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LA MEMOIRE (cours de philosophie)

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On peut distinguer trois formes de mémoire selon qu'il s'agit de la reproduction d'un mécanisme moteur ou de la réapparition à la conscience d'images anciennes ou de la connaissance de notre propre histoire. La question est de savoir comment sont acquis, conservés et rappelés ces différents souvenirs.
I. LES CONDITIONS DE L'ACQUISITION ET DE L'OUBLI
- A - La mémoire motrice.
L'acquisition des souvenirs moteurs, ou habitudes, dépend essentiellement de conditions physiologiques, comme le montre l'importance des répétitions (cf. loi de Jost). Cependant il est remarquable qu'interviennent aussi des conditions d'ordre affectif et intellectuel : on retient mieux des gestes que l'on fait avec plaisir ; une suite intelligible de mots s'apprend plus facilement qu'une suite inintelligible.
- B - La mémoire représentative.
Bergson distingue la mémoire pure, ou mémoire personnelle, de la mémoire-habitude, en invoquant ce fait que l'acquisition des «images-souvenirs» est indépendante de toute répétition. Cependant il semble qu'ici encore interviennent des conditions biologiques et affectives, car les souvenirs qui se fixent le mieux sont ceux qui nous ont le plus vivement affectés. Cette mémoire dépend aussi de conditions intellectuelles; une perception claire et bien organisée se fixe mieux qu'une perception confuse et désordonnée.

« On peut distinguer trois formes de mémoire selon qu'il s'agit de la reproduction d'un mécanisme moteur ou de la réapparition à la conscience d'images anciennes ou de la connaissance de notre propre histoire.

La question est de savoir comment sont acquis, conservés et rappelés ces différents souvenirs. I.

LES CONDITIONS DE L'ACQUISITION ET DE L'OUBLI - A - La mémoire motrice. L'acquisition des souvenirs moteurs, ou habitudes, dépend essentiellement de conditions physiologiques, comme le montre l'importance des répétitions (cf.

loi de Jost).

Cependant il est remarquable qu'interviennent aussi des conditions d'ordre affectif et intellectuel : on retient mieux des gestes que l'on fait avec plaisir ; une suite intelligible de mots s'apprend plus facilement qu'une suite inintelligible. - B - La mémoire représentative. Bergson distingue la mémoire pure, ou mémoire personnelle, de la mémoire-habitude, en invoquant ce fait que l'acquisition des «images-souvenirs» est indépendante de toute répétition.

Cependant il semble qu'ici encore interviennent des conditions biologiques et affectives, car les souvenirs qui se fixent le mieux sont ceux qui nous ont le plus vivement affectés.

Cette mémoire dépend aussi de conditions intellectuelles; une perception claire et bien organisée se fixe mieux qu'une perception confuse et désordonnée. - C - La mémoire historique. La connaissance que nous avons de notre passé dépend aussi de conditions biologiques (cf.

les amnésies de fixation dans lesquelles on oublie le présent), de conditions affectives (cf.

Rivarol: « la mémoire est toujours aux ordres du cœur ») et de conditions intellectuelles (connaissance de points de repère sociaux, principe de causalité). On voit donc que ces trois formes de mémoire, dépendant des mêmes conditions, ne sont pas réellement distinctes. II.

LE PROBLÈME DE LA CONSERVATION ET DU RAPPEL - A - Explication physiologique. Reprenant une idée de Descartes, selon laquelle la mémoire consiste essentiellement en des «plis du corps», Ribot soutient que: «la mémoire est par essence un fait biologique, par accident un fait psychologique».

Les souvenirs se conserveraient dans le cerveau et seraient rappelés sous l'influence d'une excitation extérieure par association d'idées.

a l'appui de cette thèse Ribot invoque des observations pathologiques telles que les amnésies rétrogrades ou certains cas d'aphasie motrice (cf.

la théorie moderne des localisations cérébrales).

La reconnaissance cl la localisation dans le passé résulteraient d'un processus intellectuel étranger à la mémoire proprement dite qui se confondrait avec l'habitude. - B - Explication spiritualiste. Bergson soutient contre Ribot que la reconnaissance et la localisation sont essentielles au souvenir et que, d'ailleurs, le cerveau est seulement l'instrument du rappel des souvenirs et non celui de leur conservation.

« En droit, dit-il, tout notre passé se conserve» : en fait, seuls réapparaissent les souvenirs qui sont utiles pour l'action présente; les autres restent dans l'inconscient et ne se manifestent que lorsque se relâche notre attention à la vie dont le cerveau est l'organe (par exemple dans le rêve).

- Outre que la notion d'états psychologiques inconscients est bien confuse, on comprend mal comment le cerveau pourrait filtrer les souvenirs et l'expérience montre que ce ne sont pas toujours les plus utiles qui réapparaissent. - C - Explication intellectualiste. En fait on peut se demander s'il y a vraiment réapparition des images du passé et si le souvenir n'est pas plutôt reconstruit.

Cette reconstruction serait l'œuvre de l'intelligence (cf.

par exemple le rôle de l'idée de causalité dans la mémoire historique) qui s'appuierait sur les données du monde extérieur (cf.

le sens concret du mot souvenir), sur des traces corporelles (les images se définissent essentiellement par des attitudes physiologiques) et sur des points de repère sociaux (le calendrier par exemple).

Se souvenir, ce n'est pas voir le passé réapparaître, c'est le revivre, c'est-à-dire plus ou moins le recréer. CONCLUSION Entre une mémoire purement intellectuelle (penser c'est se souvenir) et une mémoire purement corporelle (les coutumes) se situe la mémoire vraie qui est essentiellement affective et n'est qu'une forme de l'imagination.. »

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