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La matière explique-t-elle tout ?

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La matière est de l'ordre du sensible, du perceptible. Elle est ce qui est directement et qui ne suppose par la médiation d'une faculté d'abstraction. La matière s'organise suivant un ensemble d'agencement quasi mécanique. Pourtant faire de la matière l'alpha et l'oméga de toute chose n'est-ce pas réduire la vie de l'homme et réduire la liberté et la volonté à néant ? S'il est possible qu'il existe en ensemble de déterminismes réduisant toute explication à l'organisation de la matière à la manière d'une machine peut-on aller jusqu'à dire que la matière à elle seule peut tout expliquer ? Il s'agit alors de comprendre si le matérialisme est une viable en tant qu'explication de l'ensemble des phénomènes agissant dans la Nature.             Si la matière peut être un bon facteur d'explication (1ère partie), cette réduction au machinisme de la vie atrophie toute considération spirituelle (2nd partie) et cela d'autant plus que la notion de matière n'est que conventionnelle et n'exprime aucune réalité (3ème partie).

« Le sujet invite à une critique du matérialisme.

Selon cette thèse, la matière est première et l'esprit second, l'une étant la cause de l'autre.

Dès lors, toutes les manifestations de l'esprit sont réductibles à de simples effets physicochimiques de la matière.

Que l'on songe ici, par exemple, aux neurosciences qui nous montrent que "tomber amoureux" ne serait que le résultat de la libération de certaines molécules ou hormones dans le cerveau...

Le matérialisme est une thèse classique dans l'histoire de la philosophie, ces plus grands représentants sont Épicure et Marx.

Pour ces deux penseurs, la matière est le principe explicatif, l'esprit pouvant être réduite à des composants purement matériels et corporels.

Le matérialisme atomiste d'Épicure permet de montrer l'inanité de la peur de la mort.

De même, pour Marx, ce sont les infrastructures matérielles qui permettent d'expliquer la formation des superstructures spirituelles, ou dit autrement, ce sont les conditions concrètes d'existence qui déterminent les façons de penser.Toutefois, le matérialisme ne consiste-t-il pas dans "l'explication du supérieur par l'inférieur"? En effet, il est permis de penser que la matière présuppose toujours l'activité de l'esprit qui en permet la compréhension, l'intelligibilité.

Cette thèse de l'immatérialisme (chez Berkeley notamment) prétend que c'est l'esprit qui précède et fonde les conditions de possibilité même de la matière.

Être, c'est être perçu.Considérons ce qui se passe chez Épicure avec sa doctrine de l'atome.

On remarquera que l'atome est un atome pensé.

Il n'est rien d'autre en dehors d'une présupposition de pensée, très grecque, au demeurant puisqu'il s'agit d'affirmer que la division de la matière ne peut pas aller à l'infini.

Il faut s'arrêter, comme chez Aristote. Introduction : La matière est de l'ordre du sensible, du perceptible.

Elle est ce qui est directement et qui ne suppose par la médiation d'une faculté d'abstraction.

La matière s'organise suivant un ensemble d'agencement quasi mécanique. Pourtant faire de la matière l'alpha et l'oméga de toute chose n'est-ce pas réduire la vie de l'homme et réduire la liberté et la volonté à néant ? S'il est possible qu'il existe en ensemble de déterminismes réduisant toute explication à l'organisation de la matière à la manière d'une machine peut-on aller jusqu'à dire que la matière à elle seule peut tout expliquer ? Il s'agit alors de comprendre si le matérialisme est une viable en tant qu'explication de l'ensemble des phénomènes agissant dans la Nature. Si la matière peut être un bon facteur d'explication (1 ère partie), cette réduction au machinisme de la vie atrophie toute considération spirituelle (2nd partie) et cela d'autant plus que la notion de matière n'est que conventionnelle et n'exprime aucune réalité (3ème partie). I – Le matérialisme outrancier a) Si l'on peut dire que la matière peut tout expliquer c'est bien comme le pense Lucrèce, dans De la Nature – disciple d'Epicure – que l'âme et de l'esprit sont matériels.

En quoi consiste notre esprit ? Tout en admettant sa fonction directrice et, dans une certaine mesure, son autonomie par rapport aux autres corps, la matérialisme épicurien affirme – puisque toute chose est, selon lui, composée d'atomes et de vide – le caractère strictement matériel de l'âme et de l'esprit, dont les atomes sont plus subtils que ceux des autres corps.

Puisque tout n'est que matière, il est normal que tout phénomène s'explique par un enchaînement réglé des causes et de conséquences entièrement matériels qui ne laisse place qu'à un déterminisme substantiel.

Et c'est bien ce sens que tout sensation ou toute volition ne fait que renvoyer à la matière.

C'est par ailleurs ce qui explique la définition du bonheur épicurien se situe simplement dans la bonne harmonie des parties du corps c'est-à-dire dans une physique de l'atome qui se comprenne suivant un principe de gains et de pertes. b) Ainsi comme le note Epicure dans sa Lettre à Hérodote : Les corps composés sont des agrégations.

Les changements dans « les agrégats » se font de deux manières qui peuvent être distinctes ou simultanées, et qui peuvent faire deux manières d'individuation (contingente & changeante) et de variété dans les corps composés. Chaque corps composé perd et gagne incessamment maints atomes, par exemple par la nutrition et la respiration pour l'animal.

L'atome est défini par la « solidité » : en sa complétude ferme, il est solide, inébranlable et indissoluble.

Epicure n'explique donc pas le changement par la potentialité ou le non-être, mais paradoxalement par l'être et l'individualité plénière, en tant que celle-ci est capable de compositions multiples.

Tout change grâce à des combinaisons hasardeuses d'êtres inchangés. c) L'homme ne serait donc qu'une machine et c'est bien ce que dit La Mettrie dans l'Homme-machine.

Comme le nom du traité l'indique, pour cet auteur, l'homme dans son ensemble n'est qu'une machine : une composition de rouages et de ressorts complexes ; son corps.

Mais même l'âme, qui est au centre du cerveau, est un rouage de cette machine, son premier rouage.

Et les animaux aussi ont une âme.

Cependant, la différence entre les animaux et les hommes est que les hommes ont reçu la loi naturelle c'est-à-dire, en somme, la raison : « Mais puisque toutes les facultés de l'Ame dépendent tellement de la propre Organisation du Cerveau & de tout le Corps, qu'elles ne sont visiblement que cette Organisation même; voilà une Machine bien éclairée! Car enfin quand l'Homme seul auroit reçu en partage la Loi Naturelle, en seroit-il moins une Machine ? Des Roües, quelques ressorts de plus que dans les Animaux les plus parfaits, le cerveau proportionnellement plus proche du cœur, & recevant aussi plus de sang, la même raison donnée […] « Puisque le pensée se développe visiblement avec les organes, pourquoi la matière dont ils sont faits, ne seroit-elle pas aussi susceptible de remords, quand une fois elle a acquis avec le tems la faculté de sentir ? […] L'Ame n'est donc qu'un vain terme dont on n'a point d'idée, & dont un bon Esprit ne doit se servir que pour nommer la partie qui pense en nous.

Posé le moindre principe de mouvement, les corps animés auront tout ce qu'il leur faut pour se mouvoir, sentir, penser, se repentir, & se conduire en un mot dans le Physique, & dans le Moral qui en dépend.

[…] Entrons dans quelque détail de ces ressorts de la Machine humaine.

Tous les mouvemens vitaux,. »

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