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La morale n'est-elle qu'un commentaire des mœurs?

Publié le 15/10/2023

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« DS n°5 de Philosophie : Sujet 1 : La morale n’est-elle qu’un commentaire des mœurs ? Diogène de Sinope, considéré comme le plus notable des cyniques, nie intégralement les mœurs Athéniennes, en vivant près de la nature, dans une jarre et dénudé, et se pose à l’encontre de la morale Athénienne, en vivant comme un marginal et nie la morale comme construction contingente de la société, afin que les athéniens se conforment aux mœurs.

Il choque souvent ses contemporains par des actes que ces derniers jugent immoraux, comme l’onanisme en public. Cependant, Diogène le cynique se promène avec sa lanterne dans tout Athènes en proclamant : « pouvez-vous me dire où il y a un vrai homme à Athènes » devant des Athéniens.

Par cette formule, il fonde paradoxalement la morale autour du commentaire des mœurs, mais ne opposition à ces derniers, celui de ne trouver aucun Athénien avec des mœurs naturelles, ni vertueuses.

Cependant, dans son mode de vie et dans sa vie, il se défend de définir ce qu’est la morale, et donc d’en faire « des commentaires » positifs.

Alors, le sujet nous invite à nous demander s’il est possible pour la morale se détacher du commentaire.

Le commentaire peut renvoyer à l’énonciation de la correspondance de la conduite avec les mœurs, à quelque chose qui relève du langage, liée éminemment à ce dernier et qui ne pourrait s’en détacher.

Cela peut être un précepte, ou un code, [une loi extérieure, ou bien également intérieure], mais aussi un jugement, tel l’expression consacrée : « a-t-on besoin de tes commentaires ? », sous un ton d’indignation, ou d’énervement, le sujet pose alors la question di jugement extérieur sur notre propre conduite, commentaire peut renvoyer, à la description d’une façon dont il faut procéder pour avoir une conduite morale, en ce sens, il s’agirait d’examiner le lien entre les mœurs et la morale.

Les mœurs et la morale possèdent la même étymologie latine, à savoir mos, ou au pluriel mores, l’habitude, la coutume, alors ces notions renverraient à une coutume, voire une convention sous forme de commentaire écrit ou orale de l’action morale.

Il est possible de se questionner sur le caractère institutionnel ou non de la morale, dans quelle mesure elle est conventionnelle, de manière tacite, implicite, ou écrite et énoncée, dans quelle mesure doit-elle être intrinsèquement un « commentaire ».

Cependant, la morale désigne une direction à adopter pour la conduite de l’individu, comme ce qui structure l’action, et les valeurs, la morale peut être, non seulement la façon de se conformer aux mœurs, mais aussi la façon de bien mener sa vie, de se conformer à son devoir, ou bien à se sacrifier pour Autrui, se résoudre et faire des concessions à son égard ; ou alors au contraire à bien mener sa vie, à conduire sa vie.

Alors, il est possible de se questionner à propos d’une supposée unicité de la morale, que suppose le quantifiant « qu’un commentaire » mais surtout au sujet de l’univocité de la lecture de la conformité ou non avec les mœurs , également de son degré de détachement par rapport aux mœurs.

Il est envisageable que « les commentaires » puissent être multiples.

De plus, le commentaire des « mœurs », des lignes collectives d’action, des habitudes suppose une certaine rétroactivité de la morale, comme s’il n’était possible de l’établir qu’a posteriori, comme jugement une fois l’action réalisée, la morale n’est-elle qu’un récit au sujet d’une action passée.

La tournure sous forme de restriction soulève le caractère incomplet de cette question, soit du fait d’une résignation, soit d’une opinion ferme.

Cette interrogation est éminemment paradoxale, double, puisqu’elle peut être à la fois prononcée dans un contexte, une personne qui s’interroge , perdu, recherchant un absolu moral qu’il ne peut trouver, comme une résignation, un abandon à l’absolu, adoptant le relativisme.

« Après tout, la morale n’est-elle qu’un commentaire des mœurs ? ».

Il s’agirait d’une perplexité à l’égard du multiple des situations et des contextes.

Ou bien elle pourrait signifier également une perplexité à l’égard d’une univocité d’un seul code moral en vigueur qui fonde toutes les mœurs : « La morale n’est-elle que ce commentaire des mœurs ? », puisqu’il est le seul en vigueur.

Les interrogations que soulève cette question mettent dos à dos la déontologie kantienne, avec un précepte unique qui fonde toute morale, un commentaire, et le relativisme moral. En conséquence, nous nous demanderons : Dans quelle mesure la morale se fonde à partir de préceptes, d’interprétations qui relèvent du langage ? La morale ne se situe-t-elle que par rapport, de manière corroborée ou en opposition aux mœurs ? Ou autrement : dans quelle mesure la morale peut-elle se passer de commentaire pour se constituer? Premièrement, nous étudierons en quoi la morale ne se limite pas à un unique commentaire des mœurs, mais en quoi le « commentaire » formulé entre la société et l’individu peut constituer la définition de la morale, entre pression de la société, et conscience de l’individu de sa présence dans la société. Deuxièmement, nous verrons en quoi la morale est constituée à partir d’une tentative de dépassement du simple « commentaire des mœurs » par la prescription.

Enfin, nous étudierons en quoi la morale se définit et consiste dans le détachement du langage et de tout commentaire pour être pleinement. Etudions en quoi la morale ne se limite pas à un unique commentaire des mœurs, en quoi autour du commentaire, la morale lient individus et sociétés .

La morale ne se confond pas au « moralisme », tel que défini par Hegel.

Le « moralisme » est le commentaire des philosophes, des penseurs, des autorités religieuses à l’égard d’un code de conduite auquel l’individu doit se conformer, comme une ligne directrice absolue et unique qui doit guider et être al cause de toutes les actions des individus.

Hegel procède à la critique du moralisme, qui ne définit qu’une seule vérité de la morale, et a la prétention de détenir la vérité morale absolue, et de pouvoir dicter et commenter les actions de tous de manière univoque à partir de cette « morale ».

De plus, dicter une morale absolue, et commenter tout écart par rapport à une morale absolu et exigeante tend à provoquer le fait que la morale n’est plus, se vide de son sens et du fait de son caractère inapplicable, devient une fiction, dont on loue les héros, qui ne sont plus des hommes du fait de leur perfection.

Ils deviennent figures sacrées, comme Jésus qui fixe la morale judéo-chrétienne dans la bible.

Ces figures sont sacrées, comme des idées régulatrices vers lesquelles tendre, du fait même qu’elles soient parfaites, ne condamnent pas l’imperfection et les fautes, et pardonnent.

Au contraire ; dans le cas d’une morale trop stricte et qui proscrit davantage qu’elle ne prescrit, et du poids des commentaires de cette morale, la morale n’est plus, relevant de trop de critères comme l’énonce Nietzsche dans par-delà le bien le mal, inapplicable, et les individus se résignent à ne pouvoir appliquer une fiction inaccessible.

La morale ne peut provenir d’un unique commentaire directeur de consciences, une autorité d’un individu sur les autres, du fait même qu’il soit un sujet imparfait.

Toute prescription morale qui a la présomption d’être absolue vide de son sens la morale et l’anéantit.

C’est ce qu’énonce La Rochefoucauld dans ses Maximes , il affirme que le moraliste qui a la prétention de fonder une loi morale absolue et unique est à la fois hypocrite, parce qu’il ne peut appliquer sa morale, et prolonge sa réflexion jusqu’à affirmer que tout être humain qui se revendique de « la morale », ou qui « fait la morale », selon l’expression consacrée, commente les actions des autres, est hypocrite et souhaite générer des apparences fausses, de plus, ce n’est que par ce qu’il nomme « amour propre » que l’individu tend à imposer sa morale unique et commenter et porter un jugement désapprobateur à l’égard des actes qui ne correspondent pas à ses mœurs, et souhaite par-là se montrer et s’exposer comme supérieur aux autres hommes.

Cependant, si « le moralisme » est une limite à la définition de la morale comme : « un commentaire des mœurs », appliquer ce que préconise La Rochefoucauld ne revient-t-il pas à nier la pertinence d’une ligne directrice extérieure de la conduite, qui peut s’avérer constructive pour l’identité ? De plus, le commentaire de la société et de ses membres, ne constitue-t-il pas la fondation de la morale ?. Dans ce sens, Platon, dans la République, à travers le personnage de Thrasymaque, expose à une expérience de pensée, l’expérience de l’anneau de Gigès.

Gigès rencontre sur sa route un anneau qui rend invisible aux yeux des autres, de la société, et ainsi il cède à la tentation de nier la morale, en tuant le roi, et épousant la reine de son pays.

Cette expérience invite à réfléchir à propos du poids et de l’importance du « commentaire »,.... »

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