La liberté de penser consiste-t-elle à penser n'importe quoi ?
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Définition des termes du sujet:
PENSÉE: Faculté de connaître, de comprendre, de juger, de raisonner, qui est censée caractériser l'homme, par
opposition à l'animal.
Synonyme d'entendement, de raison.
PENSER: Exercer une activité proprement intellectuelle ou rationnelle; juger; exercer son esprit sur la matière de
la connaissance; unir des représentations dans une conscience.
LIBERTÉ:
Ce mot, en philosophie a trois sens :
1° Libre arbitre.
Pouvoir mystérieux de choisir entre les motifs qui me sollicitent sans être déterminé par aucun
d'eux.
2° Liberté de spontanéité.
S'oppose non plus au déterminisme mais à la contrainte : état de celui qui agit sans être
contraint par une force extérieure.
3° Liberté du sage.
État de celui qui est délivré des passions et agit à la lumière de la raison.
D'un côté, on veut affirmer la liberté de penser — là c'est un problème moral, on ne peut pas restreindre la liberté
de penser pour des raisons morales ; mais, d'un autre côté, on ne veut pas dire par là que cela permettrait de
penser n'importe quoi, et là c'est un problème non plus moral mais théorique : autrement dit, du fait qu'il y ait
quelque chose comme un relativisme moral (du point de vue moral on a le droit de penser ce qu'on veut), faut-il
conclure à un relativisme théorique (du point de vue de la vérité, ou du point de vue du sens ou de l'intérêt de ce
qu'on dit) ? Le problème est donc d'abord de trouver un critère (car il n'est pas du tout évident de savoir ce qui est
n'importe quoi et ce qui ne l'est pas) qui permette de faire le tri entre les pensées qui seraient n'importe quoi, sans
pour autant porter atteinte à la liberté de penser.
Le problème est aussi de savoir ce que c'est qu'une pensée libre.
Une pensée qui dirait ce qu'elle veut est-elle une pensée libre ? La liberté de penser ne consiste-t-elle pas à
pouvoir, à avoir la possibilité de penser n'importe quoi mais certainement pas effectivement à penser n'importe quoi
?
[Introduction]
Si on entend par liberté de penser la faculté de donner libre cours à sa pensée, alors il peut paraître étonnant d'y
voir une limite possible : pourquoi pourrions-nous ne pas penser ce que nous voulons ? L'expérience nous donne à
voir cependant que certaines pensées sont condamnables, voire dangereuses.
À y regarder de plus près, on
constate même le danger qu'il pourrait y avoir à penser et peut-être même à préméditer une idéologie destructrice.
Autrement dit, tout doit-il pouvoir être objet de pensée, à ce point qu'aucune pensée ne pourrait être qualifiée ni de
dangereuse, ni de nuisible ?
[I.
La liberté de penser consiste à penser ce que l'on veut]
En première analyse, si la volonté est interprétée comme faculté souveraine de décider, d'arrêter et de choisir, alors
oui, la liberté de penser consiste indéniablement à penser ce que l'on veut.
La liberté de penser est inaliénable chez
l'homme : le pouvoir peut arrêter l'acte, la parole mais pas la pensée.
Épicure disait qu'un prisonnier reste libre de
ses pensées.
La liberté de penser est donc sacrée, inviolable.
Mais qu'entend-on par penser ? Descartes, dans sa
deuxième Méditation métaphysique, définit la pensée par la faculté de « douter, concevoir, affirmer, nier, vouloir, ne
pas vouloir, imaginer aussi et sentir ».
Si penser revient à vouloir, il est donc logique que la liberté de penser
consiste à penser ce que l'on veut.
En plus d'être un droit fondamental — « nul ne peut être inquiété pour ses convictions et ses opinions », est-il
inscrit dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen —, la liberté de penser est une garantie d'un bon
exercice de la volonté.
Être libre, c'est être maître de sa liberté.
Penser, c'est contrôler ses pensées.
On comprend
donc pourquoi penser ce que l'on veut, penser ce que l'on choisit de penser, c'est immanquablement garantir sa
liberté de penser.
Du reste, c'est parce qu'elle est libre que la pensée est créative et plus généralement facteur de progrès pour
l'esprit humain.
Renoncer à penser, c'est refuser d'honorer son humanité.
Contraindre la pensée, c'est entraver
toute possibilité de progrès pour l'esprit humain.
C'est avec Kant que l'on comprend, dans son ouvrage Qu'est-ce
que les Lumières ?, que la liberté de penser est fondamentale pour garantir l'accès aux Lumières.
C'est par le libre
exercice de la pensée que les hommes peuvent sortir d'un état de tutelle appelé aussi « minorité ».
Penser ce que
l'on veut revient donc à décider de donner libre cours à une pensée qui permettra à l'homme de s'éloigner d'autant
plus de l'état de nature.
[II.
La liberté de penser ne peut pas se réduire à penser ce que l'on veut]
Si la volonté est associée au désir, au caprice, alors il est évident qu'une liberté de penser entraîne avec elle le
risque et le danger d'une pensée mal maîtrisée ou mal intentionnée.
Réfléchissons : si la liberté de penser se définit
véritablement par la pensée de ce que l'on veut, alors, en droit, rien ne m'interdirait de penser le mal, de le désirer,
de le vouloir, de le préméditer et finalement de l'organiser.
Si toute pensée était libre, alors un tyran n'aurait rien à
se reprocher : tel est ici l'enjeu de la publicisation d'une pensée malsaine, au travers notamment de sa publication.
Sous prétexte d'une liberté de penser, est-on en droit de penser le mal, le massacre et l'extermination, dans le
cadre d'un projet politique par exemple ? L'enjeu est donc celui de l'articulation de la liberté et de la sécurité : plus il.
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