on est menacé d'un mal quelconque.
Risque, piège, menace,
perdition.
·
Angles d'analyse
® Il ne faut pas perdre de vue, tout d'abord, que la notion d'inconscient est avant tout une
hypothèse qui a pour but d'expliquer notre vie psychique dans sa totalité, même dans sa dimension
inintelligible par la seule force de la conscience.
Si donc elle n'est qu'une hypothèse, on voit
difficilement comment elle pourrait être, de fait, une véritable menace.
® Pourtant, il est évident que cette hypothèse, une fois posée, ne laisse pas l'homme indemne.
En
effet, la notion d'inconscient constitue une véritable rupture dans la conception de la nature humaine
telle qu'elle était conçue jusque là.
® Il va donc falloir définir l'inconscient, sous l'angle du danger qu'il peut représenter, mais a fortiori
déterminer, de manière préalable, quel danger il pourrait faire apparaître et impliquer.
® L'hypothèse même de l'inconscient semble remettre en cause en effet la souveraineté que le sujet
possède sur lui-même en cela qu'il pose comme « inconscient » certains de nos comportements et de
nos passions.
Hors il faudra nécessairement en quoi cette dépossession de soi, si elle en est une, peut
constituer un danger, et pour qui.
® Si donc l'inconscient correspond à la part obscure de notre être, alors la question morale va devoir
clairement se poser : comment en effet concilier inconscient et responsabilité ?
Problématique
Dans quelle mesure l'inconscient, dans ce qu'il apporte de part d'obscurité au sein même de l'homme, peut-il
constituer un danger ? Est-ce définir essentiellement l'inconscient en le réduisant à un danger ? Pour qui constituet-il un véritable danger ?
D'un point de vue moral, cette dépossession de la maîtrise totale de soi, que semble être l'inconscient, ne
constitue-t-elle pas le plus grand danger quant à la notion de responsabilité, et donc en creux de celle de liberté ?
Plan
I-
L'inconscient : une dépossession de soi qui rabaisse l'homme au rang d'animal
·
·
·
Avec la découverte de l'inconscient, affirmée par Freud, s'accomplit de façon encore plus
décisive et radicale de la dépossession du sujet, à travers la mise en question de sa souveraineté.
La conscience de ses actes, de ses désirs, est en effet la condition requise d'un éventuel
contrôle sur eux et c'est la conscience encore qui peut donner un sens à l'idée de responsabilité.
Etre responsable, c'est en effet pouvoir répondre de soi, et c'est de ce pouvoir que la conscience
morale témoigne lorsqu'elle juge ou condamne, affirmant ainsi la possibilité d'une maîtrise de soi sur
soi.
Or, avec Freud, la psychanalyse pose, au contraire, qu'une majeure partie non seulement de
nos actes, mais encore de nos pensées et de nos désirs, échappe à toute conscience effective et
est, par conséquent, inconsciente.
C'est du coup devoir renoncer à l'idée de la toute-puissance du
sujet.
C'est même en un certain sens, comme on a pu le faire remarquer, autoriser le triomphe du
point de vue de l'autre – souvent plus clairvoyant – sur soi.
® « Tu crois savoir tout ce qui se passe dans ton âme […] C'est de cette manière que la
psychanalyse voudrait instruire le moi.
Mais les deux clartés qu'elle nous apporte : savoir, que la
vie instinctive de la sexualité ne saurait être complètement domptée en nous et que les processus
psychiques sont en eux-mêmes inconscients, et ne deviennent accessibles et subordonnés au moi
que par une perception incomplète et incertaine, équivalent à affirmer que le moi n'est pas maître
dans sa propre maison.
» Freud, Essai de psychanalyse appliquée, « Une difficulté de la
psychanalyse ».
La notion est donc en cela dangereuse car elle dépossède le sujet de la souveraineté qui la
souveraineté.
Dépossession qui a fortiori est synonyme d'animalisation.
® Alain, Eléments de philosophie, L.II, ch.
XVI, note 146 : dans ce texte, Alain rapproche.
»
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