La liberté et le devoir sont-ils compatibles ?
Extrait du document
«
[Faire son devoir, c'est renoncer à sa liberté.
Lorsqu'on a le devoir de faire quelque chose, c'est bien que
l'on n'est pas libre.
Le devoir est une contrainte qui limite notre liberté d'être et de choix.]
La vie en société impose des devoirs
Vivre en société nous impose de nombreux devoirs: devoirs scolaire, devoir militaire, devoir de payer ses
impôts....
Toutes ces contraintes nous sont imposées par une autre volonté que la nôtre et peuvent donc
être perçues comme des obstacles (bien plus des contraintes aliénantes) à notre liberté.
Le devoir semble,
dès lors, au premier abord, hétéronomie, cad, imposé par une puissance extérieure.
Le devoir est la pression sociale intériorisée
Pour Durkheim, le sens du devoir résulte de l'intériorisation par l'individu des normes et valeurs de la société.
Le devoir est donc un ensemble d'obligations imposées par la collectivité à l'individu; et plus la pression sociale
est forte, moins les individus qui composent cette collectivité sont libres.
Se marier et fonder une famille,
même si on ne le souhaitait pas, a pu longtemps être considéré comme un devoir.
Pour sa part Freud
montrera, dans une optique toute différente, que le sur-moi est l'instance critique et évaluative de la
personnalité.
Il s'est constitué par une intériorisation, à partir du complexe d'Oedipe, des exigences et
interdits parentaux.
En fait, c'est au surmoi des parents que l'enfant s'identifie.
Les parents se comportent
vis-à-vis de leurs enfants en fonction d'une identification à leurs propres parents.
Le surmoi est l'instance par
laquelle se transmet le patrimoine culturel d'une société.
Il continue ensuite à se développer sous l'influence
de l'entourage, des éducateurs, des modèles idéaux.
Il s'agit donc de la conscience collective en tant qu'elle est intériorisée par le moi.
Cette conscience collective
agit surtout par son aspect moral : la culture et la civilisation résultent d'une action de moralisation effectuée
par la société sur l'individu.
Le surmoi est la part non consciente du psychisme en tant qu'elle se fait le
médiateur de la collectivité et qu'elle impose au Moi les normes qui lui permettront d'exercer sa propre action
de censure.
Le devoir et le penchant
Parmi les actions que nous pouvons accomplir, certaines nous sont prescrites par le devoir, d'autres nous sont
interdites par celui-ci, d'autres enfin sont indifférentes au devoir.
Les premières sont morales, les secondes
immorales, les troisièmes amorales.
Une action amorale ne s'oppose pas au devoir ; s'il y a conflit, c'est entre
une action morale et une action immorale.
L'action morale est motivée par le devoir ; par quoi l'action
immorale est-elle motivée ?
Si rien ne nous poussait à l'action immorale, nous ferions toujours notre devoir ; nous ne sommes pas
immoraux gratuitement.
Le seul principe qui puisse nous pousser à des actions contraires au devoir, c'est la
recherche du bonheur personnel, qu'on doit supposer en tout être humain comme la loi la plus fondamentale
qui dirige sa vie.
Le plus souvent amoral, le bonheur s'oppose parfois au devoir ; à l'inverse, sitôt que quelque
chose s'oppose à un devoir, le penchant en est l'origine.
Le penchant est ce type de désir particulier qui prend sa source dans la recherche du plaisir, et du bien-être
en général.
Il peut s'emparer de la volonté comme le devoir.
Le libre arbitre humain consiste ainsi en cette
possibilité de choix entre deux contraires : le devoir et le bonheur, qui dans certaines situations tendent à
motiver la volonté en sens inverse, impliquent ainsi un conflit.
Quel parti choisir pour être le plus libre ?
La liberté illimitée et la contrainte du devoir
Nous nous identifions toujours plus volontiers à la recherche du bonheur qu'à l'impératif du devoir.
Alors que le
penchant nous semble toujours être l'expression la plus exacte de nous-mêmes, le devoir nous apparaît
comme une contrainte imposée de l'extérieur, que nous avons cependant intériorisée.
Suivre ses penchants
c'est suivre sa propre nature, c'est très exactement faire ce que l'on veut, puisque nous sommes la source de
nos penchants.
À l'épanouissement des penchants s'oppose la contrainte des lois morales.
Dans ces situations où devoir et
bonheur s'opposent, la loi morale est limitative de la liberté, puisqu'elle tend à nous empêcher de faire ce que
nous voulons.
S'affranchir de la pression de toute loi pour ne suivre que l'anarchie des penchants et des
désirs, c'est le vrai bonheur, qui coïncide avec la vraie liberté.
L'homme libre se veut amoral : refusant de se soumettre à la contrainte du devoir, mais aussi refusant de voir
en lui-même l'origine de la loi morale, il ne reconnaît comme s'appliquant à lui que la loi du bonheur maximum.
La plus grande liberté, semble-t-il, est finalement la licence du tyran qui assouvit toutes ses passions contre
tous les autres, s'assurant l'impunité totale que lui offre aux yeux de la justice et de la morale, selon Platon,
l'anneau de Gygès qui rendait invisible..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Peut on opposer le devoir à la liberté
- peut on opposer le devoir à la liberté
- Travail et liberté sont-ils compatibles ?
- La liberté et le bonheur sont-ils compatibles avec la vie en société ?
- La liberté et le bonheur sont-ils toujours compatibles?