La liberté est-elle absence de contrainte ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet:
La liberté: Doit-on se contenter d'un seul sens ou bien le sujet le sujet nous invite-t-il justement à dépasser un
sens premier pour le remettre en question ?
Ici précisément c'est la notion de liberté qui est à interroger.
Notre opinion est-elle fondée ? Quelle est cette opinion
sinon celle qui consiste à croire que la liberté consiste à faire ce que bon nous semble ? L'autre conception possible
de la liberté n'est-elle pas plus exigeante et n'admettra-t-elle pas de ce fait la notion de contrainte ?
Est-elle: Que signifie le verbe être ici et ne renvoie-t-il qu'à l'ordre du fait ? Le verbe être peut à la fois renvoyer à
une existence de fait et renvoyer à l'ordre du droit (ce qui doit être).
Absence de: Si la liberté n'est pas l'absence de contraintes, cela revient à poser non pas qu'elle admettra toutes les
contraintes mais seulement quelques-unes, voire une seule.
De même, répondre "oui" à la question posée revient à
supposer que la liberté n'admet aucune contrainte.
Est-ce seulement possible ? Que se passe-t-il pour nos désirs si
plus rien ne les contraint ?
Contrainte: On peut distinguer contrainte extérieure et obligation intérieure.
Est-ce que la liberté peut se concilier
avec l'obligation ?
Synthèse:
En quoi la liberté définie selon l'opinion s'oppose-t-elle à toute forme de contrainte ? Une absence totale de
contrainte ne nous rend-elle pas cependant dépendant de désirs débridés ? Quelles formes alors de contraintes ou
plutôt d'obligations faut-il pour que nos désirs restent ou deviennent libres ?
Problématique:
Peut-on poser avec certitude que la liberté serait l'absence de contrainte ? Le problème est ici de comprendre que
la contrainte est nécessaire, mais pas à n'importe quelles conditions.
Mais à quelles conditions alors ? Comment la
contrainte pourrait-elle servir la liberté ? Mais comment penser tout d'abord l'opposition entre liberté et contrainte ?
En quoi cependant l'absence de contrainte serait-elle une liberté illusoire ? Comment enfin concevoir une contrainte
positive ?
Le problème est le suivant : peut-on, sans menacer la paix civile et la justice, considérer la liberté comme
absence de contraintes ou bien toute forme de contrainte est-elle exclue de ce qu'est la liberté authentique (celleci serait-elle, par définition, absence de toute contrainte) ?
1-
ON NE PEUT QUE CONSIDÉRER LA LIBERTÉ COMME ABSENCE DE CONTRAINTES
a)
Par essence, la liberté exclut toute forme de contrainte
Selon Descartes, la volonté libre « consiste seulement en ce que nous pouvons faire une chose ou ne la faire
pas, (c'est-à-dire affirmer ou nier, poursuivre ou fuir) ou plutôt seulement en ce que pour affirmer ou nier,
poursuivre ou fuir les choses que l'entendement nous propose, nous agissons en telle sorte que nous ne
sentons point qu'aucune force extérieure nous y contraigne.
» (Méditations Métaphysiques, IV).
La liberté
suppose donc l'absence de toute forme de contrainte, y compris celle que pourrait exercer l'entendement (faculté
des représentations abstraites).
Ainsi, Descartes souligne que je peux tout à fait me retenir d'admettre que 2+2=4,
« pourvu que je pense que c'est un bien d'affirmer par là mon libre arbitre » (voir Lettre au P.
Mesland du 9 Février
1643 ).
Même l'évidence ne saurait apparître comme une contrainte par rapport à la liberté, car, si tel était le cas,
je ne pourrais pas, de ce seul fait, être libre.
Mais comment la liberté peut-elle avoir ce privilège qui est de pouvoir résister même à l'évidence ?
b)
Contrainte et rapports de force.
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