La loi n'est-elle que l'artifice des faibles ?
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«
VOCABULAIRE:
FAIBLE: (adj.) 1.
— En gén.
l'opposition fort/faible sert à désigner une différence de degré dans la qualité ou la
détermination : raisonnement faible (c.-à-d.
peu concluant) ; en psychol.
de la forme, forme faible (c.-à-d.
peu
structurée, opposée à prégnante) ; au sens vulg., une théorie faible est une théorie peu convaincante.
2.
— Pour
NIETZSCHE, l'opposition fort/faible désigne une opposition fondamentale entre deux types d'homme (les maîtres et
les esclaves), entre deux qualités d'être (l'action et la réaction) : morale des faibles, SYN.
de morale du
ressentiment.
LOI (n.
f.) 1.
— (Juridique) Prescription promulguée par l'autorité souveraine d'un pays et dont la transgression
est poursuivie ; synonyme de loi positive ; par analogie, lois divines : décrets supposés émaner de la volonté divine
et gouvernant tant la nature que les actions humaines.
2.
— Par ext., règle suivie avec une certaine régularité dans
une société, et dont la transgression est considérée comme une faute, même si elle n'est pas obligatoirement suivie
de sanctions : les lois de l'honneur, les lois morales.
3.
— Norme à laquelle on ne peut se soustraire : « L'impératif
catégorique seul a valeur de loi pratique » (KANT) ; les lois de la pensée.
4.
— Loi de la nature, loi scientifique : a)
Proposition générale constatant une nécessité objective : tout phénomène a une cause.
b) Fonction math.
permettant, à partir de données initiales, de calculer la valeur de certaines variables, et pouvant servir à la prévision
: « La loi nous donne le rapport numérique de l'effet à la cause » (Cl.
BERNARD) ; les positivistes opposent
l'explication par les causes à celle par les lois dans lesquelles ils voient « des relations constantes qui existent entre
des phénomènes observés » (A.
COMTE).
5.
— Loi naturelle : a) Prescription du droit naturel.
b) Loi de la nature.
La loi désigne tout d'abord (c'est le sens du "droit positif") l'ensemble des règles qui organisent les rapports des
membres d'une même communauté politique.
Montrez ainsi que, contrairement à ce qui se produit dans la nature,
tous sont alors égaux devant la loi et l'on abolit ainsi le règne du droit du plus fort.
En ce sens, le droit semble donc
bien ce qui protège les faibles, ce sur quoi ces derniers peuvent s'appuyer et donc ce qui constitue leur force.
Montrez cependant qu'une telle figure du droit n'est qu'un idéal, un idéal de justice.
Demandez-vous alors si dans les
faits un tel principe est nécessairement respecté.
Demandez-vous en particulier comment s'établit le droit , n'est-il
pas le plus souvent le résultat d'un rapport de forces ? Montrez alors, en vous appuyant sur les analyses de Marx,
que le droit pourrait bien être injuste et constituer en fait un moyen pour les plus forts de dominer les faibles.
Selon Calliclès, la loi est un artifice au service des faibles
Dans le Gorgias de Platon, Calliclès affirme que la loi est un artifice arbitraire.
Elle traduit une morale d'hommes
faibles qui préfèrent la mort à la vie ; elle est faite par la multitude des faibles, dans leur propre intérêt, contre les
forts ; elle ne prône l'égalité que pour abaisser les forts au même niveau que les faibles.
Le droit véritable devrait se
fonder sur la loi réelle et immuable de la nature, qui est la loi des hommes libres et forts.
Telle est la vue du sophiste
Calliclès qui se plaît alors à imaginer un homme suffisamment doué pour secouer, briser, rejeter toutes les chaînes de
la loi positive et fouler au pied les textes écrits.
Cet homme-là, dit-il, qui agirait au nom du « droit de nature »
assimilable à sa force et qui briserait le joug de la loi, serait une espèce de surhomme, un être exceptionnel, s'il en
est.
Il réaliserait la domination du puissant sur le faible.
"Certes, ce sont les faibles, la masse des gens, qui établissent les lois, j'en suis sûr.
C'est donc en fonction
d'eux-mêmes et de leur intérêt personnel que les faibles font les lois, qu'ils attribuent des louanges, qu'ils
répartissent des blâmes.
Ils veulent faire peur aux hommes plus forts qu'eux et qui peuvent leur être
supérieurs.
C'est pour empêcher que ces hommes ne leur soient supérieurs qu'ils disent qu'il est vilain, qu'il est
injuste, d'avoir plus que les autres et que l'injustice consiste justement à vouloir avoir plus.
Car, ce qui plaît
aux faibles, c'est d'avoir l'air d'être égaux à de tels hommes, alors qu'ils leur sont inférieurs.
Et quand on dit qu'il est injuste, qu'il est vilain, de vouloir avoir plus que la plupart des gens, on s'exprime en se
référant à la loi.
Or, au contraire, il est évident, selon moi, que la justice consiste en ce que le meilleur ait plus
que le moins bon et le plus fort plus que le moins fort.
Partout il en est ainsi, c'est ce que la nature enseigne,
chez toutes les espèces animales, chez toutes les races humaines et dans toutes les cités !
Si le plus fort domine le moins fort et s'il est supérieur à lui, c'est là le signe que c'est juste.
De quelle justice Xerxès s'est-il servi lorsque avec son armée il attaqua la Grèce (1), ou son père quand il fit la
guerre aux Scythes ? Et encore, ce sont là deux cas parmi des milliers d'autres à citer ! Eh bien, Xerxès et son
père ont agi, j'en suis sûr, conformément à la nature du droit - c'est-à-dire conformément à la loi, oui, par
Zeus, à la loi de la nature -, mais ils n'ont certainement pas agi en respectant la loi que nous établissons, nous
!
Chez nous, les êtres les meilleurs et les plus forts, nous commençons à les façonner, dès leur plus jeune âge,
comme on fait pour dompter les lions ; avec nos formules magiques et nos tours de passe-passe, nous en
faisons des esclaves, en leur répétant qu'il faut être égal aux autres et que l'égalité est ce qui est beau et
juste.
Mais, j'en suis sûr, s'il arrivait qu'un homme eût la nature qu'il faut pour secouer tout ce fatras, le réduire
en miettes et s'en délivrer, si cet homme pouvait fouler aux pieds nos grimoires, nos tours de magie, nos
enchantements, et aussi toutes nos lois qui sont contraires à la nature - si cet homme, qui était un esclave,
se redressait et nous apparaissait comme un maître, alors, à ce moment-là, le droit de la nature brillerait de
tout son éclat.".
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