La liberté est-elle la condition de la moralité ?
Extrait du document
«
Termes du sujet:
CONDITION (n.
f.) 1.
— Dans la proposition « si A alors B », A est condition de B ; se dit aussi du premier terme
d'une relation causale réelle (les conditions d'un phénomène).
2.
— Condition nécessaire et suffisante : A est
condition nécessaire et suffisante de B, si quand A on a toujours B et sans A jamais B.
3.
— Manière d'être, situation (la condition humaine), situation sociale.
4.
— Conditionné : a) Qui dépend d'une condition.
b) Qui a subi un conditionnement.
5.
— Conditionnement :
processus par lequel un comportement en vient à être déterminé par des conditions données ; modification d'un
comportement par établissement de réflexes conditionnés (cf.
réflexe).
6.
— Conditionnel : qui dépend d'une
condition ; pour QUINE, nom de l'implication matérielle.
LIBERTÉ:
Ce mot, en philosophie a trois sens :
1° Libre arbitre.
Pouvoir mystérieux de choisir entre les motifs qui me sollicitent sans être déterminé par aucun
d'eux.
2° Liberté de spontanéité.
S'oppose non plus au déterminisme mais à la contrainte : état de celui qui agit sans être
contraint par une force extérieure.
3° Liberté du sage.
État de celui qui est délivré des passions et agit à la lumière de la raison.
La moralité présuppose le sens du devoir et de ce qui est bien ou mal.
L'être moral doit donc être capable de
réflexion et de choix.
Il doit pouvoir être désigné comme le responsable de ses actes, c'est-à-dire comme leur
auteur et comme celui à qui on est en droit de demander des comptes.
En un mot il doit être libre, libre d'avoir agi
autrement.
Mais quelles sont les valeurs morales qui permettent de juger qu'un acte est libre ou non?
1.
La liberté comme condition de la moralité.
• Kant le montre très clairement dans Qu'est-ce que les Lumières:
l'autonomie, ou capacité de se donner à soi-même sa loi tirée de la seule
raison, est la condition absolue de la moralité.
L'homme qui reste mineur,
c'est-à-dire qui délègue sa faculté de penser et de décider à autrui (un
directeur de conscience, un livre, etc.) l'est par paresse et par lâcheté, en
tout cas par choix.
C'est un état « dont il est lui-même responsable».
Ce
refus d'exercer sa liberté lui interdit tout accès à la moralité ou au règne du
devoir.
QU'EST-CE QUE LES LUMIÈRES? (DEUXIEME ALINÉA).
[2] " La paresse et la lâcheté sont les causes qui expliquent qu'un si
grand nombre d'hommes, après que la nature les a depuis longtemps
affranchis d'une direction étrangère (naturaliter maiorennes) (1),
demeurent pourtant leur vie durant volontiers mineurs ; et qu'il soit si
facile à d'autres de se poser comme leurs tuteurs.
Il est si confortable
d'être mineur.
Si j'ai un livre qui a de l'entendement à ma place, un
pasteur qui a de la conscience à ma place, un médecin qui juge à ma
place de mon régime alimentaire, etc., je n'ai alors bien sûr nul besoin
de m'en donner moi-même la peine.
Il ne m'est pas nécessaire de
penser, du moment que je peux payer; d'autres se chargeront bien
pour moi de ce travail fastidieux.
Que de loin la plus grande part des
hommes (et parmi elle, la totalité du beau sexe) tienne, outre le fait qu'il est pénible à franchir, pour
également très dangereux le dernier pas vers la majorité, c'est ce dont s'avisent ces tuteurs qui, très
aimablement, ont pris sur eux d'exercer leur haute bienveillance sur ces hommes.
Après avoir, d'abord,
rendu stupide leur bétail domestique, et avoir soigneusement pris garde que ces paisibles créatures ne
puissent oser faire un seul pas hors du parc (2) où ils les ont enfermés, ils leur montrent ensuite le danger
qui les menace si elles essaient de marcher seules.
Or ce danger n'est pas si grand qu'il paraît, car,
moyennant quelques chutes, elles finiraient bien par apprendre à marcher ; mais le moindre exemple
d'une telle chute les rend cependant timides et les dissuade de faire une nouvelle tentative.
"
(1) naturellement majeurs.
(2) chariot où l'on installe les enfants qui ne savent pas encore marcher.
POURQUOI LA MINORITE ?
Au cours de ce second aliéna, la pensée de Kant se fait à la fois plus précise et surtout plus cynique et plus
polémique.
En effet, si dans le premier mouvement du texte, le philosophe allemand définissait de façon générale les
" Lumières " et incriminait la " lâcheté " des hommes abdiquant leur conscience à des directeurs de conscience,
dans ce passage, il met au jour l'affairement de ces derniers à abêtir leurs ouailles et dénonce les mécanismes
pervers d'un tel processus à travers l'image d'un jeune enfant apprenant la marche..
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