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La matière peut-elle rendre compte de l'esprit ?

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« On définit traditionnellement la matière comme ce qui existe hors de nous et qui est perçu par les sens.

A ce titre, les objets du monde qui nous entourent et ce qui les compose peuvent être considérés comme de la matière, avec cette idée d'inertie, de donnée sensible immédiate, déjà-là.

Par opposition, l'esprit renverrait quant à lui plutôt à l'âme, à quelque chose d'immatériel et d'impalpable, traditionnellement considéré comme le principe individuel de la pensée, l'ensemble des facultés intellectuelles et psychiques de l'homme. La question posée, qui nous plonge dans l'opposition classique entre matière et esprit, entre corps et et âme, nous invite à nous demander si la matière peut rendre compte de l'esprit.

On doit donc en somme chercher à déterminer quels pourraient être les rapports étroits qui lieraient deux substances à première vue totalement indépendantes.

Mais est-ce vraiment le cas ? 1- Il semble en effet à première vue que rien ne semble plus éloigné de la matière que ce qui relève de l'esprit, comme l'a pensé Descartes par exemple.

A cet égard, on voit mal comment la matière pourrait rendre compte de l'esprit, tellement ces deux réalités semblent opposées. 2- Cependant, se borner à opposer radicalement ces deux notions peut apparaître stérile.

Ne doit-on pas essayer d'affiner leur définition pour essayer de sortir de cette opposition frontale.

Matière et esprit ne sont-ils pas alors deux aspects d'une même réalité ? 3- Enfin, il faut envisager la question du point de l'évolution des sciences en se demandant ce qu'elles apportent comme élément nouveau pour la réflexion. 1- Deux notions a priori opposées l'une à l'autre La matière désigne d'abord la réalité concrète qui constitue notre expérience sensible.

Pour Epicure, c'est même la réalité fondamentale, composée de différents atomes combinés les uns avec les autres, comme les parties d'un tout qui se présente à nous.

Ainsi, cet arbre devant moi, dont je peux mesurer la taille, toucher l'écorce, sentir l'odeur, etc., est bien réel.

De plus, sous la pluie, en plein soleil ou dans la nuit, il demeure le même, indépendamment de la perception que j'en ai (et donc de la pensée que je formule à son sujet), ce qui nous permet de penser que la matière serait ce qui demeure invariable dans l'objet perçu. La conception de Descartes va de le même sens quand il postule que la matière est la substance des corps, dont l'essence est l'étendue géométrique qui se réduit au mécanisme universel.

Par là, il entend que devant moi se développe un monde tout matériel et mécanique, sans âme, ni intentions cachées, dont je peux rendre compte par une investigation mathématique. La question est alors de savoir ce que cette substance matérielle a à voir avec l'esprit.

Pour Descartes, la réponse est claire : l'esprit, immatériel, est une substance absolument différente de la matière.

Esprit et matière n'ayant rien à voir, on voit mal de quoi cette dernière pourrait rendre compte au sujet de l'esprit, ce « souffle », ce « vent » (d'après l'étymologie latin spiritus) qui anime la pensée humaine et qui lui permet justement de dépasser l'immédiatement donné ou perçu. Descartes pense que le corps est une machine actionnée par l'âme.

Celle-ci est donc le siège de la raison, de la connaissance et de notre expérience du monde.

Sous le nom de «cogito» ou de Moi, elle constitue un sujet autonome et extérieur au monde, parce qu'il n'est pas soumis à la nature ou à la matière.

Kant reprend l'idée d'un sujet transcendantal.

Pour lui, il faut qu'il existe un moi, un sujet de la connaissance avant que toute connaissance ou expérience du monde soit possible. Le Dualisme de Descartes. Descartes, lui, ne constitue ni un univers sans pensée, ni un monde de reflets.

C'est qu'il ne résoud point a priori le problème des origines (comme Lucrèce), et ne considère pas l'homme sans moyens actuels propres (comme Platon).

Il part au contraire d'une situation explorée en un mouvement singulier qui lui fournit une méthode et la conscience par la méditation. Embarrassé d'hésitations et d'erreurs, Descartes se propose de faire table rase des opinions communément reçues.

L'instrument de cette expérience est le doute lui-même.

Si, en effet, quelque chose résiste au doute et s'impose dans l'évidence de la raison, cela pourra être le point de départ de la connaissance.

Aussi le philosophe dirige-t-il d'abord le doute contre les sens et les raisonnements (doute méthodique); il lui donne même un caractère hyperbolique en allant jusqu'à supposer que quelque malin génie voudrait le tromper.

Mais le doute permet à la pensée : 1° de s'affirmer elle-même existante (Je pense, donc je suis), tout en prenant conscience de son imperfection (le fait de douter); 2° de se concevoir essentielle, puisque le jugement d'imperfection suppose la notion du Parfait présente à chaque effort, donc la marque en nous du parfait et l'assurance qu'Il est (véracité divine); 3° de se distinguer du corps (le penseur sait tout de la pensée avant de rien savoir de son corps); d'où la dualité entre la substance pensante (l'âme, l'esprit) et la substance étendue (la matière, les corps). A partir de cette démarche, une double connaissance est possible : celle du. »

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