La morale est-elle contraire à la nature humaine ?
Extrait du document
«
VOCABULAIRE:
Définition des termes du sujet:
CONTRAINTE : Force ou coercition extérieure qui empêche l'action volontaire.
Ne pas confondre avec obligation,
qui émane de la volonté.
MORAL(E):
Moral: 1) qui concerne la morale.
2) qui est conforme aux règles de la morale; opposé à immoral.
Morale: ensemble des règles de conduite -concernant les actions permises ou défendues- tenues pour
universellement et inconditionnellement valables.
Le candidat veillera à distinguer la morale comme un ensemble de règles extérieures à un individu et auxquelles
celui-ci adhère par conviction religieuse ou autre et le fait d'agir moralement, c'est-à-dire par pur respect du devoir.
Dans les deux cas, la morale ne nous contraint pas, mais nous oblige.
Le sujet humain reste libre et a toujours la
possibilité de désobéir.
La morale a des exigences qui entrent souvent en contradiction avec nos désirs, nos aspirations personnelles.
En ce
sens, elle peut apparaître comme une contrainte.
Par « le suis obligé de », on entend « Je suis contraint de ».
Mais
c'est oublier que, sans choix, il n'y a pas de liberté et sans liberté, pas de morale.
Comment peut-on, en effet,
qualifier une action de moralement bonne ou mauvaise, si l'auteur de cette action ne possède pas la liberté et n'en
est donc pas responsable ?
Contrairement au droit qui d'une certaine manière contraint, puisque tout manquement au respect des lois est
sanctionné, l'obligation morale n'est jamais contrainte matérielle.
Que faut-il donc entendre par « obligation » ?
L'obligation - terme d'origine juridique - désigne à la fois l'état dans lequel on se trouve par le fait d'être lié, et l'acte
par lequel on consent à entrer dans ce lien.
Dans la culture latine, obliger (obligare) se réfère au droit d'un créancier
à exiger du débiteur le remboursement de sa dette (obliger à ...) et être obligé (obligatus) désigne le devoir du
débiteur de s'acquitter de cette dette conformément à l'engagement pris.
Comme le souligne Nietzsche, le sentiment
du devoir, de l'obligation personnelle, tire son origine « des plus anciennes et des plus primitives relations entre
individus, les relations entre acheteur et vendeur, entre créancier et débiteur » (Généalogie de la morale, II, 8).
Il résulte de ce qui précède que, comme l'affirme Bergson, « un être ne se sent obligé que s'il est libre, et chaque
obligation, prise à part, implique la liberté » (Les Deux Sources de la morale et de la religion).
Lorsque je suis
contraint matériellement à faire quelque chose, je ne me sens pas en conscience obligé de le faire.
Ainsi, je peux
respecter les lois de mon pays par crainte du châtiment, sans pour autant me sentir obligé par ces lois.
Reste que
lorsque je transgresse une obligation morale, j'éprouve du remords.
N'y a-t-il pas là une forme de contrainte ?
Être moral c'est suivre sa nature
En règle générale, la loi morale et la nature se contredisent.
D'un point de vue naturel, le plus grand des maux
est de subir l'injustice et non pas de la commettre.
Pour la loi, il ne faut pas commettre l'injustice.
Les lois
sont ainsi établies par les faibles - et pour eux - en vue de se protéger des débordements de force des plus
puissants.
C'est du point de vue des faibles que la loi décrète ce qui est digne d'éloge ou au contraire
blâmable.
La notion d'égalité dans la justice obéit au même principe : la même loi pour tous, en établissant
une égalité par le bas.
Quiconque n'agit pas comme le fait et le veut la multitude est puni par la loi.
Au
contraire, la nature montre qu'il est juste que le supérieur l'emporte sur l'inférieur, et le plus capable sur le
moins capable.
La nature est le siège d'une lutte de forces, où la plus puissante est destinée à l'emporter et à
dominer.
Les bâtisseurs d'Empires n'ont pas autrement agi, en pillant, massacrant, pour s'approprier et
dominer.
La soumission à la justice égalitaire est donc le fait des faibles, qui craignent les puissants et sont
incapables de dominer.
La morale s'oppose au bonheur
Au XIXe siècle, Fourier concevra une philosophie révolutionnaire, fondée sur la réalisation du désir.
Le
matérialisme de Fourier se masque sous l'apparence d'une philosophie de la providence.
Les attractions, dit
Fourier (et il entend par là l'ensemble de nos désirs), « sont proportionnelles aux destinées ».
Autrement dit,
nos désirs sont l'indice de ce que Dieu attend de nous.
Et la société nouvelle que Fourier veut instaurer est
une société où tous nos désirs seront satisfaits.
Certes, dans notre société, dans ce que Fourier appelle avec
mépris la société « civilisée », chacun ne peut satisfaire ses désirs qu'au détriment d'autrui.
Mais précisément,
il faut changer la société et construire un monde nouveau où les désirs de chacun pourront, sans nuire à.
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