La logique a-t-elle des fondements psychologiques ?
Extrait du document
«
[La logique est la science qui a pour objet
nos actes de pensée.
Ses règles sont donc
des événements psychiques qui relèvent en dernier
ressort de la psychologie.]
Les lois de la logique sont des lois psychologiques
John Stuart Mill, le plus célèbre représentant du psychologisme, considère la logique comme «la science des
opérations intellectuelles».
Empiriste, il privilégie l'investigation de la vérité au détriment de l'aspect purement
formel du raisonnement.
Pour découvrir les lois de la logique, il n'est besoin que d'examiner, par introspection,
la façon dont notre esprit pense et connaît.
Le syllogisme n'est qu'une pétition de principe
Mill s'en prend notamment au syllogisme, joyau de la logique aristotélicienne.
Dans le syllogisme suivant:
«Tous les hommes sont mortels, or, Socrate est un homme, donc Socrate est mortel», le détour par la
proposition universelle («Tous les hommes sont mortels») est superflu.
Celle-ci procède en effet d'une
induction qui conclut abusivement de la mort de nombreux hommes (dont Socrate) à la mort de tous les
hommes.
Les normes logiques sont construites
A partir de l'étude des compétences cognitives des nourrissons et des enfants, Jean Piaget établit que, loin
d'être innées, les normes logiques s'élaborent dans l'interaction du sujet avec son environnement.
Pour le tout
jeune bébé, par exemple, l'objet qui n'est plus perçu cesse d'exister.
C'est seulement vers l'âge de quinze mois
que l'enfant acquiert le principe de la «permanence de l'objet».
[Si elle s'appuyait sur la psychologie,
la logique se condamnerait à des résultats vagues
et subjectifs.
Aussi ne s'intéresse-t-elle
qu'à la forme des raisonnements.]
Lois psychologiques et imprécision
Vouloir fonder la logique sur la psychologie, c'est comme essayer d'élever une tour sur des sables mouvants!
La psychologie, avertit Husserl, ne parvient qu'à des résultats approximatifs et à des présomptions de loi.
Or,
il paraît impossible d'établir des lois universelles sur «un fondement théorique vague».
La logique doit donc
s'affranchir de tout lien avec l'intuition ou l'introspection.
La logique manie des objets idéaux
La logique, en tant que grammaire du raisonnement, fait totalement abstraction de la matière (ou du contenu)
des opérations de l'esprit, pour ne s'intéresser qu'à leur forme (à leur enchaînement).
Pour montrer qu'elle se
constitue sans aucune référence au réel, la logique formelle recourt à des symboles.
«Si tout f est g et si x
est f, alors x est g»: cette formule est vraie, quel que soit le sens assigné aux variables f, g et x.
La logique n'est d'aucun temps ni d'aucun lieu
Les logiciens comme Bolzano ou Frege vont encore plus loin dans leur critique du psychologisme.
Pour eux, les
propositions de la logique formelle sont absolument indépendantes du sujet qui les énonce, et même de tout
sujet humain.
Peu importe que ces propositions soient comprises ou non, et même qu'il existe ou non des
hommes pour les comprendre...
Leur vérité est nécessaire et intemporelle..
»
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