La Libido
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«
[Pourquoi des chefs ?]
«Il ne serait pas raisonnable de croire que les peuples se sont d'abord jetés entre les bras d'un maître absolu sans
condition et sans retour, et que le premier moyen de pourvoir à la suret commune qu'aient imaginé des hommes fiers et
indomptés été de se précipiter dans l'esclavage.
En effet, pourquoi se sont-ils donné des supérieurs, si ce n'est pour
les défendre contre l'oppression et protéger leurs biens, leurs libertés et leurs vie! qui sont, pour ainsi dire, les
éléments constitutifs de leur être Or, dans les relations d'homme à homme, le pis qui puisse arriver à l'un étant de se
voir à la discrétion de l'autre, n'eût-il pas été contre le bon sens de commencer par se dépouiller entre les mains d'un
chef des seules choses pour la conservation desquelles ils avaient besoin de son secours ? Quel équivalent eût-il pu
leur offrir pour la concession d'un si beau droit ? E s'il eût osé l'exiger sous le prétexte de les défendre, n'eût-il pas
aussitôt reçu la réponse...
: "Que nous fera de plus l'ennemi ? Il est donc incontestable, et c'est la maxime
fondamentale de tout droit politique, que les peuples se sont donné des chef pour défendre leur liberté et non pour les
asservir.
Si nous avons un prince, disait Pline à Trajan (1), c'est afin qu'il nous préserve d'avoir un maître.» Rousseau
( 1 ) Trajan : empereur romain
QUESTIONS :
1.
Quelle est l'idée générale du texte ? Précisez, en respectant la structure logique de ce texte, les étapes de son
argumentation.
2.
Expliquez : «un maître absolu» ; «se voir à la discrétion d'un autre» ; «quel équivalent pour la concession d'un si
beau droit» ; «la maxime fondamentale de tout droit politique».
* 3.
Essai personnel : Comment comprenez-vous la différence que Pline établit entre un «prince» et un «maître» et
qu'est-ce qui permet, selon vous, à un peuple d'éviter que le prince ne devienne maître ?
DIRECTIONS DE RECHERCHE
• L'étude précédente nous conduit à penser que nous avons affaire à un ensemble de raisonnements « par l'absurde ».
Étudier donc précisément la progression de l'argumentation.
(Cf.
à un certain moment l'évocation du « bon sens »).
• Que signifie être « à la discrétion de l'autre » ?
• Quelle est l'importance, dans l'argumentation, des notations « d'abord » et « de commencer par » ?
• Qu'est-ce qui prouve, selon Rousseau (et sans même avoir besoin de savoir empiriquement ce qui a pu se passer)
que « les peuples se sont donné des chefs pour défendre leur liberté et non pour les asservir » ?
• Cette dernière assertion est-elle la maxime fondamentale de tout le droit ?
• Pourquoi, selon Rousseau, est-elle la maxime fondamentale de tout le droit politique ?
• Si l'on peut répondre à cette question n'est-il pas alors de « dégager l'intérêt philosophique du texte » ? Si l'on a su
répondre aux autres n'est-il pas relativement facile le d'apprécier la problématique de Rousseau ?
Question 1
Quelle est l'idée générale du texte ? Précisez, en respectant la structure logique de ce texte, les étapes de son
argumentation.
Idée générale
Rousseau répond ici à la question : Pourquoi les sociétés se sont-elles donné des chefs ? Il soutient que ce n'est
certainement pas pour sacrifier leur liberté, mais au contraire pour la préserver.
Articulations logiques
Rousseau conteste les théories politiques selon lesquelles les hommes auraient choisi de devenir «esclaves» de leurs
chefs.
Par opposition à ces théories, il soutient sa propre thèse : les hommes n'ont établi des pouvoirs que pour garantir
leur être, leur vie, leurs biens, leur liberté.
II justifie alors sa contestation initiale : il serait incompréhensible et absurde que des hommes choisissent de se
soumettre à un pouvoir qui ne leur apporterait vraiment rien, qui ne garantirait pas davantage leur être que l'absence
de pouvoir.
Enfin, Rousseau reformule sa thèse centrale et lui reconnaît une valeur de «maxime fondamentale» du droit politique
(cf.
question 2).
Question 2
Expliquez :
«Un maître absolu»
Un chef, un être qui exerce un pouvoir sans limite^qui impose sa volonté sans que rien ni personne ne la borne ou ne
la définisse..
»
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