«La mort n'est rien pour nous.» Qu'en penser ?
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet:
PENSÉE: Faculté de connaître, de comprendre, de juger, de raisonner, qui est censée caractériser l'homme, par
opposition à l'animal.
Synonyme d'entendement, de raison.
PENSER: Exercer une activité proprement intellectuelle ou rationnelle; juger; exercer son esprit sur la matière de
la connaissance; unir des représentations dans une conscience.
MORT: Du latin mors, «mort».
Cessation complète et définitive de la vie.
Seul parmi les animaux, l'homme se sait
mortel: cruelle certitude qui limite son horizon et l'oblige à composer avec sa propre disparition, comme avec celle
des êtres auxquels il est attaché.
Pour Platon, la mort est un «beau risque à courir».
Dans le Phédon, Socrate
définit la mort comme la séparation de l'âme et du corps; délivrée de sa prison charnelle, l'âme immortelle peut
librement regagner le ciel des Idées, patrie du philosophe.
Épicure tient la mort pour un non-événement, puisque
jamais nous ne la rencontrons.
Tant que nous sommes en vie, la mort n'est pas; et quand la mort est là, c'est nous
qui ne sommes plus.
Pour Heidegger au contraire, la vie humaine s'inscrit dans la finitude: «Dès qu'un humain vient à
la vie, il est déjà assez vieux pour mourir».
Problématique:
C'est l'argument dit "du sacrifice".
On peut se sacrifier pour une cause juste, mais on peut se tromper sur sa
légitimité.
Dire que des hommes se sont sacrifiés ne prouve rien, et peut même cacher le secret sentiment de
l'inutilité profonde de leur propre vie, de sorte que la "cause" n'est qu'un prétexte.
La mort, au sens biologique, marque la fin d'une existence individuelle.
Elle signifie donc un terme, une limite fixée à
ce qui a une durée.
La mort étant un rien, ce qui n'existe pas ou plus précisément ce qui est de l'autre côté de
l'existence, peut-elle être pensée ? La mort n'est-elle pas, en effet, ce qui se dérobe à moi ? Dans une nouvelle de
Sartre qui date de 1939, un personnage nommé Pablo, qui est sur le point d'être fusillé, cherche à jeter sa pensée
de l'autre côté du mur, de manière à concevoir sa mort.
En vain, car de l'autre côté, il n'y a rien de pensable.
Comment se projeter au-delà de ce qui est ?
Certes, je peux assister à la mort de mon ami et souffrir de le voir mourir.
Mais sa mort n'est pas la mienne.
Elle me
reste étrangère.
Il m'est impossible de faire l'expérience de ma propre mort.
La mort, ne pouvant être sentie ou
ressentie, ne peut être connue.
Et quand je suis mort, je ne suis plus là pour en parler.
Seul un ressuscité pourrait
nous parler de la mort.
L'apôtre Jean est le seul à raconter le miracle d'une vraie résurrection : celle de Lazare.
Or,
ce dernier, qui a séjourné au royaume des morts pendant trois jours et trois nuits et qui a enjambé à rebours le seuil
de la mort.
reste étrangement silencieux.
Qu'a-t-il donc appris sous la terre pour garder ainsi le silence ? Comment
parler, en effet, du vide et du non-être ?
Ne faut-il donc pas, avec Jankélévitch, considérer que la plénitude de l'existence est plus forte que la mort et que
penser le non-être équivaut à une non-pensée ? Parler de la mort, n'est-ce pas encore parler de la vie ?
On peut toutefois se demander si la mort n'est qu'un événement qui nous est extérieur.
Ne fait-elle pas, d'une
certaine manière, partie de nous ? Notre être-pour-la-mort ne se révèle-t-il pas dans l'expérience du temps qui
passe, de ce présent qui se passéifie sans cesse ? Notre conscience n'est-elle pas ce pouvoir de néantiser ce qui
est ? Avoir conscience, n'est-ce pas, en effet, se séparer de soi ? La mort n'est-elle pas inscrite au plus profond de
nous, comme une certitude inséparable de notre destin ? N'est-ce pas, dès lors, elle qui donne un sens et une
valeur à notre vie ?
Il n'y a pas que la mort au sens biologique.
On peut, pour traiter ce sujet, songer à d'autres thèmes philosophiques
comme « la mort de la philosophie » (la fin des systèmes philosophiques), « la mort de l'art » (la fin de l'art sacré et
donc de la fascination exercée par l'art), « la mort de Dieu » (citation de Nietzsche), « la mort de l'homme » (la fin
de l'anthropocentrisme, le sujet détrôné avec, en particulier, la découverte freudienne de l'inconscient).
Quelle stratégie à adopter ?
Pourquoi faudrait-il penser à la mort ? telle est la question qui s'impose pour pouvoir commencer la réflexion.
La
premier réponse à cette question est penser à la mort pour s'y préparer.
On peut ici songer à Pascal, qui, dans la
pensée 194 (édition Brunschvicg), critique l'imprévoyance de l'athée..
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