La liberté peut-elle se définir comme l'obéissance à la raison ?
Extrait du document
«
I.
Introduction
A.
Sens des termes
- La liberté.
Qu'est-ce, maintenant, qu'être libre? Il faut au moins distinguer deux acceptions de cette formule « être libre ».
Au
sens quasi populaire du terme « être libre » signifie « obtenir ce qu'on a voulu ».
Mais, en sa signification plus
philosophique, « être libre » désigne la capacité d'autodétermination, non point la faculté d'atteindre certaines fins.
On notera l'ambiguïté de cette notion, qui peut être définie soit comme libre arbitre, c'est-à-dire pouvoir d'agir à sa
guise, et faculté illimitée de dire oui ou non, soit comme autonomie et soumission aux lois.
- Peut-elle.
Est-il possible.
- Obéissance.
Obéir, c'est se soumettre, se plier et acquiescer.
Ce verbe suggère une idée de passivité.
En effet, obéir désigne
l'acte par lequel nous nous conformons à ce qui est imposé par autrui, à ce qu'il ordonne ou défend.
Ainsi obéit-on à
un maître, à une puissance ou à une loi.
Par exemple, un élève se soumettra à la discipline scolaire collective, un
esclave, à la loi de son maître.
Fondamentalement, on obéit à une nécessité, c'est-à-dire à un enchaînement de
causes et d'effets auquel on ne peut échapper, et qui s'impose à nous par la loi, la violence, la nature, etc.
- Raison : faculté de distinguer le vrai du faux, de bien juger.
Ensemble de principes a priori de la connaissance.
Faculté des principes, indépendante de l'expérience.
B.
Sens du sujet
L'autodétermination humaine est-elle acquiescement à la faculté de juger ?
C.
Problème La liberté et ses limites.
Aspect paradoxal de la question posée : la liberté, dans sa définition idéale, s'oppose a priori à l'obéissance.
II.
Développement.
A.
Choix du plan
A.
Il faut montrer que l'homme ne peut agir vis-à-vis des contraintes qui limitent la liberté que par l'usage de la
raison, qui est l'instrument de leur compréhension.
B.
Tous les développements seront réorientés pour bien faire apparaître l'usage ou l'absence de la raison.
Vous
pouvez vous restreindre à l'exploration de la nature, de la société et du devoir.
B.
Plan
1.
La liberté est la spontanéité sans obéissance à la raison.
En première analyse, la liberté, qu'elle soit explicitée de manière « populaire » ou sous un angle plus philosophique,
semble caractérisée par l'absence de contraintes, de telle sorte qu'on ne saurait simultanément obéir et être libre.
Explorons les diverses facettes de cette liberté idéale.
• Esquissons, tout d'abord, les traits de la liberté dans l'acception populaire du terme : elle est conçue comme libre
arbitre sans contraintes.
Ainsi, dans le Gorgias de Platon, le sophiste imaginaire Calliclès se réfère avec un cynisme
ingénu à cette liberté idéale refoulant toute contrainte, soit externe, soit interne.
Être libre consiste à répudier les
contraintes externes des lois mais aussi celles, subjectives, de la morale, à secouer et rejeter les chaînes de
l'éducation et des lois, à entretenir les plus fortes passions au lieu de les réprimer.
Vivre au gré de ses désirs et
impulsions, sans freins ni limites, telle se présente la liberté idéale du sophiste.
Obéir aux lois, aux commandements
moraux, aux valeurs ? Il n'en est pas question, car on ne saurait à la fois obéir et être libre.
• Qu'en est-il, maintenant, de la liberté sur le plan philosophique ? La liberté est, bien souvent, également conçue
comme un pouvoir de dire oui ou non, pouvoir que rien ne peut limiter.
Choisir sans motif prévalent, sans contrainte
ni raison, caractériserait la liberté.
L'acte gratuit de Gide (figure extrême de cette liberté) illustre et exprime, de
manière concrète, cette conception et cette vision d'un libre arbitre sans limites.
« J'ai longtemps pensé que c'est là
ce qui distingue l'homme des animaux, une action gratuite...
un acte qui n'est motivé par rien » (Prométhée mal
enchaîné, Gide).
Etre libre consiste donc à faire exister un acte au-delà de toutes les raisons : l'acte libre, c'est
l'acte sans maître, l'acte né de lui-même et « autochtone » (issu de son propre sol).
Néanmoins, cette vision de la liberté idéale peut paraître naïve à qui se penche sur la situation concrète de l'homme.
Le libre arbitre, dès lors, ne serait plus qu'un mythe enfantin, stérile ou parfaitement utopique..
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