La liberté selon Spinoza : Le libre arbitre n'est-il qu'une illusion ?

« Spinoza : Le libre arbitre n’est-il qu’une illusion ? Spinoza est un philosophe qui se veut être complet, qui a l’ambition de nous expliquer la totalité de ce qui est. Il s’oppose à Descartes à propos du dualisme, c’est-à-dire l’idée selon laquelle il existe une séparation de la matière et de l’esprit.

Spinoza remet en cause cette dissociation du corps et de l’esprit qui selon lui, n’a pas lieu d’être parce qu’il s’agit seulement de deux attributs d’une substance unique : « Dieu » ou la « nature ». Prenons l’exemple de l’alcool.

Quand on a bu une certaine quantité d’alcool, on subit une altération de nos capacités psychiques, de ce que l’on appelle l’état de conscience mais également de nos capacités physiques.

Ainsi, on se rend compte que le corps et l’esprit sont sans cesse en interaction, intimement liés.

L’un dépend de l’autre, et inversement. Cette vision du corps et de l’esprit que Spinoza propose a une conséquence extrêmement concrète sur son approche de la liberté . Avant d’expliquer pourquoi la liberté, selon Spinoza est une illusion, il paraît nécessaire de définir rapidement pourquoi chez Descartes, la liberté est un présupposé. Selon ce dernier, l’homme possède un libre arbitre, c’est-à-dire une capacité à choisir par luimême qui lui est propre.

Descartes l’appelle le décret de l’âme.

Il le définit non seulement comme la capacité qu’a notre volonté de se déterminer indépendamment des influences extérieures, mais également par le fait d’avoir conscience de son désir. Le libre arbitre, c’est l’indépendance de la volonté à l’égard de la matière, en opposition à l’instinct.

Il est donc fondamentalement lié à cette distinction entre le corps et l’esprit. Et c’est à cet instant là que le monisme de Spinoza fait obstacle au concept de libre arbitre. Alors, pourquoi est-ce que le libre arbitre est une illusion ? Et bien parce que l’homme, parce qu’il est à la fois une être physique et un être doué d’une conscience, pense qu’il est le libre décideur de ses actes. Si l’on suit l’idée selon laquelle le libre arbitre est une illusion, alors l’homme est amputé de toute responsabilité et la justice n’a donc plus lieu d’être.

On s’aperçoit en conséquent que la vision de Spinoza n’est pas viable sur le plan juridico-politique de nos sociétés actuelles. Et pourtant, elle met en évidence quelque chose d’absolument essentiel, qui est que, tout bien considéré, est-on sincèrement maître de nos faits et gestes, de ce que l’on pense et de ce que l’on fait ? Ces deux choses de manière simultané puisque selon Spinoza distinguer le corps et l’esprit c’est ne pas comprendre comment fonctionne l’être humain. Pour Spinoza le libre arbitre selon Descartes n’est pas suffisant, parce qu’en réalité le libre arbitre humain tel qu’il le définit, c’est d’abord une illusion qui vient du fait que l’homme n’a pas conscience de la source de ses désirs ou de ses pensées.

L’homme a conscience qu’il peut décider mais n’a pas conscience des raisons qui l’amène à devoir choisir. Spinoza répond ainsi au libre arbitre cartésien en précisant que certes on a le pouvoir de choisir, mais on n’a a pas le pouvoir de choisir les raisons qui nous poussent à choisir.

Notre choix n’est en fait qu’un choix de surface.

Il repose sur le pur constat d’un désir, d’une affection, d’une envie que l’on subit. L’homme est alors prisonnier de ce que Spinoza appelle le déterminisme.

Le déterminisme c’est l’idée que dans un monde physique tout est soumis à la loi de la causalité.

Toute cause produit un effet qui devient à son tour la cause d’un autre effet, et ce à l’infini. Prenons l’exemple d’un élève de terminale qui passe son bac et décide de s’inscrire en faculté de biologie.

C’est un libre choix.

Mais qu’est-ce qui a mené à ce choix ? Ça peut être pour pleins.... »