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La maîtrise des désirs ?

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« Le Désir Le désir est d'abord la prise de conscience d'un manque, dont la satisfaction procure du plaisir.

Le stoïcisme préconise de discipliner nos désirs si on veut atteindre le bonheur. Platon nous invite quant à lui à nous méfier du désir, car il est insatiable, et de ce fait, source d'insatisfaction toujours recommencée. La volonté Si la sagesse est maîtrise lucide des désirs, le désir ne devient insensé que lorsqu'il prétend subvertir la hiérarchie des valeurs et gouverner l'esprit.

C'est ce que les Grecs appelaient la démesure (l'hubris).

Ainsi Platon décrit-il l'âme (l'esprit qui anime le corps) comme divisée en trois parties: la raison (logos), le courage (thumos), et le désir (épithumia).

Le désir n'est pas condamné en soi; ce qui est condamnable est qu'il veuille prendre le pas sur la raison et décider à sa place de ce qui est désirable.

Dans cette lutte intérieure, le thumos joue le rôle de ce que nous appelons aujourd'hui la volonté.

La volonté est cette faculté qui, éclairée par la raison, donne toute sa puissance au désir légitime et s'oppose de toutes ses forces au désir qui ne l'est pas.

C'est par le jeu de la volonté que se trace la différence entre la passion, qui fait de nous les jouets du désir, et l'action, dans laquelle nous sommes le sujet décidant librement de ses fins. Plaçant au centre de leur morale cette faculté selon eux hégémonique que doit être la volonté, les stoïciens, en l'associant à la raison, y voient la seule instance capable de décider entre ce qui dépend de nous, qui mérite qu'on le prenne au sérieux dans la mesure où c'est cela qui délimite l'espace de notre liberté, et ce qui n'en dépend pas, dont nous ne devons pas tenir compte.

Ainsi le sage peut-il légitimement aspirer à exercer un contrôle actif sur soi.

Cela le prépare à résister aux événements extérieurs à son contrôle, devant lesquels il doit rester impassible.

Dans cette perspective, le contrôle du désir est d'un même mouvement source de sagesse et de bonheur: désirer l'impossible (par exemple, ne pas mourir) est à la fois insensé et source certaine de malheur.

C'est empoisonner sa vie réelle au nom d'une aspiration dont on sait d'avance qu'elle ne sera pas satisfaite.

Il n'est guère plus raisonnable de suspendre son bonheur à des événements incertains.

Selon la belle formule de Descartes, il est toujours plus sensé de travailler «à changer mes désirs que l'ordre du monde». L'usage que nous faisons de notre volonté est ainsi la seule source légitime de nos satisfactions, car il est véritablement la seule source de nos mérites: on est rarement responsable de sa beauté ou de son intelligence, mais on l'est toujours des décisions que l'on prend en s'appuyant sur ce dont la nature et le hasard ont bien voulu nous doter. Le nihilisme Cette volonté de traiter raisonnablement ses désirs ne doit pas être confondue avec les diverses formes de renoncement gratuit, de sacrifice pour le sacrifice, que Nietzsche désigne du nom de nihilisme.

La morale occidentale, selon lui, s'est ainsi singularisée, tout au long de son histoire, par un culte gratuit du dépouillement et un éloge insensé de la privation.

La sagesse du désir a été dérisoirement confondue avec une condamnation de tout désir, voire de toute volonté.

La sagesse a été grimée en ascétisme: la morale qu'elle fonde est en réalité une mutilation de l'existence humaine, qui brise son pouvoir de toujours se dépasser elle-même.

La vraie sagesse, au contraire, ne consisterait pas à renoncer au désir, mais à en comprendre la nature profonde pour l'orienter vers les buts les plus susceptibles de satisfaction: non pas réprimer tout désir parce que c'est un désir, mais travailler à comprendre, envers et contre les aveuglements divers, ce qui est véritablement désiré.

Mais il est vrai qu'un tel programme est plus aisé à formuler qu'à respecter.... »

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