La nature humaine est-elle, d'après vous, responsable de la violence entre les hommes ?
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«
La nature humaine est-elle, d'après vous, responsable de la violence entre les hommes ?
La question soulève le problème de l'inné et de l'acquis.
Est-on naturellement agressif ? Vous devez vous
engager.
L'interrogation vous interpelle : « d'après vous ».
Nous allons envisager plusieurs possibilités.
1.
La nature humaine est par essence agressive :
– Thèse de Hobbes : « L'homme est un loup pour l'homme.
»
Le droit se ramène à la force.
Tous les moyens sont bons pour obtenir ce que l'on désire.
Hobbes passe à juste titre pour l'inventeur du libéralisme politique et de
l'idée moderne de démocratie.
Il conçoit en effet la loi comme une règle
extérieure aux actions individuelles, dont elle garantit simplement la
sécurité, et fonde le pouvoir politique sur le droit de l'individu.
1.
L'état de nature
A.
La guerre de tous contre tous
Hobbes veut être le Galilée de la science politique, par l'application des
principes de la physique à la société.
Il ne considère que les forces en
présence, portées par les individus.
L'état de nature – fiction théorique
et non description historique – représente l'état des forces individuelles
en l'absence de tout pouvoir politique.
Dans cet état, chaque individu poursuit sa conservation, poussé par
trois passions fondamentales : la peur de la mort violente, la soif de
pouvoir et la défiance à l'égard d'autrui (possible agresseur).
Pour
assurer sa sécurité, chacun dispose d'un droit illimité sur toutes choses
et tout homme.
C'est le droit de nature.
Tout est permis, jusqu'au meurtre.
L'état de nature, c'est la guerre.
Mais tous y sont égaux, car la force est instable : celui qui domine aujourd'hui peut être surpassé demain par
une alliance ou par une ruse.
Rien n'est sûr, la crainte est générale.
B.
Naissance de la raison et sortie de l'état de nature
Mais l'homme, s'il est « un loup pour l'homme » (Léviathan), est un loup intelligent.
L'angoisse de la mort
pousse les hommes à anticiper, à tout faire pour réduire le danger.
Elle est donc la racine de la raison : faculté
de calculer, d'imaginer des moyens, de peser les risques, en vue d'une décision.
Cette rationalité pragmatique conduit l'homme à quitter l'insupportable état de guerre.
D'évidence, la cause
en est le droit illimité de chacun.
Il faut donc y renoncer.
Mais cela n'est efficace que si tout le monde le fait.
Chacun s'engage donc par contrat avec chacun à renoncer à son droit naturel.
Pour garantir ce contrat (par la
menace de la force), on désigne un tiers, le souverain, à qui l'exercice du droit est confié.
Ainsi le pouvoir politique, qui garantit la paix civile par la loi et le glaive, naît-il d'un acte volontaire, d'un
contrat dicté par la raison.
Il n'est que la condition de coexistence des forces individuelles.
C'est un produit de
l'art humain – non pas une institution naturelle ou divine.
L'homme n'est pas sociable, c'est l'intérêt qui le
pousse à s'associer.
2.
Le Léviathan
A.
Absolutisme...
Le contrat fait accéder la multitude inorganisée à l'état de république ; c'est l'unité de tous en une seule
personne artificielle qui les représente" : le « Léviathan » (cf.
la Bible, Job, 41).
Chacun doit se reconnaître
auteur de tout ce que celui-ci fait, concernant la paix et la sécurité commune.
Le droit du souverain est illimité, incontestable.
La sécurité étant le bien suprême, l'État, qui n'existe que pour
l'assurer, a un droit absolu.
L'absolutisme apparaît ainsi comme la conséquence de l'individualisme.
Obéissance est due au Léviathan, qui n'est lié par aucun contrat, mais a été créé pour les garantir tous entre
les individus.
Toute opposition à sa volonté menace l'ordre civil.
Limiter son pouvoir, c'est risquer sa
déstabilisation et la rechute dans la guerre civile.
B.
...
ou libéralisme ?
On peut parler ici d'absolutisme dans la mesure où, passé le premier contrat, l'État est omnipotent et dicte la
loi aux individus, devenus des sujets.
Mais l'État ne doit pas oublier son devoir et sa fin : la paix civile.
On ne saurait lui désobéir légalement mais la rébellion peut être, de fait, une sanction.
Ce n'est pas un droit
de révolte, mais la possible autodestruction du corps politique, si son fondement ultime est violé.
Le souverain
ne peut y être indifférent.
Bien plus, les individus peuvent à tout moment reprendre leur droit naturel.
L'État doit alors les écraser.
Mais
il ne doit pas oublier que la force d'un souverain dépend aussi du bonheur des sujets, qui sont libres « dans les.
»
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