Aide en Philo

La justice peut-elle dépendre de l'interprétation subjective ?

Extrait du document

« La grande conquête de l'humanité est dans cette substitution de la justice à la vengeance, du Bien au Mal.

Ainsi que l'écrit Paul Ricœur, « au court-circuit de la vengeance, la justice substitue la mise à distance des protagonistes ».

La justice suppose un conflit et un tiers pour départager les intérêts qui se heurtent.

La justice est dans cette « médiation » du tiers, réputé impartial, situé à juste distance des protagonistes et qui crée la juste distance entre les protagonistes.

Le triangle est le symbole de la justice, si trois (2 + 1) est le chiffre du procès.

La justice, « ce à quoi chacun peut légitimement prétendre (en vertu du droit) », doit tendre vers « ce qui est idéalement juste », c'est-à-dire « ce qui est conforme aux exigences de l'équité et de la raison ».

Quand raison dort, justice est mal gardée, dit le proverbe.

On conçoit que la justice n'est pas la simple vengeance personnelle, la simple réaction d'un individu, d'une subjectivité face à une autre, mais dans le cadre même d'un procès n'est-ce pas toujours la subjectivité d'un juge qui donne le verdict, qui articule la loi à un fait particulier.

La vraie justice n'est-elle pas simplement une application raisonnée de la loi et non aveugle, l'œuvre d'un véritable jugement ? Aussi, il faut se demander ce qu'il faut entendre par subjectif, car d'un point la justice « objective » n'existe pas, mais en aucun cas la justice ne doit traduire le point de vue de celui qui juge.

L'indépendance de la justice est importante pour que celui qui juge n'ait pas à subir des influences extérieures. 1) les institutions de la justice, une évolution vers l'objectivité ? Dans les États modernes, la justice est un service public ; elle est donc mise en œuvre, en principe, par des juges qui ont reçu le pouvoir de juger du souverain et qui l'exercent en conformité avec la loi.

Mais il n'en a pas toujours été ainsi.

Dans les sociétés primitives d'hier et d'aujourd'hui, le respect du droit est secondaire ; l'administration de la justice (comme on le dit d'un médicament) est prise en main par ceux qui se jugent lésés, et la société se borne à exercer un certain contrôle sur des réactions qui risquent d'être plus passionnelles que raisonnables, c'est-à-dire justes.

Dès qu'il s'affirme, le prince apparaît dès lors comme un justicier : c'est là sa première fonction dans des sociétés où le problème fondamental est de faire régner la paix, ce qui suppose de faire accepter l'ordre. On conçoit au surplus fort bien que le souverain ne soit pas, par essence, un législateur.

Le droit peut être regardé comme un dépôt sacré dont il est le serviteur et qu'il n'est pas habilité à modifier : c'est la conception de l'Islam et, même dans l'ancien droit français, le droit pour les rois de changer de Droit, de prendre des édits et des ordonnances contraires aux coutumes et usages, n'a été admis qu'avec beaucoup de réserves.

La justice qui a été aboli avec la Révolution française, laissait le jugement au Prince, au noble, à la fois juge et législateur.

Finalement, ce système aboutissait à l'arbitraire du souverain qui modifiait la loi selon son bon vouloir.

Les embastillés étaient souvent des prisonniers par la volonté du prince, personnalités gênantes pour le régime.

La fin de ce système à mis fin à une justice subjective. 2) La justice est ce qui par définition doit laisser une place à l'interprétation subjective. La justice selon Aristote dans le livre V de l'Ethique à Nicomaque, consiste à donner à chacun son dû, peut être, dans la tradition platonicienne, définie par référence à un ordre mathématique : ainsi la justice distributive (à chacun selon son mérite) s'exprime-t-elle dans une proportion.

Mais Aristote n'est pas moins sensible à ce que la détermination mathématique et l'ordre juridique ont d'abstrait et de rigide par rapport à la diversité des cas particuliers.

La faiblesse de la loi, si bien faite soit-elle, est qu'elle est générale et qu'elle ne peut prévoir tous les cas.

D'où la nécessité d'une justice qui ne se laisse pas enfermer dans des formules, mais soit accueillante aux cas particuliers, et qu'Aristote appelle l'équité.

Ce qui fait la valeur de l'équitable est précisément que sa règle n'est pas droite, car ce qui est droit est rigide : « de ce qui est indéterminé [les situations particulières] la règle aussi est indéterminée » Face à la rigidité de la loi, le travail même du juge est d'adapter cette même loi aux cas particuliers, appliquer la loi d'une manière aveugle serait de l'injustice.

La justice distributive ne pourrait exister, car on n'observerait pas le mérite de chacun, les qualités, les antécédents des personnes.

La justice qui préside à la distribution des honneurs et des richesses se fonde sur une égalité proportionnelle entre les personnes et les biens, non sur une égalité arithmétique, comme dans le cas de la justice corrective.

Elle ne peut être que controversée, car la discrimination entre les personnes selon le mérite est une opération politique, l'importance accordée à la naissance, à la vertu, à la richesse différant selon les régimes.

La réciprocité qui est au principe de la justice commutative intéresse principalement les transactions économiques et les compensations justes, c'est-àdire l'échange qui ne requiert pas la présence d'un tiers, juge ou responsable politique.

Aristote, après avoir établi dans le même ouvrage que le juste est une proportion, un milieu entre les extrêmes, examine-t-il les rapports de la justice avec l'équité, pour relever que leurs caractères ne sont pas tout à fait identiques.

Ce qui est équitable étant supérieur au juste envisagé en particulier, l'équité apparaît préférable en ce qu'elle est une amélioration du juste selon la loi dont elle corrige l'imparfaite généralité.

De ce point, le juste qui doit être recherché est l'équitable, et naît d'une interprétation, d'une interprétation, d'une adaptation à un cas particulier. Conclusion. Il ne faut pas faire de contresens sur le mot « subjectif » qui peut être synonyme d'arbitraire, de caprice, et subjectif dans le sens où, à partir du moment où il y a interprétation, il y a forcément un individu.

Une justice digne de ce nom se doit pour éviter l'injustice, interpréter une situation, comprendre des individus pour rendre, ou donner des punitions en fonction d'une situation particulière. L'interprétation est ce qui permet d'éviter une application aveugle de la loi et peut aboutir à l'injustice.

Dans ce cas, la justice dépend d'une interprétation, qui émane de celui qui prononce le jugement, mais qui ne doit aller en aucun cas aller plus loin que la prise en compte de problèmes particuliers, et ne doit pas faire intervenir des intérêts politiques, financiers, religieux, ni le mode de vie ou de pensée du juge lui-même.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles