La loi et la liberté ?
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet:
LOI (n.
f.) 1.
— (Juridique) Prescription promulguée par l'autorité souveraine d'un pays et dont la transgression
est poursuivie ; synonyme de loi positive ; par analogie, lois divines : décrets supposés émaner de la volonté divine
et gouvernant tant la nature que les actions humaines.
2.
— Par ext., règle suivie avec une certaine régularité dans
une société, et dont la transgression est considérée comme une faute, même si elle n'est pas obligatoirement suivie
de sanctions : les lois de l'honneur, les lois morales.
3.
— Norme à laquelle on ne peut se soustraire : « L'impératif
catégorique seul a valeur de loi pratique » (KANT) ; les lois de la pensée.
4.
— Loi de la nature, loi scientifique : a)
Proposition générale constatant une nécessité objective : tout phénomène a une cause.
b) Fonction math.
permettant, à partir de données initiales, de calculer la valeur de certaines variables, et pouvant servir à la prévision
: « La loi nous donne le rapport numérique de l'effet à la cause » (Cl.
BERNARD) ; les positivistes opposent
l'explication par les causes à celle par les lois dans lesquelles ils voient « des relations constantes qui existent entre
des phénomènes observés » (A.
COMTE).
5.
— Loi naturelle : a) Prescription du droit naturel.
b) Loi de la nature.
LIBERTÉ:
Ce mot, en philosophie a trois sens :
1° Libre arbitre.
Pouvoir mystérieux de choisir entre les motifs qui me sollicitent sans être déterminé par aucun
d'eux.
2° Liberté de spontanéité.
S'oppose non plus au déterminisme mais à la contrainte : état de celui qui agit sans être
contraint par une force extérieure.
3° Liberté du sage.
État de celui qui est délivré des passions et agit à la lumière de la raison.
A.
Fatalisme et déterminisme.
Pour définir la liberté, il convient de distinguer soigneusement le fatalisme qui asservit et le déterminisme qui libère.
Le fatalisme dit cet événement que vous craignez est inévitable ; quoi qu'il arrive auparavant, quoi que vous fassiez
pour l'éviter, il se produira tout de même.
Dans la légende grecque, Oedipe est destiné à être l'amant de sa mère et
à être le meurtrier de son père.
Quels que soient les événements qui le précèdent, le résultat final est « nécessaire
», inéluctable ; il ne peut pas ne pas se produire.
Ainsi le fatalisme rend impossible la liberté humaine.
Au contraire, le déterminisme affirme seulement que les événements sont liés entre eux par des lois constantes et
universelles.
Par exemple, l'échauffement d'une barre de métal produira nécessairement sa dilatation.
Si l'on ne veut
pas que la barre de métal se dilate, il suffit de s'abstenir de la chauffer.
Ou encore, je sais par exemple qu'en
voiture, il me faut beaucoup plus de temps et d'espace pour m'arrêter sur une route humide que sur une route
sèche, et si je veux dans ces conditions pouvoir m'arrêter, il me suffit de réduire ma vitesse.
Le déterminisme ne
rend donc pas impossible la liberté : au contraire, la connaissance des lois causales augmente ma liberté parce que
j'agis alors en connaissance de cause et non par impulsivité.
Nées de l'ignorance, les passions ne peuvent être vaincues que par la
connaissance.
Prenons un exemple : un homme est raciste parce que son
imagination, à une certaine occasion, a lié ensemble l'appartenance à une
certaine race et la méchanceté.
Cette association imaginaire, dont il ignore le
caractère illusoire, s'est faite spontanément en lui à la suite d'une expérience
désagréable, et ressurgit à toute occasion.
Mais la raison lui montre que cette association est une généralisation
abusive, opérée par sa seule imagination ; que la cause réelle de l'outrage
n'était pas la race de l'individu, mais son caractère.
Du coup, sa haine à
l'égard de la race en question disparaît ; même si son imagination continue de
faire l'association, il n'en est plus la proie ; son souvenir désagréable ne se
transformera plus en haine.
Si la raison ne supprime pas totalement la passion*, elle en neutralise au
moins les conséquences.
Son irritation ne se dirige plus sur des causes
imaginaires.
B.
La liberté dans l'obéissance.
Ainsi, pour se libérer, l'homme n'a pas besoin d'un miracle ; il lui suffit d'utiliser
habilement les lois de la nature.
Il lui suffit, par des techniques efficaces, de transformer les obstacles en moyens.
Dans l'un de ses Propos, Alain nous invite à méditer sur l'exemple admirable du navire à voiles qui louvoie.
Les vents
sont contraires et pourtant, cheminant en zigzag, le voilier avance.
Le marin n'a pas eu besoin pour cela de modifier
miraculeusement le cours des vents.
Mais il a utilisé intelligemment les lois naturelles : «L'homme oriente sa voile,
appuie sur le gouvernail, avançant contre le vent par la force même du vent ».
Bacon disait déjà: « ...
s'il se trouve un mortel qui n'ait d'autre ambition que celle d'étendre l'empire et la puissance
du genre humain tout entier sur l'immensité des choses, cette ambition (si toutefois on doit lui donner ce nom), on
conviendra qu'elle est plus pure, plus noble et plus auguste que toutes les autres ; or, l'empire de l'homme sur les
choses n'a d'autre base que les arts et les sciences, car on ne commande à la nature qu'en lui obéissant.
[...]
La science et la puissance humaine se correspondent dans tous les points et vont au même but ; c'est l'ignorance.
»
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