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La morale n'est-elle qu'un ensemble de convention ?

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« VOCABULAIRE: MORAL(E): Moral: 1) qui concerne la morale.

2) qui est conforme aux règles de la morale; opposé à immoral. Morale: ensemble des règles de conduite -concernant les actions permises ou défendues- tenues pour universellement et inconditionnellement valables. [Introduction] « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà » : la formule de Pascal peutelle valoir en morale ? Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà. (Pensées) Pascal s'en prend ici au caractère relatif, conventionnel de la justice humaine.

Les lois varient d'un État à l'autre.

La justice des hommes n'est pas universelle au contraire de la justice divine. En apparence, ce n'est pas impossible : la lecture de quelques récits de voyages, les informations obtenues sur des moeurs particulièrement exotiques et lointaines peuvent nous faire penser qu'après tout, notre morale n'est qu'une parmi d'autres, et que chacune n'est qu'un ensemble de conventions, globalement assez arbitraire et dont il serait impossible de découvrir un fondement solide.

Un tel soupçon peut même être formulé à l'égard des morales, souvent d'origine religieuse, qui s'affirment à vocation universelle : il n'est guère évident que les valeurs chrétiennes soient automatiquement respectables pour un Indien d'Amazonie (non baptisé).

Mais on doit aussi, en contrepartie, se demander si l'on peut se contenter de concevoir la morale de la sorte : constituée seulement de conventions, ne risque-t-elle pas d'apparaître, non seulement variable, mais surtout modifiable en quelque sorte à la demande ? En sorte qu'il est peut-être nécessaire, si l'on entend que la morale soit solide, de la fonder plus sérieusement. [1— Des conventions apparentes] [A.

Dans le temps] Il suffit d'examiner l'évolution historique des moeurs pour constater que cette dimension quotidienne de la morale peut varier en fonction des organisations sociales et des époques.

Ce qui paraissait nécessaire ou moralement contraignant à un Grec de l'Antiquité (qu'il s'agisse des devoirs envers les dieux ou des règles de la politesse familiale ou sociale) nous semblerait aujourd'hui, si nous prétendions nous y plier, assez étrange.

Plus gravement, une pratique normale de l'Antiquité comme l'esclavage nous paraît moralement inacceptable et condamnable, et lorsqu'Aristote considère que le statut d'esclave ne peut qu'être bénéfique aux « Barbares » puisqu'il les oblige à s'initier à la langue et aux moeurs des Grecs, nous avons quelque difficulté à admettre son point de vue (sauf à le mettre sur le compte d'un humour particulièrement noir, qui n'existe pourtant pas en son temps). Dans la société occidentale, n'a-t-on pas admis, et durablement, qu'une exécution capitale peut être un spectacle attirant ? Et il ne s'agissait même pas de prétendre qu'elle pouvait avoir une portée exemplaire : les mondains qui, dans le premier tiers du XXe siècle, vont voir « la veuve » trancher les têtes, se soucient davantage du restaurant où ils iront ensuite fêter l'événement que de sa signification moralisante...

Transformer la punition officielle et ultime en un spectacle nous paraît aujourd'hui inacceptable, voire malsain, mais de telles réactions sont en fait très récentes. [B.

Dans l'espace] Le même constat d'une variabilité apparente des normes morales peut aisément être effectué en comparant différentes cultures.

La façon dont les Aztèques arrachaient le coeur des victimes, lors des sacrifices religieux, peut paraître singulièrement cruelle et « immorale » pour un Occidental, tout comme les rituels d'anthropophagie de certaines sociétés indiennes. Montaigne a pu signaler à ses contemporains que leurs moeurs paraîtraient aussi déroutantes aux « cannibales » que celles de ces derniers leur semblaient étranges ou « inhumaines ».

C'est qu'une société aurait tendance à considérer que seules ses normes ont quelque valeur, et a beaucoup de mal à admettre qu'ailleurs on puisse vivre, agir et se comporter en en respectant d'autres : l'ethnocentrisme est sans doute l'attitude du monde la mieux partagée, et elle risque d'influencer jusqu'à notre jugement moral.. »

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