La liberté humaine est-elle limitée par la nécessité de travailler ?
Extrait du document
«
Introduction
Se fatiguant à la tâche, les hommes rêvent souvent de loisir, de temps libre et éprouvent le travail, dont ils ont
besoin pour vivre, comme un poids, une contrainte; on peut se demander s'il en est nécessairement ainsi et si la
nécessité de travailler constitue une limitation de la liberté humaine.
Nous verrons que, si elle constitue une limitation de la liberté naturelle, la nécessité de travailler peut être une
dimension importante de la liberté proprement humaine, à condition de ne pas se transformer en aliénation de
l'homme par l'homme.
I.
LA SPÉCIFICITÉ DU TRAVAIL HUMAIN
La nature, marâtre envers l'homme.
a) Pour pourvoir à sa subsistance, l'homme est bien moins armé par la nature que la plupart des autres animaux.
Il
n'a ni griffes pour chasser, ni crocs pour se défendre, ni toison pour se protéger du froid : sa simple survie est déjà
un problème.
b) Le mythe d'un paradis perdu, d'un état dans lequel le travail n'était pas nécessaire (âge d'or du Politique de
Platon, Eden de l'Ancien Testament), évoque par contraste cette dure nécessité.
Travail humain et « travail » animal.
a) Le travail humain implique la conscience d'un projet.
« Une araignée fait des opérations qui ressemblent à celles
du tisserand, et l'abeille confond par la structure de ses cellules de cire l'habileté de plus d'un architecte.
Mais ce
qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c est qu'il a construit la cellule dans
sa tête avant de la construire dans la ruche » (K.
Marx, Le Capital, 1867).
L'homme se distingue de l'animal de nombreuses façons : il est doté d'une
conscience, a le sens de la religion, est capable de pensée et de paroles, etc.
Il suffit de considérer qu'il produit ses moyens d'existence pour le différencier
radicalement de l'animal.
Produisant ses moyens d'existence, il produit sa vie
matérielle.
Le travail est une relation de l'homme à la nature, par rapport à
laquelle l'homme joue lui-même le rôle d'une puissance naturelle.
Utilisant son
corps pour assimiler des matières, il leur donne une forme utile à sa propre
vie.
Et modifiant la nature extérieure, il modifie en retour sa propre nature et
développe ses facultés par l'exercice du travail.
Les animaux, eux aussi,
"travaillent" lorsqu'ils accomplissent des opérations semblables à celles des
artisans : l'araignée tisse sa toile comme un tisserand, et l'abeille
confectionne les cellules de sa ruche comme nul architecte ne saurait le faire.
"Mais ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus
experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire
dans la ruche." Le propre du travail humain est d'être l'aboutissement de ce
qui préexistait idéalement en lui.
Le travail n'est pas une simple
transformation, un changement de forme dans la matière naturelle, c'est la
réalisation d'un but ou d'un projet dont on a préalablement conscience, et qui
constitue la loi de l'action à laquelle on subordonne durablement sa volonté.
Tout travail exige un effort, une tension constante de la volonté, d'autant
plus que le travail est moins attrayant, et que l'homme ne peut y réaliser ses
forces génériques.
b) Ainsi, alors que le travail humain est régi par la conscience du but à atteindre, le « travail » animal est instinctif
et n'est pas perfectible.
• Instinctif: Bergson (dans L'Évolution créatrice, 1907) définit la conscience comme la « différence arithmétique
entre l'activité réelle et l'activité virtuelle ».
Dans l'instinct, poursuit-il, « la représentation est bouchée par l'action
».
Au lieu que, chez l'animal intelligent (= chez l'homme), l'existence d'un déficit entre ce qui est donné
naturellement et ce qui est nécessaire à la survie favorise l'invention des moyens de survivre.
• Non perfectible : La perfectibilité de l'homme (sa faculté de se perfectionner) est liée à la nature même du travail
humain.
« Les hommes deviennent plus habiles en trouvant mille adresses nouvelles, au lieu quel les cerfs ou les
lièvres de ce temps ne sont pas plus rusés que ceux du temps passé » (Leibniz, Nouveaux essais sur l'entendement
humain, 1703).
L'animal ne progresse pas.
Les castors d'aujourd'hui ne bâtissent pas avec plus d'art que les premiers
castors, et l'abeille ne perfectionne pas la cellule qu'elle habite.
II.
La nécessité de travailler : une limitation de la liberté naturelle...
• Une contrainte extérieure.
La comparaison entre les peuples d'Océanie et ceux des pays froids montre que l'homme n'éprouve pas
spontanément le besoin de travailler mais y est souvent contraint par les difficultés extérieures qui menacent sa vie
: climat rude ou nature avare.
D'où, souvent, le sentiment que les peuples favorisés par le climat et la générosité de
la nature sont plus heureux et plus libres car ils ne doivent consacrer qu'une très petite partie de leur temps à.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- La liberté humaine est-elle limitée par la nécessité de travailler ?
- La liberté humaine est-elle limitée par la nécessité de travailler ?
- La liberté humaine est-elle limitée par la nécessité de travailler ?
- La nécessité de travailler rend-elle la liberté humaine illusoire ?
- La liberté de l'homme est-elle limitée par la nécessité de travailler ?