La justice vient-elle de Dieu ?

« INTRODUCTION Définition des termes : La justice peut être rapprochée de l'égalité, de la proportion et de l'équité.

Un compte sera dit juste dans la mesure où il ne favorise ou ne désavantage aucune des parties, elles seront considérées également.

La proportion suppose que la valeur de la rétribution soit fonction de la qualité du travail effectué, la justice est alors synonyme d'équité.

Dieu peut être considéré comme étant le créateur du monde et des hommes, il est aussi appelé tout-puissant, providence ou être suprême.

Les termes « tout-puissant » et « être suprême » souligne la différence qu'il y a entre la divinité et l'humanité.

Dieu est parfait, l'homme est imparfait.

Dieu est autosuffisant, l'homme est dépendant de son créateur.

Le terme de providence est l'expression du secours que Dieu apporte aux hommes ou l'orientation qu'il peut donner à leurs actions.

La justice comme vertu ne peut manquer à l'être parfait.

Par contre la justice humaine peut être remise en cause comme dans l'Epître de Saint Paul aux Romains « Il n'y a pas de juste, pas même un seul » (3.9).

Un autre exemple d'occurrence du juste est cette expression courante « ce n'est pas juste » généralement employée quand un évènement dramatique touche un de nos proches sans qu'il l'ait mérité (accident, maladie...).

L'injustice est alors comprise comme étant signe d'un déséquilibre, d'un désordre comme dans le cas du châtiment des innocents.

Le rapport faute/ châtiment qui est l'une des manifestations de la justice est rompu et la victime peut légitimement se plaindre et exprimer son incompréhension. Problématique : Si l'origine de la justice est divine, alors les hommes, pour être justes, doivent prendre exemple sur eux.

Mais cette imitation est-elle possible dans la mesure où les hommes et Dieu sont de nature différente ? D'autre part si justice divine il y a, elle doit se manifester ici-bas puisque Dieu est créateur de ce monde.

Or bien des injustices remettent en cause cette justice.

Mais si la théodicée (la justice de Dieu) est exclue alors doit-on en conclure que la justice est une illusion ? PLAN DETAILLE Première partie : L'origine de la justice est divine et la justice humaine ne peut en être qu'une imitation. 1.1 La remise en question de la justice humaine permet de souligner ce qu'est la véritable justice. « J'ai passé longtemps de ma vie en croyant qu'il y avait une justice ; et en cela je ne me trompais pas : car il y en a, selon que Dieu nous l'a voulu révéler.

Mais je ne le prenais pas ainsi, et c'est en quoi je me trompais ; car je croyais que notre justice était essentiellement juste, et que j'avais de quoi la connaître et en juger.

Mais je me suis trouvé tant de fois en faute de jugement droit, qu'enfin je suis entré en défiance de moi et puis des autres.

J'ai vu tous les pays et hommes changeants ; et ainsi, après bien des changements de jugement touchant la véritable justice, j'ai connu que notre nature n'était qu'un continuel changement, et je n'ai plus changé depuis ; et si je changeais, je confirmerais mon opinion.

» PASCAL, Pensées. Mais s'il n'y a de justice que divine est-elle pour autant inaccessible à l'homme ? 1.2 Les hommes prennent la justice de Dieu comme modèle. « Maintenant si le peuple vient à comprendre que nous disons la vérité sur ce point, s'irritera-t-il encore contre les philosophes, et refusera-t-il de croire avec nous qu'une cité ne sera heureuse qu'autant que le plan en aura été tracé par des artistes utilisant un modèle divin ? [...] Ensuite, je pense, parachevant fréquemment leurs regards, d'un côté sur l'essence de la justice, de la beauté, de la tempérance et des vertus de ce genre, et de l'autre sur la copie humaine qu'ils en font ; et par la combinaison et le mélange d'institutions appropriées, ils s'efforceront d'atteindre à la ressemblance de l'humanité véritable, en s'inspirant de ce modèle qu'Homère, lorsqu'il le rencontre parmi les hommes, appelle divin et semblable aux dieux.

» PLATON, République, 500. »