La morale peut-elle être ramenée à ce qu'Auguste Comte appelle l'altruisme ?
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La morale peut-elle être ramenée à ce qu'Auguste Comte appelle l'altruisme ?
Ces trois sujets ont d'étroites relations.
Le premier consiste dans un simple exposé, les deux autres dans
une discussion de la morale positiviste.
En ce qui concerne la discussion, l'altruisme étant un sentiment,
on voit que la question rentre dans la critique générale des doctrines sentimentales.
Pour l'exposé, on va
résumer ci-dessous les grandes lignes de la morale de Comte.
De tous les philosophes contemporains, Comte est peut-être celui qui a le plus contribué à mettre en
crédit cette idée que la question morale est une question sociale.
Tout en accordant dans ses préoccupations de penseur et de réformateur de la société une large place à
la morale, Comte n'a jamais considéré qu'on dût en faire une science particulière, encore moins qu'elle
devînt l'objet de recherches théoriques, d'une étude de principes.
D'une part il n'y a pas dans ses oeuvres
de traité de morale ; ses idées sur la question sont disséminées dans tous ses écrits.
D'autre part elles
ont un caractère éminemment pratique : Comte n'a jamais pensé qu'il y eût un intérêt quelconque à
chercher sur quoi se fonde le devoir, ce que c'est que la conscience, la responsabilité, etc.
Sa morale est
une prolongation de la sociologie.
On sait l'importance qu'il attachait à cette science et aux applications
pratiques qu'on en peut faire ; il comptait sur ces applications pour réformer progressivement l'état social
et amener l'ère du bonheur universel.
La morale en est une à ses yeux : c'est bien une des questions
sociales, pas autre chose.
Toute la morale, selon Comte, repose sur un sentiment : l'altruisme.
Il est la fin de la vie humaine ; la loi
morale se ramène à cette formule : vivre pour autrui.
Ennemi des recherches théoriques, Comte ne songe
pas à justifier ce principe par des raisonnements a priori; il se borne à constater les faits.
Toute
l'évolution humaine, dit-il, se résume dans les progrès de l'altruisme ; il est la civilisation même ; il est le
fait social primitif, donc, à plus forte raison, le principe moral.
Et les progrès de ce sentiment ont été
provoqués par deux causes concourantes : d'une part le développement organique des sociétés, les faits
économiques tels que l'échange, la division du travail qui ont rapproché les hommes comme par une action
extérieure ; d'autre part les progrès de la réflexion qui les ont amenés à comprendre de mieux en mieux
les bienfaits de la société.
L'altruisme a pris naissance dans la famille ; et aujourd'hui encore c'est la
famille qui en est la meilleure école.
Le progrès moral des choses l'a étendu ensuite au petit groupe social
formé d'un agrégat de familles, et c'est ainsi qu'est né le patriotisme.
Un progrès ultérieur a enfin permis à
l'homme d'étendre son horizon, de reculer au delà des frontières nationales les limites de sa sympathie, et
de s'élever de l'amour de la patrie à l'amour de l'humanité.
Sous cette dernière forme, l'altruisme est
parfait, et quand l'amour de l'humanité sera le sentiment prédominant et universel, la morale aura atteint
son couronnement.
Dans l'application, c'est-à-dire dans la morale pratique, Comte fera tout converger vers ce but : le
développement de la vie sociale.
Toutes les vertus, vertus personnelles, familiales, etc., sont
subordonnées à la vertu par excellence qui est le dévouement à la société.
Il en résulte une conséquence
importante : c'est que l'individu est sacrifié au groupe.
L'idée la plus surprenante de la morale de Comte,
très cohérente d'ailleurs avec l'ensemble du système, c'est la négation absolue du droit.
Pour Comte,
l'idée de droit est une idée fausse et funeste ; fausse parce qu'elle part de la conception erronée qui
attribue une valeur intrinsèque à la personne ; funeste en ce qu'elle fournit à l'individu un prétexte de
révolte contre la discipline sociale.
L'individu n'a pas de droits, sinon ceux que lui confère l'État, et qui
sont une délégation des droits de l'État omnipotent ; il n'a que des devoirs.
On n'oubliera pas que la morale qui vient d'être brièvement résumée se complète, dans le système
positiviste, par la religion de l'Humanité, religion inventée par Comte, et qui tenait une si grande place
dans les idées qu'il conçut pendant la seconde période de sa vie, sous l'influence de Clotilde de Vaux..
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