La morale est-elle une affaire de sentiments ?
Publié le 01/02/2023
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Corrigé du bac blanc : La morale est-elle une affaire de sentiments ?
On dit souvent d’une bonne personne qu’elle a bon cœur.
Inversement un être cruel est un cœur de pierre.
Cela laisse
entendre que le bien et le mal renvoie à une capacité à s’émouvoir, à ressentir.
On pourrait alors penser à première vue que la
morale, c'est-à-dire la distinction entre le bien et le mal, est avant tout une affaire de sentiments, ces derniers étant les guides
qui nous permettent de savoir ce qui est bien et de le faire.
Mais à bien y réfléchir cela pose problème car nos sentiments sont
variables, changeants, et même différents selon les individus.
Suivre ses sentiments pour distinguer le bien du mal signifierait
alors suivre un guide très subjectif, relatif, qui pourrait nous induire en erreur.
Peut-être que pour distinguer le bien du mal, il
faudrait alors moins laisser parler son cœur qu’écouter sa tête et faire un effort de réflexion rationnelle.
Ainsi on pourrait
penser que la morale serait davantage une affaire de raisonnement que de sentiment.
Cependant il est clair que réfléchir ne
nous rendra pas nécessairement bon.
On peut tout à fait être intelligent et être méchant et il semble que le simple
raisonnement est moins fort que l’émotion pour incliner à bien agir.
Alors on pourrait douter du fait que le recours à la simple
réflexion parvienne à nous faire préférer le bien au mal sans appel à l’émotion.
Alors la morale est-elle une affaire de
sentiments ? Si oui ceux-ci permettent-ils de distinguer objectivement le bien du mal, ou bien la morale est-elle plutôt une
affaire de raisonnement, et si oui ces derniers sont-ils suffisant pour nous conduire à bien agir ? La sensibilité est-elle vraiment
nécessaire et suffisante pour distinguer le bien du mal et préférer le bien au mal ou faut-il lui préférer une autre faculté, comme
la rationalité, pour penser et respecter la morale ?
Afin de répondre à ces questions nous verrons dans un premier temps que la morale semble avant tout découler de
nos sentiments.
Nous verrons dans un second temps que les sentiments sont également liés à notre éducation, que par
conséquent ils sont nécessairement variables et subjectifs et qu’il est donc impossible de fonder sur eux des valeurs morales
susceptibles de faire un accord universel.
Enfin nous verrons que les sentiments sont des états psychologiques, et qu’en
définitive la morale est moins une affaire de sentiments que d’action : ce qui compte c’est d’agir en conformité avec la morale,
non simplement d’éprouver des émotions.
Dans un premier temps on peut bien affirmer que la morale est en grande partie une affaire de sentiments.
En effet, de
fait, nous jugeons et nous agissons en fonction de nos sentiments dans le domaine des affaires morales.
Il semble de prime abord que nos conceptions du bien et du mal sont liées et expriment nos sentiments : ce qui est
mauvais renverrait d’abord aux comportements qui nous dégoûtent, et à l’inverse ce qui est bien serait ce qui nous réjouit et
les comportements qui suscitent en nous une forme d’admiration et d’approbation.
Lorsqu’une pratique nous dégoûte ou nous
effraie nous en venons rapidement à dire qu’elle est moralement condamnable, indigne, et qu’elle ne devrait pas exister : face
au meurtre ou à la violence gratuite nous éprouvons pour la plupart une forme de dégoût et de répulsion.
Nos conceptions
morales sont liées à des émotions, donc il est clair que la morale est une affaire de sentiments.
De plus les émotions aident souvent à faire ce qu’on pense bien.
On peut l’observer par exemple avec les variantes de
l’expérience de Milgram.
Plus le sujet de l’expérience est physiquement proche de la personne à qui il croit envoyer des
électrochocs, et donc plus il peut éprouver d’empathie à son égard, moins il aura tendance à augmenter les chocs.
Les
sentiments empathiques apparaissent ainsi comme des facteurs favorisant la moralité.
C’est pourquoi selon Rousseau, c’est
bien un sentiment naturel, la pitié qui est l’origine et le fondement de notre morale.
Pour bien agir selon Rousseau il serait bon
de suivre avant tout nos émotions, et avant tout ce qui relève de la pitié, et plus celle-ci sera grande plus nous serons à même
de bien agir.
Si ce sont des sentiments qui nous poussent avant tout à faire le bien et à nous détourner du mal, alors la morale
est bien une affaire de sentiments.
Ainsi notre conscience morale est de part en part liée à nos émotions et nos sentiments, c’est en fonction d’eux que
nous agissons et c’est en fonction d’eux que nous pensons le bien et le mal.
Cependant, nous ne ressentons pas tous les mêmes
sentiments.
Ces derniers ne sont-ils pas trop subjectifs pour distinguer objectivement le bien du mal ?
Quand bien même la morale est une affaire de sentiments, il serait dangereux de la réduire uniquement à cela.
En effet
pour déterminer le bien et le mal il faut aussi faire usage de sa raison pour réfléchir.
En effet, si seuls les sentiments sont censés nous dire ce qui est bien et mal, alors il est évident qu’il n’y a aucune vérité
en morale et qu’il est impossible de dire que certaines actions sont vraiment bonnes ou mauvaises.
En effet les sentiments
sont relatifs à chaque personne, ils sont par définition subjectifs.
Certains peuvent ressentir du dégoût et d’autres de la joie
face à une même action.
C’est ce que notait Montaigne quand il parlait d’ethnocentrisme : « chacun appelle barbarie ce qui
n’est pas de son usage ».
Si on se contente de juger le bien et le mal en fonction de nos sentiments qui sont souvent liés à
notre éducation et notre culture d’appartenance, alors nous ne nous mettrons pas d’accord sur ce qui est bien et mal.
Beaucoup
d’Amérindiens du 16e siècle n’étaient pas choqués par l’anthropophagie alors que bon nombre d’Européens étaient scandalisés,
pleins de dégoût, de peur, d’indignation voire de colère devant une telle pratique.
De nos jours certaines personnes éprouvent
du dégoût ou de la haine en voyant des homosexuels s’embrasser dans la rue ou voyant des femmes court vêtues.
Ils se sentent
mal face à cela.
Mais cela signifie-t-il que se promener en mini-jupe ou que manifester son homosexualité est immoral ? En se
basant sur les sentiments, les peurs, les aversions et les désirs, pour juger le bien et le mal des uns et des autres, il est évident
qu’on ne pourra jamais dire objectivement ce qui est bien ou mal.
En effet un sentiment est par définition subjectif, et n’est ni
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vrai ni faux, il ne prouve rien.
Il y a des gens qui prennent plaisir à faire du mal aux autres, cela ne signifie pas que faire souffrir
les autres gratuitement est moral.
Pour déterminer objectivement ce qui est bien ou mal on devrait alors faire usage de notre raison.
En effet la raison est
la faculté....
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