La liberté humaine est-elle limitée par la nécessité de travailler ?
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Analyse du sujet :
Liberté : Avant tout, la liberté désigne l'absence de toute contrainte étrangère et extérieure.
A l'origine : libre
condition de l'homme qui n'est pas esclave, qui dispose de sa personne et participe à la vie de la cité.
La
liberté est un statut, une condition sociale et politique, puis elle devient une caractéristique individuelle et
morale.
Est libre un homme indépendant et autonome qui n'est pas déterminé ou contraint.
Travailler : Action d'effectuer un travail, action en vue d'obtenir un résultat.
La racine latine du mot travail est
trepalium, instrument de torture.
Cette notion est vaste et évolue selon les époques historiques.
Le travail
définit un large panel d'activités humaines socialement rentables : il peut désigner une activité professionnelle
rémunérée autant que l'apprentissage de l'écolier.
C'est une activité qui transforme la nature et qui est
productrice de valeur.
Elle joue un rôle économique et social en tant qu'elle met les hommes en relation.
Le
terme « travail » est donc problématique en soi : puisqu'il désigne plusieurs activités sociales, on peut
s'interroger sur sa signification propre, qui varie selon son sens, c'est-à-dire en fonction de ce qui est entendu
par ce mot.
Il s'agit donc de définir plus précisément ce concept au cours de l'analyse.
Limiter : action de circonscrire, de restreindre.
Ce terme s'oppose au concept de liberté, dont le principe
incarnant l'indépendance est a priori de ne pas être contraint par une volonté extérieure.
Nécessité : dont on ne peut pas se passer, qui est essentiel, incontournable et inéluctable.
Revêt un caractère
d'obligation, d'impératif.
Est nécessaire ce qui ne peut ne pas être.
Ici, la nécessité qualifie le travail.
On
considère donc que le travail est incontournable.
Problématique :
Le problème posé par cette question est de savoir si la nécessité dans laquelle l'homme se trouve de travailler pour
vivre entre en conflit avec sa liberté.
Le travail, considéré comme un impératif social, sans lequel on ne peut
subsister, aliène t-il l'homme au point de restreindre sa liberté ? Ne peut-on pas penser au contraire que le travail
peut devenir un moyen pour l'homme d'exprimer sa liberté à travers la réalisation de quelque chose ? Dans quel cas
le travail commence t-il à poser problème pour le respect de la liberté humaine ?
PRÉALABLE: LA SPÉCIFICITÉ DU TRAVAIL HUMAIN
La nature, marâtre envers l'homme.
a) Pour pourvoir à sa subsistance, l'homme est bien moins armé par la nature que la plupart des autres animaux.
Il
n'a ni griffes pour chasser, ni crocs pour se défendre, ni toison pour se protéger du froid : sa simple survie est déjà
un problème.
b) Le mythe d'un paradis perdu, d'un état dans lequel le travail n'était pas nécessaire (âge d'or du Politique de
Platon, Eden de l'Ancien Testament), évoque par contraste cette dure nécessité.
Travail humain et « travail » animal.
a) Le travail humain implique la conscience d'un projet.
« Une araignée fait des opérations qui ressemblent à celles
du tisserand, et l'abeille confond par la structure de ses cellules de cire l'habileté de plus d'un architecte.
Mais ce
qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c est qu'il a construit la cellule dans
sa tête avant de la construire dans la ruche » (K.
Marx, Le Capital, 1867).
b) Ainsi, alors que le travail humain est régi par la conscience du but à atteindre, le « travail » animal est instinctif
et n'est pas perfectible.
• Instinctif: Bergson (dans L'Évolution créatrice, 1907) définit la conscience comme la « différence arithmétique
entre l'activité réelle et l'activité virtuelle ».
Dans l'instinct, poursuit-il, « la représentation est bouchée par l'action
».
Au lieu que, chez l'animal intelligent (= chez l'homme), l'existence d'un déficit entre ce qui est donné
naturellement et ce qui est nécessaire à la survie favorise l'invention des moyens de survivre.
• Non perfectible : La perfectibilité de l'homme (sa faculté de se perfectionner) est liée à la nature même du travail
humain.
« Les hommes deviennent plus habiles en trouvant mille adresses nouvelles, au lieu quel les cerfs ou les
lièvres de ce temps ne sont pas plus rusés que ceux du temps passé » (Leibniz, Nouveaux essais sur l'entendement
humain, 1703).
L'animal ne progresse pas.
Les castors d'aujourd'hui ne bâtissent pas avec plus d'art que les premiers
castors, et l'abeille ne perfectionne pas la cellule qu'elle habite..
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