La liberté est-elle le fruit d'un apprentissage?
Extrait du document
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Analyse
• L'intitulé du sujet est sous la forme d'un jugement d'identité « est-elle ».
Il invite à questionner la nature ou l'essence de la liberté dans son rapport à l'apprentissage.
Donc le premier temps de l'analyse consiste à déterminer les significations de la liberté et de l'apprentissage.
Il convient alors de les mettre en relation d'une manière problématique.
C'est à partir d'elle que doit progresser l'argumentation.
• Prenons trois sens de la notion de liberté.
-La liberté est traditionnellement interprétée dans le sens du libre-arbitre.
Il désigne un pouvoir de choix indépendamment de toute contrainte.
Je peux agir ou juger sans qu'aucun mobile
sensible (cela m'agrée de...) ou motif rationnel (il est de mon devoir de...) n'ait assez de force pour contraindre ma
volonté.
-La liberté est définie plus communément comme une absence de contrainte qui rend possible la satisfaction des
désirs.
Cette définition est liée à un pouvoir réel sur le monde qu'il soit technique (j'ai les moyens de produire tel objet),
économique (le pouvoir d'achat) ou politique (être élu, par exemple, pour mener à terme son projet).
-Enfin la liberté renvoie à l'idée de libération.
C'est la liberté du sage délivré des chaînes de la passion.
• Voyons les sens de l'apprentissage en considérant la confrontation entre deux modèles.
-L'un conçoit l'apprentissage comme un processus cumulatif de connaissances.
Les connaissances forment un tout homogène.
Leur progrès est quantitatif.
Une connaissance passée ne peut être
contredite par une connaissance future.
Elles ne sont pas qualitativement différentes.
On voit que cette conception de l'apprentissage révèle une certaine affinité avec la seconde définition de la liberté.
En effet, ayant davantage de connaissances, j'ai davantage de pouvoir et donc de moyens pour satisfaire mes
désirs.
-L'autre représente l'apprentissage comme un processus de révision des connaissances antérieures.
Ici, le progrès contredit ce que l'on croyait acquis.
Il y a donc des degrés qualitatifs du savoir.
Une certaine affinité avec la troisième définition de la liberté...
Problématique
•A ce point de votre travail, il convient de synthétiser l'effort d'analyse pour construire une problématique.
Définir la liberté comme un apprentissage, n'est-ce pas contredire le témoignage de notre conscience ?
En effet, la conscience n'affirme-t-elle pas que la liberté est une donnée immédiate saisie dans l'intériorité ?
Mais ce sentiment vif interne, selon l'expression de Leibniz, est-il la donnée d'une réalité ? Ne produit-il pas plutôt
une illusion ?
Dès lors, si on ne veut pas faire de la liberté un concept creux et dénué de sens, n'est-il pas nécessaire de la
concevoir dans son rapport à l'apprentissage ? Reste à savoir quel type d'apprentissage rend compte de l'essence
de la liberté.
Est-il cumulatif ou en lutte contre de prétendus savoirs ? Est-il achevable?
Proposition de plan
1 La liberté, définie comme libre arbitre, est un sentiment immédiat et interne au fondement de notre
responsabilité civique,juridique et morale.
« un homme qui n'a pas l'esprit gâté, n'a pas besoin qu'on lui prouve son franc arbitre ; car il le sent.
» Bossuet.
• La liberté semble devoir s'appréhender comme un fait de conscience ou l'objet d'une expérience interne.
Par
conséquent, la liberté ne peut être conclue par un enchaînement de raisons démonstratives.
Ni du côté de la
sensation, ni du côté de la démonstration, la réalité de notre liberté est saisie dans la simple lumière intérieure de
notre conscience.
• Descartes la caractérise comme « une de nos plus communes notions ».
(Principes de la philosophie, I, 39).
Ce terme, employé par Euclide dans les Eléments, désigne les vérités premières qui s'imposent à l'esprit par leur
évidence.
De même qu'il semble impossible de réfuter que le tout soit plus grand que la partie, ni que deux quantités
égales à une même troisième soient égales entre elles, de même on ne peut mettre en doute la réalité de notre
libre-arbitre.
• A quelle réalité renvoie la conscience immédiate du libre-arbitre ? Le libre-arbitre est un pouvoir de choisir
indépendamment de toute contrainte.
C'est un pouvoir d'accepter contre toute raison et de refuser toute
détermination.
Ces déterminations peuvent être naturelles ou morales.
Le libre-arbitre s'oppose donc au déterminisme des causes naturelles et à la détermination des valeurs morales.
(voir le déterminisme psychologique de Socrate :« nul n'est méchant volontairement »).
• Si j'ai le pouvoir de refuser toute détermination, ma volonté n'est pas l'objet d'une détermination.
Cette capacité
est une condition nécessaire pour être au principe de son action.
C'est donc parce que je suis libre que je peux être
reconnu comme sujet responsable.
Un rapprochement peut être ici fait entre le témoignage de notre conscience et le fonctionnement des sociétés..
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