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La morale peut-elle rendre immoral ?

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Par conséquent, on peut se demander si la vie sortirait grandie d?un tel renoncement. En effet, toute violence soit elle, la morale nous permet au moins de ne pas sombrer dans l?autodestruction que constituerait (comme le monte brillamment Hobbes dans les premiers chapitres du Léviathan) la restitution pour chaque individu de la pleine et entière jouissance de ses droits naturels. Autrement dit, si la morale, même conventionnelle et arbitrairement érigée au profit des plus faible, est nécessaire, peut-elle encore rendre immoral ?   3-      Parce qu?elle est formellement ultra exigeante, la morale peut rendre immoral (= une seule action bonne a-t-elle jamais été accomplie ?)     a)      L?impératif catégorique Selon Kant, la morale commande catégoriquement : « tu dois parce que tu dois ». On retrouve à travers un tel autoritarisme le « relent de cruauté » que dénonce Nietzsche. Pourtant le problème pour Kant n?est pas de dresser la généalogie de la morale mais d?en étudier la forme rationnelle (sa détermination pure, a priori) : la morale ne peut s?accommoder de règles hypothétique en ce que ces dernières sont empiriquement conditionnées, c?est-à-dire qu?elles affectent pathologiquement la volonté (elles sont du types « si ? alors »). La morale dans sa forme épurée ne s?intéresse ni au bonheur ni au plaisir qui pourrait résulter de telle ou telle action. Dès que des motifs intéressés entrent en ligne de compte, l?action cesse aussitôt d?être morale et la volonté n?est plus bonne. C?est à partir de cette détermination de la morale que l?on peut être amené à soutenir l?idée que la morale peut rendre immoral ; non seulement elle est effectivement une violence faite aux penchants sensibles (le devoir humilie l?amour propre), mais surtout elle semble difficilement praticable (nous ne sommes pas de pures âmes).

« Analyse du sujet : - - - Il s'agit de s'interroger sur un paradoxe : comment la morale entraînerait-elle l'immoralité, c'est-à-dire sa propre négation ? Pour donner sens au sujet, il convient de remarquer que la morale n'est pas une simple qualité, ne se réduit pas au fait d'être moral.

Dès lors, une disjonction peut s'instaurer entre morale et moralité, entre un ensemble constitué de normes et de valeurs (pensable à part des individus qui s'y conforment) et la qualité des actions rapportable à cet ensemble, la morale en tant qu'elle est pratiquée par un sujet. Mais cette distinction ne résout pas à elle seule le paradoxe soulevé : comment la qualité morale pourrait être rendue possible par la morale ? Comment cet ensemble de règles et de valeurs pourrait-il engendrer l'immoralité de l'agent qui veut s'y conformer ? Il convient alors de remarquer que l'action dite « morale » ne l'est que d'un certain point de vue : elle peut entrer en conflit avec une morale autre.

Autrement dit, il ne faut pas présupposer une morale unique et absolument donnée, mais s'attacher à sa pluralité ; ainsi une morale donnée peut rendre immoral aux vues d'une morale différente.

C'est la notion de règle ou de normes qu'il faudra aussi interroger : ce qui détermine la conduite d'un individu peut-il être absolument bon, conforme à une valeur absolue, de sorte que la morale est unique et ne permet nullement d'être immoral dès lors que l'on s'y conforme, ou bien, peut envisager une morale plurielle qui soit telle qu'elle permet l'immoralité, c'est-à-dire des actions qui ne tombent sous le coup d'aucun jugement de valeur objectivement et universellement valable ? Enfin, l'enjeu d'un tel sujet = le bien et le mal sont-ils des concepts absolus ou relatifs, donnés à l'homme ou posés par lui ? Problématique : On admet volontiers que l'égoïsme et la faiblesse de la volonté vis-à-vis de ses passions rend immoral.

Poser que la morale serait responsable de l'immoralité paraît ainsi contradictoire : comment pourrait-elle être à l'origine de sa propre négation ? Pourtant on sait que la morale est un ensemble de règles et de normes fortement contraignantes.

Tout comme l'état est le monopole de la violence légitime et recourt donc au même moyens que ceux qu'il entreprend de supprimer, la morale ne pourrait-elle pas rendre immoral au sens où elle serait elle à l'instar de l'état, l'instance légitime de l'immoralité ? La morale peut-elle rendre immoral ? Peut-elle être responsable du mal ou l'homme est toujours immoral de par son propre fait, sa propre volonté ? 1- SEULE L' IGNORANCE DU VRAI BIEN REND IMMORAL Pour Socrate, l'homme ne commet le mal que par ignorance : c'est parce que la science du bien est seule à même de fonder l'action morale que ce lui qui agit mal ne le fait pas volontairement.

Autrement dit, erreur (cognitive) et faute (morale) sont une même chose.

Telle est la thèse défendue dans le Protagoras.

Contre l'idée selon laquelle, on peut faire le mal en ayant connaissance du bien ( = en sachant ce que dit la morale) sous le coup des passions, Socrate montre que les passions n'ont d'effets que ceux que notre ignorance leur concède : un bien apparent (le plaisir) motive l'acte mais non le bien véritable. Transition : Il y a donc une contradiction à poser que la morale peut rendre immoral : dès lors que l'on sait ce qui est conforme à la moral, il est impossible de se comporter en sens contraire.

Ce qui explique l'immoralité, c'est simplement l'absence ou le défaut de science (la plaisir immédiat et sensible confondu avec le bien véritable, objet de l'intellect). Cependant, Aristote disait de l'intellectualisme socratique qu'il était en désaccord avec les faits : on peut savoir très exactement ce que pose la morale et pourtant, fléchir face à ses désirs en raison de leur force actuelle (exemple : je sais que les bonbons en quantité trop importantes sont nocives pour la santé, et j'approuve l'interdit d'abus qui en découle, et pourtant, que des bonbons me soient, offert, je cède à la tentation car je sais aussi que les sucreries sont douces et agréables = pas de défaut de science mais disjonction du savoir et du vouloir). En conséquence, la morale en elle-même, ne suffit pas à rendre moral ; mais alors peut-elle pour autant rendre immoral au sens où elle serait en elle-même cause de production de l'immoralité ? Comment penser qu'elle puisse aboutir à sa propre négation, se retourner contre elle-même ? Tout le problème est alors celui de son effectivité, de sa praticabilité. 2- LA MORALE, PRODUIT DE LA FAIBLESSE, REND IMMORAL AU REGARD DE LA NATURE a) Le juste selon la nature Contre Socrate, Calliclès, personnage du Gorgias, prend le parti de la nature contre la loi, de la force contre les normes de conduite (bien et mal, juste et injuste).

En effet, pour le sophiste, il est juste et bon, selon la nature, que le plus fort ait davantage que le plus faible.

Défenseur d'une aristocratie physique, il pose que la loi, de par sa généralité, ne prend nullement en considération les prestations effectives : le plus fort et la faible sont égaux face de sorte que la morale rend immoral le faible : ce dernier, grâce à l'artifice de la loi, dépouille alors le plus fort de ce qui lui revient naturellement en raison de sa force. b) Cruauté et volonté de faire souffrir De façon plus radicale, Nietzsche défend lui aussi la thèse selon laquelle la morale rend immorale au sens où elle est. »

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