La morale peut-elle être totalement désintéressée ?
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Analyse du sujet :
D'un point de vue conceptuel : «morale» : désigne un ensemble de règles qui portent sur le devoir-être.
C'est la discipline qui peut guider nos actions et conseiller nos choix.
La morale, ou éthique, connaît trois écoles :
L'éthique des vertus : C'est l'éthique de Grecs antiques, présente dans la philosophie de Platon et Aristote.
Elle ne pose pas de règles d'actions (fait ceci, mais pas cela...) mais des maximes portant sur le caractère
personnel.
Elle préconise de cultiver ses vertus, celles-ci guidant nos choix par la suite.
Il faut donc cultiver ses
talents, se donner des modèles auxquels on estime devoir ressembler, pour viser un but : le bien, la justice, le
bonheur.
Le problème de l'éthique des vertus est qu'elle dépend de deux choses : une essence humaine perfectible,
et des traits de caractères dont dépendent nos actes.
Or, ces deux notions sont contestées de nos jours.
L a téléologie ou le conséquentialisme : Contient également une branche nommée : utilitarisme moral.
Consiste à choisir, non selon des règles, mais d'après les conséquences connues de nos choix.
Il s'agit de se donner
un but : augmenter le degré de bien-être dans le monde (selon Jeremy Bentham), ou ne jamais nuire à autrui (selon
John Stuart Mill), et de faire ses choix en sélectionnant l'option la plus adéquate à ce but.
Cela permet de résoudre
quelques conflits moraux que l'éthique des vertus, ou la déontologie, laissent de côté.
Un exemple célèbre des
philosophes utilitaristes est le suivant : Un conducteur de bus a un grave problème ; ses freins ne marchent plus, il
peut tourner, mais pas s'arrêter.
A un carrefour, il a le choix entre tourner à droite, où une petite fille traverse la
rue, ou à gauche, alors qu'un marché regroupe plusieurs dizaines de personnes.
Si le conducteur de bus ne va ni à
droite ni à gauche, il fonce dans un mur et tue tous ses passagers.
Que faire ? L'injonction : «Tu ne tueras point!»
n'est d'aucune utilité.
L'utilitariste dira : «Tue le moins de monde possible, de façon, soit à diminuer le moins possible
le bien-être dans le monde, soit à nuire au moins de monde possible.» donc, le chauffeur de bus doit choisir
d'écraser la petite fille.
L a déontologie ou morale : Est celle qui nous intéresse dans ce sujet.
Elle consiste à choisir, non en
fonction d'un but, ou d'après des conséquences, mais d'après des règles choisies.
Le décalogue (les dix
commandements) présent dans la Bible (Exode 20; 2-17 et Deutéronome 5; 6-21) est une déontologie parmi
d'autres.
Une grande partie du Coran, qui joue le rôle de code pénal dans bien des pays, relève également de la
déontologie.
Il s'agit de maximes qui décident des actions à suivre.
Le problème de la déontologie est qu'elle laisse
de côté les conséquences (un exemple kantien : la maxime morale «ne pas mentir» s'applique-t-elle lorsqu'un
assassin vous demande où est l'ami que vous cachez chez vous et qu'il veut tuer?)
«peut-elle» : On introduit ici le verbe pouvoir.
Utiliser la distinction entre droit et fait.
On sait que chez
Kant, par exemple, la morale doit être désintéressée.
Mais il s'agit de savoir si ce désintéressement est possible de
fait.
«totalement» : Est ici synonyme de «complètement» ou «parfaitement».
S'il reste la moindre trace d'intérêt
personnel, la réponse à ce sujet sera un non catégorique.
«désintéressée» : Le désintéressement est l'absence de prise en compte de tout intérêt personnel dans
une situation de choix moral.
Cela est plutôt étrange, car le désintéressement me demande de choisir sans pour
autant m'impliquer personnellement, ce qui semble paradoxal.
Ce sujet fait certainement appel à Kant, car il est le
plus grand penseur du désintéressement moral.
Problématisation :
Si un homme aide un inconnu, il y a au moins deux interprétations possibles : soit il obéit à une morale qui lui
demande de faire passer autrui avant lui-même dans certaines circonstances, soit il flatte son ego en faisant en
sorte de correspondre à une image positive qu'il a de lui-même.
La motivation n'est pas quelque chose d'anodin car,
si dans ce cas précis deux inclinations différentes (altruisme et égoïsme) ont le même résultat, ce ne sera pas le cas
dans d'autres situations.
La question se pose donc : la morale peut-elle être totalement désintéressée ? D'un
côté, on pourrait dire que puisque la morale doit valoir pour chacun, elle doit faire abstraction des intérêts
personnels.
Cependant, comment faire un choix, moral ou non, sans y introduire de motivations personnelles : Un
acte non égoïste est-il possible ? Si l'abstraction que demande la morale est une des conditions de son
universalisation de droit, il se pourrait que seuls nos intérêts soient capables de nous incliner vers la morale, même
s'il n'est pas forcément impossible de tenir ensemble les deux bouts de cette apparente contradiction.
Plan suggéré :
I – La morale doit être désintéressée pour être universelle.
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