LA LECTURE : DIVERTISSEMENT OU ENSEIGNEMENT SUR NOUS-MÊMES ?
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LA LECTURE : DIVERTISSEMENT OU ENSEIGNEMENT SUR NOUS-MÊMES ?
Expliquez et discutez, à l'aide d'exemples personnels, analysés avec précision, cette réflexion de l'écrivain Louis
Lavelle :
« Un livre ne doit pas nous divertir en nous promenant en des lieux du temps et de l'espace auxquels nous sommes
étrangers et d'où nous retirons notre pensée dès que la lecture est finie.
Il faut qu'il puisse émouvoir à tout instant
les parties les plus essentielles de notre nature, qu'il nous révèle des éléments de nous-mêmes que nous portons en
nous perpétuellement.»
Louis Lavelle critique ici les oeuvres littéraires dont la fonction est de nous «distraire», c'est-à-dire de nous faire
oublier notre pensée pour nous plonger dans un monde, une époque, où nous sommes étrangers.
Il introduit ainsi sa
conception de la fonction du livre : il faut que celui-ci soit le miroir du plus profond de nous-mêmes.
Le livre doit
nous émouvoir, éveiller nos «instincts» naturels, pour nous apprendre à nous connaître non seulement au plus
profond, mais également au plus vrai de nous-mêmes.
Cependant, le livre peut-il «nous promener dans des lieux du temps et de l'espace auxquels nous sommes étrangers
», nous « divertir », tout en nous émouvant et en nous apprenant à nous connaître nous-mêmes ?
Se doit-il d'être essentiellement l'éternel moyen de cultiver «nous-mêmes», et pour cela de nous plonger dans des
mondes, des situations, des époques familiers? Enfin, l'efficacité de ce catalyseur «d'émotions», de ce miroir de «
nous-mêmes », est-elle la même à tous les niveaux de l'être, à tous les niveaux sociaux ?
Si l'on prend le cas le plus simple, au niveau le plus simple, le livre peut nous «divertir» et nous «émouvoir » en
même temps, ceci étant vrai pour les enfants, et les contes.
En effet, dès l'enfance, on plonge l'enfant dans des
mondes étrangers, le monde le plus connu étant celui des princesses et des rois.
Certes, ces contes pour enfants
existent pour divertir, mais également pour émouvoir et «éduquer» l'enfant.
Ils développent «l'imagination», naturelle
chez l'homme, ils réveillent une partie de l'«inconscient de l'enfant»: le rêve, l'amour, l'ambition, l'héroïsme, et ils
introduisent l'enfant à certaines philosophies, telles que «il faut se battre pour réussir, il faut être sage, il faut aimer
son père et sa mère, il faut être bon et aider les malheureux» etc.
On peut citer les contes de Perrault, Le petit chaperon rouge, Cendrillon, ou encore des contes de Marcel Aymé,
etc.
Au niveau de l'adolescence, la jeune fille romanesque trouve son reflet dans Emma Bovary.
Or l'époque et le monde
de celle-ci diffèrent du monde du XXe siècle.
Les êtres romanesques trouveront une source de rêves dans Tristan et
Iseult, Roméo et Juliette, plus que dans les romans d'amour de notre époque où le romantisme est plus ou moins
renié.
Enfin, il est certain que notre esprit se détachera plus facilement d'un monde étranger que d'un monde connu, mais
le recul dans le temps, le changement d'époque, ne peuvent qu'être utiles à certains pour se découvrir eux-mêmes
et pour abreuver leur sensibilité.
Une époque apparaît d'ailleurs dans l'incapacité de fournir autant d'espèces de
livres qu'il y a d'espèces d'individus ; il faut donc que les «hors-siècles» puisent dans la littérature plus ancienne
pour se découvrir eux-mêmes (exemple : le romantisme).
Le XXe siècle devrait donc nous fournir tous les livres reflétant le XXe siècle et les hommes de notre époque.
Nous
avons vu cependant que ceci paraît impossible, tant l'homme change d'un être à l'autre.
Le livre doit-il rester
essentiellement un moyen de culture de «nous-mêmes »? Non.
Il ne faut pas oublier l'utilité du livre pour notre
culture générale et l'on peut admettre là que les livres «anciens» peuvent nous apprendre plus de choses.
Tout d'abord, les livres d'époques différentes de la nôtre sont souvent (quand ils sont bien écrits) de précieux
tableaux de moeurs.
Zola, par exemple, est un précieux historien.
Dans L'Assommoir ou Nana, nous avons la vie
parisienne, la scène des injustices et des révoltes sociales.
De même, les livres tels que Cléopâtre, ou les classiques
(Cinna, etc.) sont des véritables livres historiques, des tableaux de l'histoire riches et vivants.
Il n'est pas inutile
que l'homme se cultive sur ce qui a été avant lui pour qu'il puisse analyser son acheminement jusqu'à notre siècle et
pour qu'il comprenne la partie «naturelle» de lui-même.
Les livres nous offrant des vues d'autres époques, d'autres mondes, sont également très utiles pour l'être.
En effet,
si l'on prend l'exemple des Thibault de Roger Martin du Gard, la crise de l'adolescence y est éternisée par Jacques et
Antoine, la jeune fille poétique par la soeur de Jacques, l'amour spirituel par la mère d'Antoine.
Ainsi, de tous lieux,
de toutes époques, l'homme se retrouve dans ses traits les plus marquants et les plus profonds.
Dès lors, ce livre
peut «nous révéler des éléments de nous-mêmes que nous portons en nous perpétuellement, des parties
essentielles de notre nature ».
Notre pensée restera peut-être plus attachée au livre «d'actualité», qu'au livre «historique», par le simple fait que
nous serons plongés dans le même monde juste après.
Pourtant il existe des exceptions.
Le livre peut nous
émouvoir, sans nous «apprendre à nous connaître» et en nous plongeant dans un monde connu.
Je pense aux livres
qui sont «populaires» mais qui présentent le monde «des gangsters, des riches, des espions, des chefs».
Tout livre
est capable de nous émouvoir au plus profond de nous-mêmes sans pour autant nous «éduquer».
L'être et le niveau
social joueront alors un grand rôle pour approfondir la fonction du livre.
Son efficacité peut alors être discutée...
On peut revenir au cas des enfants.
Les contes de fée vont inculquer certaines philosophies.
Nous avons cité les
meilleures mais il en existe de mauvaises.
L'influence du livre sur l'enfant peut être néfaste.
Le livre peut émouvoir
l'enfant, et lui révéler une partie de lui-même, mais qui peut garantir que cette partie sera bonne? Par exemple entre
l'Ogre et le Petit Poucet, qui peut dire qu'un enfant ne préférera pas s'identifier à l'Ogre pour sa cruauté plutôt qu'au
Petit Poucet ? En effet, nous ne devons pas omettre le danger d'un livre réveillant des «instincts», des «parties
essentielles de notre nature».
Nous remettons en cause la nature de l'homme que certains désignent comme «cruel
et haineux», d'autres comme «bon» (Rousseau), d'autres comme «rêveur».
Il est certain que les instincts tels que la.
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