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La liberté peut-elle être prouvée ?

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« Chaque individu possède au moins un désir, sinon une expérience de ce qu'il nomme liberté.

Le concept est cependant difficile à définir, parce qu'il concerne des domaines apparemment différents- de la liberté de penser à celle d'agir- mais aussi parce que ses acceptations historiques sont variables.

Prouver quelque chose, c'est établir son existence par un raisonnement nécessaire, une démonstration ou par une expérience directe.

Cependant la liberté se définit comme ce qui échappe à la nécessité et à la détermination.

Mais ne peut on pas trouver des signes de la liberté? Pour prouver quelque chose, il faut le rendre nécessaire or la liberté y échappe -La démonstration se définit, elle, en un raisonnement au moyen duquel la vérité de la conclusion est établie selon des raisonnements, à partir de prémisses.

Il faut souligner que dans le mot démonstration on retrouve la racine "monstration"( montrer) qui signifie que le but d'une démonstration est de montrer une vérité à un public, de la rendre acceptable et vraie pour tous. Pour prouver quelque chose, il faut montrer qu'elle est l'effet nécessaire d'une cause.

Cependant la liberté est une cause première, c'est-à-dire qu'elle ne dépend d'aucun autre fait, d'aucune autre cause. La liberté ne peut donc pas se prouver, c'est trouver une cause à une cause et ainsi détruire la liberté. L'acte gratuit est une preuve de la liberté - Chez Gide, l'acte gratuit est une façon de prouver sa liberté.

L'acte gratuit, c'est l'acte qui est accompli sans raison, par seul effet de la liberté.

Ainsi l'acte gratuit n'est pas probant car il peut être conditionné par un motif : prouver la liberté justement. Le héros Lafcadio dans Les caves du Vatican de Gide commet l'acte gratuit ; Lafcadio se rend à Rome par le train et se retrouve seul dans la nuit, ne partageant son compartiment qu'avec un vieux monsieur.

Lafcadio se prend d'une pensée folle qui lui paraît être l'acte absolument libre.

« Là sous ma main, la poignée.

Il suffirait de la tirer et de le pousser en avant.

On n'entendrait même pas un cri dans la nuit.

Qui le verrait...

un crime immotivé, quel embarras pour la police ». - L'absence de motivation d'un acte peut n'être qu'apparente.

Ce n'est pas parce que l'on n'est pas conscient de ses propres motivations, parce que l'on ne veut pas les regarder en face que pour autant ces motivations n'existent pas et ne sont pas agissantes. Ainsi Spinoza voit la liberté comme une illusion : "Les hommes se trompent en ce qu'ils se croient libres; [...] ils sont ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés." " l'Âme est déterminée à vouloir ceci ou cela par une cause qui est aussi déterminée par une autre." Ethique, Livre II. "Mais venons-en aux choses créées qui, toutes, sont déterminées à exister et à agir selon une manière précise et déterminée.

Pour le comprendre clairement, prenons un exemple très simple.

Une pierre reçoit d'une cause extérieure qui la pousse une certaine quantité de mouvement, par laquelle elle continuera nécessairement de se mouvoir après l'arrêt de l'impulsion externe. Concevez maintenant, si vous voulez bien, que la pierre, tandis qu'elle continue de se mouvoir, sache et pense qu'elle fait tout l'effort possible pour continuer de se mouvoir.

Cette pierre, assurément puisqu'elle n'est consciente que de son effort, [...] croira être libre et ne persévérer dans son mouvement que par la seule raison qu'elle le désire.

Telle est cette liberté humaine que tous les hommes se vantent d'avoir et qui consiste en cela seul que les hommes sont conscients de leurs désirs et ignorants des causes qui les déterminent.

C'est ainsi qu'un enfant croit désirer librement le lait et un jeune garçon irrité vouloir se venger s'il est irrité, mais fuir s'il est craintif.

[...]" Baruch Spinoza, Lettre à Schuller Ce que défend ce texte: Spinoza cherche à montrer dans ce texte que les hommes se trompent quand ils pensent être libres.

« C'est ainsi qu'un enfant croit désirer librement le lait, et un jeune garçon irrité vouloir se venger s'il est irrité, mais fuir s'il est craintif.

» De même un ivrogne, écrit Spinoza à la suite de ce passage, « croit dire par une décision libre ce qu'ensuite il aurait voulu taire ».

Or ils se trompent.

Non seulement la liberté est une illusion, mais Spinoza veut montrer que cette illusion est inévitable. Nous sommes tous, en effet, conscients de poursuivre des fins (désirer le lait, vouloir se venger, le mot « fin » désignant ici le motif ou le but), mais nous attribuons la cause de nos désirs à notre volonté libre.

L'homme, en réalité, est placé dans l'ignorance de tout autre rapport de causalité que celui de l'objet et du désir qu'il suscite en nous.

Les hommes se croient donc libres parce qu'ils ont conscience de leurs désirs, mais ils ne pensent pas « même en rêve, aux causes qui les disposent à désirer et à vouloir, parce qu'ils les ignorent », écrivait déjà Spinoza dans L'Éthique. Pour expliquer les raisons de cette ignorance, l'auteur va ici se livrer à une comparaison : imaginons une pierre qui reçoit d'une cause extérieure une certaine quantité de mouvement, suite à cette « poussée », elle continuera de se mouvoir alors même que cette impulsion extérieure aura cessé.

Cette pierre est comparable à l'homme.

Si elle était. »

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