La morale est-elle la science du bonheur ?
Extrait du document
«
INTRODUCTION.
- Tous les moralistes admettent que la morale est la science du bien.
Mais en quoi consiste le bien
P Se ramène-t-il au bonheur, c'est-à-dire à la pleine satisfaction des tendances humaines ?
I.
THÈSE : La morale est la science du bonheur.
— En effet, l'expérience nous le montre, il n'y a qu'un ressort de
notre activité : le plaisir ou le bonheur qui n'est qu'une synthèse de plaisirs.
Celui qui prétendrait établir une morale
de la pure vertu ou du devoir légiférerait pour un être irréel.
DISCUSSION.
- S'il est vrai que la morale doit conduire l'homme au bonheur, il ne s'ensuit pas que son rôle unique
soit de déterminer où se trouve le bonheur.
Elle a pour fonction essentielle de déterminer où est le bien.
II.
ANTITHÈSE : La morale se désintéresse du bonheur : elle n'est que la science du bien.
— Pour fixer quelle doit
être la conduite de l'homme, elle n'a pas à prévoir les conséquences heureuses ou malheureuses qui en résulteront
pour lui.
La grande maxime de la morale est : fais ce que dois, advienne que pourra.
Cette formule rappelle immédiatement l'idée Kantienne de l'impératif catégorique.
Premier rapprochement à faire,
mais aussi précision à établir : le point commun est bien l'idée que le devoir s'impose absolument; mais Kant insiste
autant et plus sur cette autre idée que la notion de devoir se suffit à elle-même, idée que la formule proposée
n'implique pas.
La formule est par contre très voisine de celle de Corneille : « Faites votre devoir, et laissez faire aux
dieux », et ce nouveau rapprochement fait ressortir l'idée qu'il y a lieu de négliger les conséquences lointaines, pour
songer uniquement à l'impératif présent : se soumettre à des décrets qui nous dépassent, c.-à-d., plus ou moins
nettement, fatalisme.
Mais pour que l'application de cette idée soit possible, il faut admettre que nous connaîtrions
sans équivoque ce qu'est notre devoir.
On arrive ainsi à la discussion centrale : le devoir se définit-il sans un
contenu, donc sans des finalités, et « ce qui adviendra », ne devient-il pas l'élément essentiel de cette définition ?
On aura alors le moyen de situer l'idée, et de déterminer ce qui doit en être retenu.
DISCUSSION.
- La morale est, il est vrai, la science du bien avant d'être la science du bonheur.
Mais le moraliste
ne peut pas se désintéresser du bonheur de celui qui fait bien, car le plus grand des bonheurs est d'avoir fait le
bien.
III.
SYNTHÈSE : La morale est la science du bien, d'où résulte le bonheur.
— Agir moralement consiste à chercher le
bien pour lui-même, sans viser explicitement au bonheur, qui résulte de la pratique du bien.
Mais le lien entre le bien
et le bonheur n'est pas accidentel comme celui qui existe entre une bonne conduite en classe et la bonne note qui
la récompense; il est essentiel, et le bonheur suit nécessairement le bien, puisque le suprême bonheur est d'avoir
fait le bien.
Par suite, la morale, science du bien, est aussi la science du bonheur, qui suit nécessairement le bien.
CONCLUSION: Le bonheur est comme l'estime des hommes: il fuit ceux qui le poursuivent.
Cherchons le bien, et
nous serons heureux: c'est parce qu'elle est essentiellement la science du bien que la morale est aussi indirectement
la seule science du bonheur..
»
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