La liberté consiste-t-elle à accepter la nécessité ?
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«
DIRECTIONS DE RECHERCHE
• Selon quelle(s) appréhensions de la liberté le problème d'une relation non « antithétique » entre la nécessité et la
liberté peut-il se poser ?
• Remarquer qu'il ne s'agit pas, en toute rigueur, purement et simplement de la nécessité mais « d'accepter la nécessité ».
• S'agit-il de l'idée selon laquelle, par exemple, on ne peut se libérer des lois (de la nature) qu'en leur « obéissant »?
Ainsi, par exemple, la liberté pour les hommes de voler ne passe-t-elle pas d'abord par la reconnaissance de certaines lois
physiques ?
— Quelle appréhension de la liberté est ici en jeu ?
• S'agit-il de l'idée selon laquelle la liberté passe par l'acceptation de la nécessité ?
Exemple : la doctrine spinoziste (très schématiquement exposée ici).
Selon Spinoza, tous les modes, tous les accidents,
sont reliés à la substance par une nécessité rationnelle; tout ce qui est possible est.
L'homme, mode fini parmi les autres,
n'a de sens que par cette totalité; l'idée qu'il s'en fait à l'occasion de ses sensations (connaissance du premier genre) est
inadéquate; c'est par la conscience du deuxième genre (connaissance par la raison) qu'il comprend la nécessité des
choses; mais c'est au stade de la connaissance du troisième genre (celle du « saint », du « mystique ») qu'il la saisit
directement, par une expérience intime : en même temps qu'il la comprend, il la veut, et atteint par là à la vraie liberté : la
volonté de l'homme s'identifie alors à celle de la « substance » (de « Dieu »).
• Ne peut-on soutenir légitimement d'autres appréhensions de « la liberté »?
• Réfléchir sur les différentes appréhensions de « la nécessité » qu'on peut avoir (de « fait »; de « droit »; « morale »;
« spirituelle »).
Il convient sans doute — du moins pour certaines appréhensions de « la liberté » de les distinguer avec
soin.
Est nécessaire ce qui ne peut être autre ou autrement qu'il est.
En ce sens, la nécessité semble s'opposer à la liberté
puisqu'elle affirme qu'il est impossible de faire autrement.
Ainsi, la nécessité semble nous soumettre et nous empêcher de
choisir.
C'est en ce sens que la liberté et la nécessité semblent s'opposer.
La liberté supposerait alors la contingence qui
est le contraire de la nécessité.
Pourtant, nous pouvons remarquer que nous ne pouvons échapper à la nécessité.
Par
exemple, les lois de la nature sont bien des rapports nécessaires entre les phénomènes et nous ne pouvons les changer.
S'agit-il alors de remarquer que l'existence d'une telle nécessité nous conduit au constat selon lequel nous ne sommes
pas libres ? Sur ce point, vous pourrez alors montrer en quoi la nécessité ne s'oppose pas nécessairement à la nécessité
et que la liberté peut consister en une connaissance de cette nécessité.
Par « nécessité », il faut entendre « ce qui ne peut pas ne pas être ».
Autrement dit, ce qui ne dépend pas de nous, ce
qui s'impose à nous.
L'affirmation selon laquelle la liberté consiste à accepter la nécessité se trouve chez les stoïciens, en
particulier chez Épictète, dans les Entretiens.
L'essentiel des Entretiens est un hommage rendu à la raison.
C'est précisément
cette faculté qui 'nous permet de discerner « ce qui dépend de nous » de « ce qui
ne dépend pas de nous » et, par conséquent, d'avoir une représentation juste de
la liberté.
Et c'est au cours d'un entretien entre le philosophe et un «fou » que la
liberté est définie comme le consentement de la volonté à ce qui arrive.
L'opinion commune identifie la liberté à la libre spontanéité ou à la licence.
Erre
libre, c'est vouloir que les choses arrivent comme on le désire.
Or, d'emblée,
Épictète disqualifie une telle conception en l'attribuant à un « fou », c'est-à-dire à
un être déraisonnable:
« Puisque l'homme libre est celui à qui tout arrive comme il le désire, me dit un fou,
je veux aussi que tout m'arrive comme il me plaît.
- Eh ! mon ami, la folie et la liberté
ne se trouvent jamais ensemble.
[...] Il n'y a rien de plus absurde et de plus
déraisonnable que de former des désirs téméraires et de vouloir que les choses
arrivent comme nous les avons pensées.
»
L'homme libre, en effet, n'est pas celui à qui tout advient selon sa volonté, celui à
qui personne ou rien ne peut faire obstacle.
Est-ce que je puis transgresser les lois
physiques ? Si personne ne peut me résister, m'empêcher de faire ceci ou cela,
puis-je encore vivre en communauté ? Vouloir qu'adviennent les choses qu'un
hasard nous fait croire bonnes, voilà qui n'est ni une « belle » chose ni une chose «
très raisonnable ».
Un tel vouloir apparente la liberté à une chimère.
Par opposition, Epictète définit la liberté comme « une chose non seulement très belle mais très raisonnable » et il nous
donne plusieurs exemples de conduites raisonnables.
D'abord, comment procédons-nous dans l'écriture des lettres ? Estce que je veux écrire à ma fantaisie le nom de Dion ? Non pas ; on m'apprend à vouloir l'écrire comme il doit être : « Quand
j'ai le nom de Dion à écrire, il faut que je l'écrive, non pas comme je veux, mais tel qu'il est, sans y changer une seule
lettre.
» De même, que faisons-nous, en général, dès qu'il y a un art (technique) ou une science ? La même chose.
Comme
l'écriture, les arts et les sciences obéissent à un ensemble de règles, de principes supérieurs et extérieurs à l'individu.
Donc, par analogie, la liberté aussi..
»
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