Aide en Philo

La liberté est-elle compatible avec le respect d'autrui ?

Extrait du document

« (Introduction) La définition la plus courante de la liberté est l'absence de contraintes, « pouvoir faire tout ce qu'on désire ».

Le respect est social ou moral ; c'est le sentiment que nous éprouvons devant un supérieur hiérarchique, ou devant une personne en qui nous reconnaissons un supériorité intellectuelle ou morale ; nous nous sentons obligés de lui céder la place.

A première vue les deux notions ne sont pas compatibles : parce qu'il est une contrainte, le respect ne peut que limiter la liberté ; s'obliger à respecter quelqu'un ne peut que nous empêcher de faire tout ce que nous désirons. Le problème vient donc de l'aspect contraignant du respect.

Mais nous pouvons remettre en question cette définition de la liberté comme absence de contraintes.

M'efforcer moi-même de respecter, c'est à dire de faire ce que je pense devoir faire n'est peut-être pas contraire à ma liberté profonde puisque c'est moi qui le choisis ? Nous verrons tout d'abord pourquoi l'opinion courante considère que le respect nous empêche d'être libre, que ce soit d'ailleurs déploré ou considéré comme une bonne chose.

Puis, nous montrerons que le respect, du moins le respect véritable ne venant que de nous, est compatible avec notre liberté profonde : mais alors il ne s'agit plus de la même liberté que celle du sens courant.

Enfin, dire qu'il y a compatibilité, est encore une façon de distinguer les deux notions ; nous nous demanderons donc si le respect d'autrui n'a pas un lien plus fort que celui de la simple compatibilité : n'est-il pas une condition nécessaire de la liberté ? Pourrions-nous être libres si nous n'étions pas obligés de respecter les autres. (I.

Opinion courante : la liberté est incompatible avec le respect) En premier lieu, voyons pourquoi la liberté apparaît souvent comme incompatible avec le respect d'autrui.

Respecter autrui c'est le considérer comme supérieur, c'est donc lui céder la place : si on entend par liberté le fait de faire tout ce qu'on veut, tout ce qu'on désire, il est certain que l'obligation imposée par le respect est contraignante et limite cette liberté. On peut distinguer plusieurs sortes de respects.

Il existe un respect d'ordre social.

Dans une société fortement hiérarchisée les personnes de classe inférieure doivent s'incliner devant les autres : le serviteur ôte son chapeau à son maître, la femme se tient au bout de la table etc.

Cela a existé partout.

L'ordre était ainsi maintenu, grâce à ces expressions symboliques de l'obéissance.

La liberté de parole ou de gestes était limitée, puisque tout écart par rapport aux règles de politesse, de bienséance, pouvait être puni : on voit dans les comédies de Molière, par exemple, comme les maîtres manient facilement le bâton à l'égard de leurs serviteurs...

Mais on voit aussi que ce type de respect peut être hypocrite, c'est à dire ne pas correspondre à un sentiment sincère : dans les comédies de Molière, encore, les serviteurs n'ont qu'une hâte, c'est par une ruse quelconque, de rendre les coups au maître (en faisant semblant de le prendre pour quelqu'un d'autre, par exemple...).

On peut donc dire que ce respect « force » les personnes à s'incliner alors même que leur envie est toute autre ; c'est un rapport de force qui régit les relations entre celui qui est « respecté » et celui qui « respecte ».

En ce cas, bien sûr, le respect nous empêche de suivre tous nos désirs ou d'exprimer tous nos souhaits, ce que nous appelons « être libre ». Mais ne peut-on mettre en question cette définition de la liberté ? Être libre, est-ce pouvoir faire tout ce que nous désirons ? Mais il est une autre forme de respect, celui qu'on éprouve pour une personne que l'on reconnaît intimement comme étant supérieure, sur le plan intellectuel ou sur la plan moral. [Examinons d'abord le respect d'ordre intellectuel.

On éprouve, dit-on, du respect pour un grand esprit, un savant. Quand il donne son avis, on écoute sa parole avec attention parce qu'on pense qu'il a la compétence requise pour parle le mieux possible d'un sujet.

Toutefois, celle-ci doit pouvoir être remise en cause : il n'est pas de science définitive, et même un « expert » peut se tromper.

Aussi l'écoute doit-elle rester critique et n'être qu'une oreille favorable.

Si donc la communauté scientifique nous imposait de « respecter » ce savant au sens où nous devrions accepter tout ce qu'il dit parce qu'il en sait plus que nous, ce serait contraire à notre liberté de penser : le savant peut bénéficier d'un préjugé favorable, mais tout ce qu'il dit, s'il veut l'imposer, doit être « démontré ».

C'est la rigueur de ses démonstrations qui sont des preuves, non son « autorité », et le principe d'autorité n'a aucune valeur en science.

Si se faire « respecter » signifiait imposer son « autorité », ce serait, ici encore, l'imposer par force.

Au mot de respect, il vaudrait mieux substituer celui d'admiration.

On est donc à la frange du domaine affectif, l'admiration étant un sentiment.

Kant écrit que l'admiration est un sentiment qui « ressemble » au respect, mais s'en distingue.

En ce cas, comme tout sentiment, le respect s'impose à nous : nous n'osons même plus faire tout ce que nous voulons, ni même penser par nous-même. Mais si nous décidons, nous, de le respecter, c'est que nous pensons nous-mêmes que étant donné ses compétences, il a vraisemblablement raison.

Dans ce cas, c'est nous-mêmes qui raisonnons, en quelque sorte, et nous n'obéissons qu'à nous-mêmes.

] Mais le mot « respect » s'applique plutôt au domaine moral.

On respecte un homme, en qui l'on reconnaît une force morale.

Ce qu'on éprouve alors n'est pas vraiment un « sentiment » et se distingue de l'amour, de l'affection en général.

On peut éprouver du respect pour une personne que l'on n'aime pas.

Par exemple on peut avoir du respect pour son ennemi.

Mais alors, ce respect là, est-il incompatible avec notre liberté ? Certes il va m'empêcher de faire. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles