La liberté consiste-t-elle à satisfaire ses désirs ou à s'en détacher ?
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Définition des termes du sujet:
DÉSIR : Tension vers un objet que l'on se représente comme source possible de satisfaction ou de plaisir.
Comme
objet, c'est ce à quoi nous aspirons; comme acte, c'est cette aspiration même.
Le désir se distingue de la volonté, qui n'est pas un simple mouvement mais une organisation réfléchie de moyens en
vue d'une fin.
Le désir peut aller sans ou contre la volonté (un désir, par exemple, que je sais interdit et que je ne
veux pas réaliser); la volonté peut aller sans le désir (la volonté d'ingurgiter un médicament quand, pourtant, je ne
le désire pas).
Finalement, on peut dire que vouloir, c'est désirer au point d'agir effectivement pour atteindre ce qu'on désire.
Ce
qu'on veut, c'est toujours ce qu'on fait, de même que ce qu'on fait, c'est toujours ce qu'on veut.
On peut
finalement considérer la volonté comme une espèce de désir, c'est-à-dire comme le désir dont la satisfaction
dépend de nous.
LIBERTÉ:
Ce mot, en philosophie a trois sens :
1° Libre arbitre.
Pouvoir mystérieux de choisir entre les motifs qui me sollicitent sans être déterminé par aucun
d'eux.
2° Liberté de spontanéité.
S'oppose non plus au déterminisme mais à la contrainte : état de celui qui agit sans être
contraint par une force extérieure.
3° Liberté du sage.
État de celui qui est délivré des passions et agit à la lumière de la raison.
Deux concepts sont mis en relation : liberté et désir.
Il s'agit donc de montrer en quel sens ces deux concepts sont
complémentaires : on ne pourrait être libre que dans l'affirmation et la satisfaction du désir (la question étant de
savoir si "le désir" et "tous ses désirs" sont identiques, synonymes ?), voire de tous nos désirs.
Contrairement aux
besoins, les désirs ne naissent pas de la contrainte.
Par conséquent la recherche de leur satisfaction n'est pas si
aliénante.
Mais l'emploi du terme "tous" laisse entendre qu'on n'en finit jamais, qu'on peut être esclave de ses désirs,
comme si céder à l'un d'eux nous conduisait dans une fuite sans fin, comme s'il y avait une tyrannie des désirs.
Ce
qui serait automatiquement contradictoire avec l'idée de se libérer en satisfaisant nos désirs ; on verrait ainsi que
parfois le plus grand obstacle à la liberté, ce n'est pas autrui (sous quelque forme qu'on puisse le penser) mais bien
soi-même.
Il conviendrait alors pour être libre de "changer nos désirs plutôt que l'ordre du monde", selon l'affirmation
cartésienne dans une perspective stoïcienne.
Ou encore de limiter, restreindre nos désirs dans la mesure où cela est
possible.
Qu'est-ce que la notion de désir implique par rapport à la liberté ? Il semble être à lui-même sa propre loi.
Dans le mythe de l'attelage ailé (Phèdre), Platon montre qu'il faut limiter de l'extérieur les désirs pour devenir libre,
pour se libérer.
Le désir devrait être soumis à une loi.
C'est ce que laisse entendre Hobbes au chapitre VI du
Léviathan par exemple.
De même on pourrait distinguer les désirs que nous subissons (qui viennent de causes
extérieures) et les désirs dont nous sommes pleinement responsables (Spinoza, Éthique, III ou Traité politique, II).
De même peut-être conviendrait-il de penser une distinction rigoureuse entre désirs et volontés.
Satisfaire tous ses
désirs, n'est-ce pas s'aliéner alors que la volonté suppose autonomie et liberté ?
Quelles questions se poser?
- Acomplir tous ses désirs : Accomplir absolument tous ses désirs, est-ce possible ? Serait-ce même légitime, si
cela était possible ? Quelle(s) attitude(s)
vis-à-vis du désir constituerai(en)t alors une meilleure règle de vie?
Penser à l'existence de désirs vains, impossibles à satisfaire, à l'existence de a désirs immoraux.
Et s'il n'est ni
possible ni légitime de satisfaire tous ses désirs, est-il préférable de n'en satisfaire aucun ? Ou bien d'en satisfaire
certains seulement? Quel serait alors le critère du tri?
Il faut repérer les différentes thèses et les hiérarchiser.
- Accomplir : Accomplir un désir, est-ce seulement le satisfaire? Quel(s) autres sens possible(s) peut prendre le
verbe accomplir?
Accomplir le désir, c'est certes le satisfaire, remplir le manque qu'est le désir (accomplir vient du latin cumplere, qui
signifie remplir, compléter).
Mais accomplir veut dire aussi rendre parfait, donner sa pleine effectivité : on parle par
exemple d'un artiste accompli.
Accomplir le désir peut alors aussi signifier différer sa satisfaction, pour justement
l'épanouir comme désir, dans le champ du langage, de la culture, de l'art.
Car satisfaire le désir, c'est le rendre
révolu en temps que désir.
- Désir : Qu'est par essence le désir? Comment le définir, tellement ses déterminations apparaissent contraires ?
Est-il à penser comme élan dynamique et richesse? Comme souffrance du manque et pauvreté? Ou tient-il des deux
à la fois, comme le suggère Platon dans le Banquet ?
- Règle : À quel champ la notion de règle renvoie-t-elle? Et dans l'expression « règle de vie », la notion de vie estelle à entendre seulement au sens biologique? Règle vient du latin regula, qui désigne ce qui permet une rectitude
(tracer des traits droits grâce à une règle).
La règle nous renvoie au champ du devoir-être normatif.
Dans l'expression « règle de vie », il ne s'agit donc pas seulement du mouvement, de l'animation propres au vivant,
mais aussi et surtout du bien-vivre bien vivre, c'est vivre comme un homme doit vivre pour accomplir ce que
l'homme a de plus propre et de plus spécifique.
- Bonne règle de vie : Qu'entendre par bonne règle de vie? : en fonction de quelle(s) fin(s) une règle de vie peutelle être jugée « bonne » ? Recherche-t-on le bonheur sensible, la jouissance et la domination? Ou bien la liberté
intérieure? Ou encore l'accomplissement de son humanité?.
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