La moralité consiste-t-elle à se contraindre soi-même ?
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Qu'est-ce que la moralité ? Qu'est-ce qu'être moral ? Faut-il se faire violence pour avoir une conduite morale
et éthique ? Si la moralité ne se fonde que sur un rapport de force entre soi et soi-même, quelle peut-être sa
valeur ? Agir moralement rendrait plus souvent malheureux qu'heureux s'il fallait toujours se contraindre et se
forcer.
En même temps, avons-nous une sorte de tendance " naturelle " qui nous porte à agir moralement ?
Une espèce d'instinct éthique ? Le plus fréquemment, ne doit-on pas lutter au contraire contre nos impulsions
égoïstes ou individualistes ? On est donc en face d'une difficulté que l'on pourrait exprimer en ces termes : si la
morale n'est pour nous qu'une affaire de contrainte, la vertu et l'éthique sont le résultat d'un conflit permanent
qui fait perdre de sa valeur à la morale en la réduisant à une lutte de chaque instant mettant l'homme dans
une position à la fois angoissante et pétrie de ressentiment.
D'un autre côté, on ne peut dire qu'il soit aisé
d'agir moralement.
Peut-être que vous devriez alors analyser le terme de contrainte en le distinguant de
l'obligation.
[Être moral, c'est dominer ses instincts et ses intérêts au nom de l'intérêt des autres hommes.
]
Être moral, c'est agir par devoir et se contraindre soi-même
Dans les Fondements de la métaphysique des moeurs, Kant distingue
les actions qui sont accomplies par intérêt des actions qui sont
accomplies par devoir.
Les secondes seules sont morales.
Le bien pour
Kant n'est jamais un objet.
Ni la santé, ni la richesse, ni l'intelligence ne
sont indiscutablement des biens car tout dépend de l'usage bon ou
mauvais que je déciderai d'en faire.
Une seule chose est bonne
inconditionnellement (toutes les consciences sincères l'accordent),
c'est la bonne volonté, autrement dit l'intention morale.
Voici deux
commerçants qui ont établi un prix fixe, le même pour tout le monde si
bien qu'un enfant achète chez eux à tout aussi bon compte que
n'importe qui.
Ces deux commerçants agissent identiquement.
La
matière de leur acte est la même.
Mais la forme de l'acte peut différer.
L'un d'eux par exemple n'agit conformément au devoir que par intérêt
pour conserver une nombreuse clientèle.
L'autre ne se contente pas
d'agir conformément au devoir, il agit par pur respect pour la loi morale.
C'est ce dernier seul qui agit moralement, c'est-à-dire dans une bonne
intention.
Pour Kant le contenu matériel de l'acte n'est pas ce qui
détermine le jugement moral.
Ainsi «ce qui fait que la bonne volonté est
telle ce ne sont pas ses oeuvres ou ses succès».
Il n'y a que l'intention
qui compte, et alors même que la bonne intention «dans son plus grand
effort n'aboutirait à rien, elle n'en brillerait pas moins, ainsi qu'un joyau,
de son éclat à elle comme quelque chose qui a en soi sa valeur tout entière».
Il faut contraindre ses instincts
La moralité consiste donc à se contraindre, à refuser de suivre l'«inclination immédiate» qui nous pousse à
faire ce qui est dans notre intérêt, même si cela implique de tromper les autres ou de faire le mal.
Or, suivre
son devoir, être honnête, n'est pas un mouvement naturel (les animaux ne sont pas «honnêtes»); cela
requiert un effort sur soi-même, une soumission des instincts aux principes moraux.
L'homme vertueux refrène ses passions
Les critiques adressées aux passions sont aussi diverses que les motifs de les exalter.
Un inventaire exhaustif
des griefs avancés au cours de l'histoire de la philosophie serait pour le moins fastidieux.
Nous n'en retiendront
que les plus significatifs, que nous classerons en fonction de leurs principes de référence.
Un premier critère est la menace qu'elles font peser sur la liberté.
Les passions aliènent le sujet, le
dépossèdent de lui-même, le rendent esclave de son corps ou de son imagination.
Cette nocivité envers la
personnalité même du passionné est à mettre en rapport avec la dimension de permanence de l'attachement
passionnel, ou encore son caractère circulaire et donc insatiable : le désir à peine assouvi, il ne tarde pas à
se réveiller, il s'affermit même du fait de sa satisfaction, au point que la quête de l'objet de la passion s'avère
interminable, confine à l'infini.
Un second principe de référence est son caractère irrationnel.
La personne se trouve submergée par un flot
irrépressible qui manifeste la domination du corps ou de l'imagination sur la raison, pourtant seule instance
légitime pour la connaissance et l'action.
Inversant la hiérarchie des principes constitutifs de l'être humain, les
passions vouent l'homme à tous les excès.
Un troisième et dernier critère est le caractère proprement immoral de la passion.
Ce principe peut à son.
»
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