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La liberté se réduit-elle à une déclaration des droits de l'homme ?

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« Lorsque l'on définit la liberté on la renvoie à deux versants, l'un métaphysique l'autre politique.

Les droits de l'homme sont un concept selon lequel tout être humain a des droits universels, quel que soit le droit positif en vigueur ou les autres facteurs locaux tels que l'ethnie ou la nationalité.

Le concept de droits de l'homme est par définition universaliste et égalitaire, incompatible tout autant avec l'idée que la construction d'une société meilleure justifie l'élimination ou l'oppression de ceux qui sont censés faire obstacle à cette définition. Les droits de l'homme, comme la démocratie, ont récemment accédé au statut de norme universellement reconnu, il n'est aujourd'hui personne pour les contester en principe, comme ce fut le cas tout au long du siècle dernier et même encore durant le nôtre.

On doit s'en féliciter, pour autant que cette situation traduit « un progrès de la conscience de la liberté », comme eût-il dit Hegel.

Mais elle a une contrepartie sur le plan théorique : faute d'adversaires déclarés, les droits de l'homme encourent le risque de n'avoir d'autre support que le sentiment de leur évidence.

Pire encore elle pourrait se ramener à n'être qu'une idéologie.

La liberté peut elle se réduire à la déclaration des droits de l'homme ? Est-ce que la liberté n'est-elle pas métaphysique avant d'être politique ? Plus encore les droits de l'homme sont-ils porteurs d'une réelle liberté ? Ne sont-ils pas le véhicule d'une idéologie porteuse uniquement d'une égalité politique destinant à masquer des rapports d'asservissement économiques ? La liberté est essentiellement une expérience métaphysique avant d'être politique La liberté n'est-elle pas avant tout, et en dehors des contextes socio-économiques qui traversent la vie des individus, une disposition intérieure.

En cela elle demeurerait une qualité absolue qui ne saurait être limitée par quoi que ce soit. C'est à ce égard que Sartre écrit : « Le concept technique et philosophique de liberté, le seul que nous considérions ici, signifie seulement : autonomie du choix.

Il faut cependant noter que le choix étant identique au faire suppose, pour se distinguer du rêve et du souhait, un commencement de réalisation.

Ainsi, ne dirons-nous pas qu'un captif est toujours libre de sortir de prison, ce qui serait absurde, ni non plus qu'il est toujours libre de souhaiter l'élargissement, ce qui serait une lapalissade sans portée, mais qu'il est toujours libre de chercher à s'évader ( ou a faire libérer ) c'est-à-dire que, quelle que soit sa condition, il peut pro-jeter son évasion et s'apprendre lui-même la valeur de son projet par un début d'action ».

La liberté semble être qualité intrinsèque de l'humanité, de laquelle nous ne serions nous déroger.

La liberté n'a donc pas besoin d'institutions politiques pour être garantie, puisque même un « captif » est fondamentalement libre. Confirmation supplémentaire de ce que la liberté est, non pas « une qualité surajoutée ou une propriété de la nature, mais bien, et même malgré moi « l'étoffe de mon être ».

C'es donc là le signe de la facticité de la liberté elle-même, c'est-à-dire le rappel que « la réalité humaine peut se choisir comme elle l'entend, mais ne peut pas ne pas choisir », qu'elle est donc libre de tout, sauf de ne pas être libre. La déclaration des droits de l'homme comme révélation de la liberté Mais sans espace politique qui la garantisse, la liberté peut-elle réellement exister ? Pour Arendt, « Si, donc nous comprenons le politique au sens de la polis, sa fin ou raison d'être serait d'établi et de conserver dans l'existence un espace où la liberté comme virtuosité puisse apparaître.

Tel est le domaine où la liberté est une réalité du monde, tangible en paroles qu'on peut entendre, en actes qu'on peut voir, en évènements dont on parle, dont on se souvient et que l'on transforme en histoires avant de les incorporer dans le grand livre de l'histoire humaine.

», La crise de la culture.

Autant dire que la liberté ne saurait être une qualité intérieure et encore moins métaphysique.

Elle a besoin de la sphère politique pour venir à jour. Le droit doit ainsi être envisagé comme ce qui garanti objectivement la liberté en lui donnant en un sens une extériorité, une objectivité.

Comme le dit Kant : « le droit est l'ensemble des lois gouvernant des actions libres et déterminées par l'arbitre collectif, par arbitre, j'entends la volonté qui use de la force pour déterminer ».

« Il faut que toutes les lois juridiques procèdent de la liberté de ceux qui ont le devoir de lu obéir.

Car le droit lui-même n'est rien d'autre que la limitation de la liberté humaine (dans son usage externe) à la condition de son accord avec la liberté de chacun ».

Le droit est fondamentalement ce qui garantit la liberté. La déclaration des droits de l'homme confère une vocation privilégiée à la liberté.

L'acte déclaratoire est le fait « constituants » d'une liberté qui s'affirme elle-même et qui s'affirme comme le principe du droit bien que dans la liste des droits déclarés, elle apparaisse comme un droit parmi d'autres, fût-il le premier.

Elle dispose ainsi d'un double statut.

Dans la déclaration française, la liberté qui est présenté à l'article 2 comme un des droits naturels et imprescriptibles (à côté de la propriété, de la sûreté et de la résistance à l'oppression) n'est pas du même ordre que celle qui, à l'article 1, apparaît dans la célèbre formule : « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ».

Celle-ci ou plus exactement l'égalité dans la liberté, est moins au droit que la condition génératrice des droits de l'homme ; elle est absolument distincte de la liberté civile ou personnelle, qui est le premier de ces droits. La liberté naturelle, notion qui peut être dissocié de celle d'un état de nature originaire apparaît comme le fondement métaphysique des droits de l'homme. Le rôle capital qu'a dans la structure des droits de l'homme la liberté en tant qu'acte et d'abord en tant qu'acte de se dire, car en se proclamant libre il se fait libre.

En d'autres termes la déclaration affecte non seulement le contenu des droits de l'homme, mais aussi leur forme : de facto, elle convertit les principes du droit naturel en normes positives, donnant par là même une garantie objective à la liberté. »

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